Les édicules techniques de la terrasse sont théâtralisés et inclus dans la conception paysagère d’ensemble. BRUNO DASSAUD, directeur de projets chez Multi Development France, maître d’ouvrage de l’opération et responsable de la mise œuvre du parc.
La conception d’un gigantesque parc urbain suspendu en centre-ville a permis d’offrir un écran végétal à l’environnement minéral. La toiture intègre des éléments techniques, comme les verrières et les gaines de ventilation.
Ville de banlieue proche de Paris, Arcueil (Val-de-Marne) possède peu d’espaces verts. C’est pour cette raison que le maire a appuyé la Sadev, aménageur de la ZAC d’Arcueil, pour créer un espace vert de 2 000 m2 accompagnant la réalisation du centre commercial de la Vache-Noire. Le promoteur retenu, Multi Development, propose alors une végétalisation complète de la toiture du centre qui représente une surface de 13 000 m2. Chargés de la conception de l’ensemble de la ZAC, les paysagistes de l’agence Ter interviennent aussi sur le jardin. Ils optent pour un ensemble lisible et visible des bâtiments situés aux alentours. Le projet comporte une contrainte majeure : l’édifice est enterré à 80 %. Ce qui nécessite un traitement spécifique des issues de secours, de la ventilation et du parking souterrain. La présence d’une forte pente de terrain dans le sens longitudinal a permis d’aménager un accès direct vers le jardin, en bordure de façade ouest. Afin d’harmoniser ce décalage de niveau et de le répercuter en toiture, un assemblage de plateaux et de pentes modèle l’ensemble du parc. D’où la création de mouvements de terrains et de chemins piétonniers qui dynamisent le jardin. Cette cinquième façade se compose d’une vaste pelouse accessible qui s’étend jusqu’en rive de toiture, jalonnée de cheminements et d’édicules. Elle juxtapose de simples allées, des chemins de montagne, des zones de repos, des terrasses et des jeux d’enfants. Sur ce terrain chahuté, les paysagistes ont joué avec la topographie « pliée » du sol, en aménageant plusieurs zones couvertes de textures végétales et réparties suivant différentes pentes, orientation et usage.
La zone centrale, traitée comme une étendue plane de 6 500 m2, est revêtue d’un gazon résistant qui permet diverses activités. La partie sud de 1 500 m2 est couverte d’un talus engazonné descendant vers les logements. La proue nord de 5 600 m2 est formée d’un pan incliné à terrasses qui s’achève sur une pente douce surplombant le jardin. L’extrémité effilée de ce balcon, revêtue d’un platelage en bois exotique, accueille quelques chaises et ménage des vues spectaculaires. Cette partie, agrémentée de quelques cerisiers et pins sylvestres, offrira bientôt un espace ombragé. Les éléments techniques (ventilations et verrières) ont été valorisés. Les ventilations du parking souterrain, sortant à l’air libre, sont dissimulées dans sept « émergences ». Ces totems, traités de deux façons différentes, ont une fonction à la fois technique et esthétique. Cinq d’entre eux sont parés de végétation. Les deux derniers, habillés de verre sérigraphié, sont éclairés le soir de l’intérieur et ressemblent à des lucioles. Afin de laisser pénétrer la lumière naturelle dans l’équipement, plusieurs puits de lumière ont été créés. Les circulations centrales sont éclairées zénithalement par deux verrières. Deux autres éclairent les extrémités. Enfin, la structure supportant le jardin se compose d’une dalle porteuse en béton armé de 30 à 40 cm d’épaisseur, recouverte d’une étanchéité multicouche qui reçoit un matériau drainant alvéolé. Ce dernier est revêtu d’un substrat en terre allégée de 30 cm d’épaisseur qui passe à 80 cm, pour accueillir les arbres.