Wavin, un des leaders européen de la conduite des fluides en PVC et filiale du groupe mexicain Mexichem, souhaite conforter sa place de leader dans les travaux publics sur le PVC et devenir un acteur incontournable dans le bâtiment. Pour ce faire, elle mise sur l’innovation avec une dizaine de brevets déposés par an par le centre de technologie et innovation dans la région de Zwolle aux Pays-Bas.
« L’innovation fait partie de notre ADN », lance Louis Lucas, directeur de territoire de Wavin France. Wavin avait en effet inventé le premier tube extrudé de gros diamètre pour l’eau potable afin de faire face à la corrosion et aux pertes d’eau en 1955, ou encore le système acoustique d’évacuation des eaux usées en 1988, la solution alvéolaire ultralégère ou le PPR à base de basalte.
Une route en plastique recyclée
Parmi les nouveautés phare et en gestation de cette année : la route en plastique recyclée que Wavin développe en partenariat avec KWS, un grand groupe de construction routière et le pétrolier Total. Cette « plastic Road », 100 % recyclée et préfabriquée, se compose de modules en plastiques de 3 mètres de long sur 1,70 m de large dont le revêtement en plastique recyclé est perméable. Les avantages sont nombreux : les modules comportent des espaces creux qui permettent de stocker l’eau en cas de fortes pluies ou de passer des câbles et des tuyaux. Légers, ils s’assemblent tel un Lego via un principe de tenon mortaise, ce qui permet un gain de temps considérable (quelques jours au lieu d’un mois) et pour une durée de vie trois fois plus longue que la route de type enrobée traditionnel. Le tout pour un coût 50 % inférieur aux routes traditionnelles. Enfin, cette route ne se corrode pas, résiste aux intempéries et peut supporter des températures entre -40 et + 80 degrés. Pour Bertrand Fougerouse, directeur marketing de Wavin, « la plastic road s’inscrit dans la lignée de l’économie circulaire, durable et à l’épreuve du temps. Le plastique, recyclable jusqu’à sept fois, peut apporter des solutions intelligentes. Son empreinte carbone est plus faible que les composants traditionnels ».
Cette « première mondiale » est déjà testée aux Pays-Bas : une piste cyclable de 30 m de long à Zwolle a été inaugurée le 11 septembre 2018 et un deuxième prototype dans la province d’Overijssel. « Cette plastic road est pour l’heure dédiée aux pistes cyclables mais pourrait être étendue aux charges plus lourdes », poursuit-il. Des capteurs sur ces routes tests permettent justement d’étudier les charges, l’adhérence du revêtement, d’améliorer le niveau sonore pour qu’il soit plus performant qu’une route traditionnelle ou de réfléchir à d’autres formes de modules, courbes par exemple, afin d’épouser les différentes routes possibles. Un produit perfectible en gestation.
Mais aussi…
Côté bâtiment, Wavin porte ses axes de R & D sur des produits faciles à poser pour faire face au manque de main-d’œuvre ; sur des exigences sanitaires évitant par exemple l’apparition de légionelles et sur l’optimisation des débits de l’eau pour faire face aux besoins croissants en eau. « L’idée maîtresse étant de garantir une gestion responsable du cycle des eaux », indique Louis Lucas. C’est ainsi qu’est lancé Tigris M5, une nouvelle gamme de raccords équipée d’un système de détection acoustique des fuites : un sifflement est émis en cas de raccord non serti lors d’une préréception à l’air. Autre nouveauté, le plancher rafraîchissant intelligent Sentio qui comprend une unité de contrôle central (UCC), des unités d’extension, des thermostats et sondes, une application mobile et un écran tactile LCD de configuration.
Allier solutions plastiques et durables dans la gestion des eaux
Le plastique n’est pas toujours fantastique dans les esprits, surtout en matière d’environnement. Pourtant, l’Europe s’est fixée comme objectif de recycler 800 000 tonnes en 2020. Un chiffre presque atteint avec 739 525 tonnes recyclées en 2018. Si l’Europe est bien avancée en matière de traitement des déchets plastiques et du recyclage, pas mal de chemin reste encore à parcourir en France. Pour Julie Gaillard, responsable des achats matières premières plastiques et recyclées, les investissements en France ne sont pas suffisants pour traiter de la question des déchets. 22 % des déchets plastiques sont recyclés en France contre plus de 40 % en suède et Norvège. « Il nous arrive parfois d’injecter de la matière vierge car nous n’avons pas assez d’approvisionnement en matière plastique recyclée », regrette Louis Lucas qui met l’accent sur l’engagement de l’entreprise dans l’économie circulaire. Le bureau R & D travaille d’ailleurs à la réutilisation des produits plastiques. Rappelons que les produits fabriqués contiennent en moyenne 45 % de matière plastique recyclée et jusqu’à 80 %, mais cela diffère en fonction des performances mécaniques et esthétiques souhaitées.