Urgentiste : une spécialisation après onze ans de reconnaissance

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Urgentiste : une spécialisation après onze ans de reconnaissance

Lorsqu’une catastrophe se produit dans le monde, les images affluent désormais de toutes parts. Elles ont pour effet et c’est une bonne chose, de sensibiliser les nantis aux besoins des populations sinistrées en soins et en nourriture. Malheureusement, au-delà de l’empathie évidente qu’elles provoquent, d’autres besoins, tout aussi essentiels, importants, vitaux, sont ignorés par le zapping de l’actualité. La nécessité d’un toit, de centres de soins fonctionnels, d’écoles, de bâtiments publics, d’infrastructures est tout aussi vitale. Or, la sécurisation, puis la reconstruction demandent du temps et ce travail se prête peu à une exploitation médiatique. Pourtant, que de travail effectué depuis onze ans par les architectes, les ingénieurs, les programmeurs et tous les autres volontaires de la Fondation Architectes de l’urgence pour assister, évaluer les dommages, sécuriser les constructions, conseiller les populations, les autorités; mais aussi reloger les populations en difficulté à la suite d’une catastrophe naturelle, technologique ou d’un conflit.

Depuis sa création, la Fondation Architectes de l’urgence est intervenue dans 25 pays, en s’atta- chant à respecter les logiques de développement durableet de mitigation des risques : en France lors de l’explosion de l’usine AZF et d’inondations, mais également à la suite de catastrophes en Indonésie, en Asie du Sud, en Afghanistan, au Tchad, au Pérou, en Colombie, en Iran… Actuellement des projets FAU sont développés en Afghanistan, au Mali, mais aussi en Haïti après le séisme de janvier 2010 et au Pakistan à la suite des inondations d’août 2010. Désormais, les appels à l’aide se multiplient pour des interventions toujours extrêmes. Des interventions qui, au-delà des connaissances professionnelles classiques, nécessitent des compétences plus spécifiques aux zones à risques, une formation permettant de faire face à des situations improbables. Par notre action, nous avons découvert que l’urgence était une notion nouvelle dans le Bâtiment. Un métier nouveau qui nécessitedonc une formation adaptée.

Les organismes amenés à intervenir à la suite de catastrophes humanitaires dans le domaine de la construction font tous le même constat : ils sont confrontés à une pénurie de spécialistes. Car au-delà de leur formation traditionnelle, les architectes, ingénieurs, chefs de projets, constructeurs de programmes de relogements, coordinateurs, doivent faire face à des situations chaotiques : routes et réseaux détruits, communication difficile ou impossible, administration inexistante, foncier non-établi, sécurité aléatoire. Dans ce climat, ils doivent mettre les populations en sécurité, faire réintégrer certains bâtiments publics, en sécuriser d’autres et, le plus vite possible, reconstruire.

Pour répondre à ce besoin en ressources humaines, la FAU a mis au point avec l’École spéciale de travaux publics, un mastère spécialisé intitulé “Urgentiste Bâtiment et infrastructures”. L’enseignement, dispensé sur une année par l’ESTP Paris, a pour objectif d’apporter les compétences et connaissances nécessaires aux ingénieurs, architectes, diplômés de l’université (urbanistes, M2…) pour la construction ou la reconstruction, à la suite de catastrophes naturelles ou de conflits.

Élaboré conjointement par la FAU et l’ESTP, le contenu pédagogique forme à l’autonomie et la survie, à la géographie (climatologie, vulcanologie, sismologie, hydrologie…), au management et la gestion de programmes, à la conception et aux matériaux, ainsi qu’au contexte international et à la sécurité. Ce programme unique au monde qui s’appuie sur des expériences professionnelles, comprend 643 heures de cours, des stages en entreprises et le soutien d’une thèse. Les débouchés professionnels sont nombreux, car au-delà de la Fondation Architectes de l’urgence, le CICR, la Croix rouge, les ONG d’urgence, l’Agence des Nations unies, le ministère des Affaires étrangères, la sécurité civile, les entreprises de BTP, des services d’État et des agences européennes ont besoin des spécialistes que nous allons former.

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