Un tissage innovant a été installé au sein de la nouvelle ambassade de France à Pékin. Composé de fibres optiques et de soie, il a été mis en œuvre sous forme de rideaux lumineux, développés conjointement par l’agence Design Percept et l’industriel Brochier Technologies.
La conception de la nouvelle ambassade de France à Pékin, bâtiment de 20 000 m² réalisé par l’architecte Alain Sarfati, est basée en grande partie sur les contrastes lumineux et formels. Modulations d’ombre et de lumière, jeux de pénombre et de contre-jour, rigueur des formes extérieures contre légèreté et fluidité des agencements intérieurs.
Pour l’aménagement du « cabinet de curiosités », petite salle à manger nichée au cœur de ce bâtiment d’envergure, Cécile Roudier, architecte d’intérieur de l’ambassade, a imaginé un espace sensoriel et intemporel, réinterprétant la lumière à travers ses huit monumentales fenêtres.
Elle a fait appel à l’agence française Design Percept, associant Clémentine Chambon, designer produit, et Françoise Mamert, designer textile/mode, pour y mettre en œuvre leur « rideau lumineux ». Composé d’un tissage de fibres optiques PMMA et de fils textiles, ce tissu technologique a été conçu à l’origine par les deux designers grâce à un programme d’aide de l’association VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement) en 2004, puis exposé au Salon du meuble à Paris et à Milan en 2005.
L’abrasion des fibres module la diffusion lumineuse
Leur présente installation au sein du cabinet de curiosités, baptisée « eight-part fugue », offre une suite de 16 rideaux surdimensionnés fonctionnant par paire devant chacune des huit fenêtres. Chaque panneau, mesurant 7 m de haut sur 120 cm de large, est un tissage entrecroisant fibres optiques souples de 0,5 mm de diamètre (en chaîne) et fils de soie (en trame). La chaîne comprend environ huit fibres optiques par centimètre, soit environ 960 fibres optiques par panneau. La trame en fils de soie offre de haut en bas un dégradé chromatique subtil, allant du blanc jusqu’au noir en passant par diverses nuances de gris, violet et indigo.
Après tissage, les rideaux ont été traités par abrasion, afin de laisser diffuser la lumière délicatement en modulant son intensité sur la longueur des fibres optiques. En harmonie avec le dégradé de couleurs, les microscopiques points lumineux créés par l’abrasion confèrent un effet de ruissellement de lumière au voilage. Les lisières verticales des rideaux sont ourlées à la main, tout comme le bas des rideaux, qui a été coupé et lesté sur place. Ils produisent une rayure de lumière « en pointillés » sur le sol, diffusée par les extrémités des fibres optiques.
Un ruissellement de lumière de 7 m
En partie haute, chaque panneau est connecté à un rail comprenant 6 leds blanches de 10 W, relié à un boîtier électrique de 220 V. Afin de diffuser la lumière, les fibres optiques y sont regroupées en faisceaux (environ 80 fibres par faisceau), chacun d’entre eux étant serré dans une gaine métallique et connecté à une led. Les rideaux sont accrochés à des rails coulissants (Silent Gliss) activables par télécommande, tout comme l’intensité de l’éclairage, qui est modulable selon quatre niveaux de 25, 50, 75 et 100 %.
Le rideau de lumière est le fruit de plus d’un an de travail mené conjointement entre les deux designers et le groupe industriel lyonnais Brochier Technologies, spécialisé en tissage de fibres optiques. Un processus de création, dont les multiples étapes (choix des fibres, mise au point du dégradé et des gammes de couleurs, essais de lumière et de transparence, simulations virtuelles, suivi d’échantillonnages avec l’équipe R&D…) ont abouti à une matière innovante, alliant la légèreté et la translucidité d’un voilage à l’effet scintillant de l’eau ruisselante.