© Doc. Bernard Richebé/Vasconi
Qu’il s’agisse d’une salle de concerts polyvalente ou conçue pour des musiques spécifiques (amplifiée, acoustique, etc.), le coût demeure grandement déterminé par les exigences acoustiques… et l’ingéniosité avec laquelle celles-ci sont atteintes.
Toute salle de concerts publique est un équipement exigeant, souvent modulable, parfois transformable. La destination de l’ouvrage et la qualité acoustique recherchée orientent l’ensemble du programme, jusqu’à la forme de l’édifice, la répartition des locaux, les matériaux et revêtements et, in fine, impactent le montant global des travaux. Chaque projet, chaque problématique acoustique diffère. Dans une salle de musiques actuelles (Smac), où le son est amplifié, la conception devra privilégier une très bonne isolation, de manière à ne pas générer de nuisances sonores à l’extérieur. Le sujet sera tout autre dans un équipement requérant un type d’acoustique interne : par exemple, une salle utilisée pour la musique de conservatoire, où l’on recherchera une acoustique neutre, ou destinée à la musique acoustique, où l’on s’appliquera à donner de l’ampleur au son, à avoir une certaine réverbération. Par ailleurs, si des studios de répétition, voire d’enregistrement, sont prévus, il pourra s’avérer nécessaire d’ajouter des traitements spécifiques.
Tous ces aspects auront une incidence sur le montant des travaux, plus ou moins importante selon l’organisation du bâtiment, la proximité des locaux les uns des autres, l’utilisation simultanée des différents studios… dans ce dernier cas de figure, l’une des solutions les plus coûteuses étant le recours à une « boîte dans la boîte ».
Pour autant, comme le constate Samuel Tochon-Danguy, directeur adjoint du BET acoustique Lasa qui est intervenu pour La Belle Électrique (Grenoble), « dès lors que l’acoustique est intégrée en amont du projet et que le budget autorise des solutions en accord avec les autres problématiques du bâtiment, il est possible de trouver des systèmes optimisés ». L’effet inverse est également vrai : « Moins il y a d’ingénierie acoustique, plus l’acoustique devient un surcoût, dans la mesure où elle est traitée a posteriori comme un empilement de couches supplémentaires. »
Alternative économique et pérenne
Plusieurs chantiers montrent que grâce à un travail avec les architectes dès la phase de concours, le recours à la boîte dans la boîte et à son armada de boîtes à ressorts peut être limité, voire évité. L’implantation de la salle de concerts au cœur de l’ouvrage constitue une alternative économique et pérenne, qui offre la possibilité de réaliser une ceinture de circulations et de locaux techniques, désolidarisés structurellement et agissant comme des espaces tampons insonorisants. Dans des équipements compacts, la solution peut venir d’une combinaison de dalles très épaisses et de cloisons ponctuellement désolidarisées de la structure.
Autre poste de dépense, le traitement des façades peut, selon les projets, représenter un investissement important. Pourtant, comme le souligne l’architecte Marc Boyer, maître d’œuvre d’exécution pour La Boîte à musiques (Metz), « si la qualité acoustique d’une salle de concerts est déterminante pour assurer son aura auprès des artistes et des spectateurs, l’aspect architectural importe également ». Celui-ci assoit en effet le projet dans son environnement, concourt à développer un nouveau centre urbain ou à favoriser la requalification d’un quartier.