Une architecture souple, contemporaine, valorisant une technique citée en référence. (Doc. Yves Chauvin.)
« Cousus » sous une charpente métallique, les dômes en textile architectonique de l’usine de traitement des eaux usées de Valenton 2 (Val-de-Marne) s’intègrent à leur environnement.
À terme, l’usine d’assainissement de Valenton 2 du Siaap (1) possèdera 10 réservoirs circulaires de 55 m de diamètre chacun. L’objectif de cette extension sur un site de 815 000 m2 est de doubler les capacités de traitement des eaux usées de Seine Amont, pour atteindre 600 000 m3/jour en 2005 (2). Les travaux s’échelonnent de1999 à 2005. Ce chantier est considéré comme une référence car, selon les normes européennes, toutes les usines d’épuration devront désormais être couvertes. Toutefois, cette réglementation n’impose pas une étanchéité absolue de la couverture, en autorisant quelques rejets d’air pollué vers l’extérieur.
Pour ces raisons, Yves Chauvin, architecte responsable du projet pour l’agence AFA Adrien Fainsilber et associés, a pensé utiliser une membrane souple blanche Fluotop T de Ferrari suspendue sous une structure métallique apparente de couleur rouge qui accompagne la forme circulaire de chaque bassin. L’utilisation d’une toile offre plusieurs avantages : une forme souple qui crée des jeux d’ombres et de lumières et procure des effets de translucidité en éclairages nocturnes. De plus, les fixations par laçage des différentes membranes assurent une circulation d’air servant à renouveler l’air corrosif aspiré par la centrale de traitement avant son rejet dans l’atmosphère. La mise en dépression du volume empêche toute émanation externe.
Une membrane compatible avec les rejets corrosifs
Pour vérifier la compatibilité de la membrane avec les ambiances corrosives, le Siaap a préalablement réalisé des prélèvements du matériau, tandis que Ferrari, le fabricant, faisait réaliser en laboratoire des tests d’immersion prolongée de la toile dans différentes solutions aqueuses comprenant du NH3 ou du H2SO4, de résistance à la rupture avant ou après immersion et de résistance à l’hydrolyse. Ces tests ayant confirmé l’adéquation du revêtement à l’environnement, le projet pouvait prendre forme.
Chaque bassin est ainsi couvert par un dôme et un impluvium central, avec les organes techniques à l’air libre. Pour y accéder, une passerelle « étanche » à l’air corrosif enjambe le bassin jusqu’à l’impluvium. La structure porteuse en acier est constituée de deux arcs doubles ancrés sur des plots en béton. Elle supporte trois anneaux en acier sur lesquels vont se lacer les toiles. Suspendu par des tirants en acier, l’anneau supérieur supporte le dôme extérieur et la toile de l’impluvium. Situé au niveau des plots, l’anneau inférieur assure l’arrimage du dôme. L’anneau intermédiaire supporte l’extrémité de la passerelle d’accès au centre du bassin et l’escalier extérieur qui la dessert. Aucun élément porteur en acier n’est en contact avec l’atmosphère du bassin. 3 500 m2 de toiles, composées en atelier de lés assemblés par soudure haute fréquence, habillent chaque bassin. Les 1 900 m2 du dôme extérieur se composent de 4 panneaux de 36 lès. En partie basse, une jupe de 200 m2 composée de 10 panneaux habille le laçage d’arrimage du dôme. Chaque panneau intègre deux fenêtres plastique fixées par des bandes auto-agrippantes pour faciliter la maintenance. La jupe peut ainsi être complètement soulevée afin d’assurer une ventilation maximale du bassin. Enfin, quatre panneaux composent les1 400 m2 de l’impluvium. Le coût total de la couverture – armature, toiles et pose – est estimé entre 1 et 1,27 ME HT. par bassin.