Les matières organiques, introduites dans le « digesteur », sont transformées en biogaz et en fertilisant. (Doc. Parc naturel régional des Grands-Causses.)
Cette installation, qui pourrait voir le jour en 2013, permettrait de produire 6,5 GW/h par an d’énergie renouvelable, soit la consommation énergétique annuelle de 350 foyers.
«Un groupe de onze éleveurs millavois, nous a contactés courant 2007, afin de les accompagner sur un projet de méthanisation de fumier de brebis » explique Alexandre Chevillon, chargé de mission Énergie-climat (1) au Parc naturel régional des Grands-Causses (Aveyron). Un parcours du combattant – cette longueur des procédures administratives constitue un des freins à l’extension du procédé – puisque l’unité, d’une capacité annuelle de 6,5 GW/h (soit environ l’équivalent de la consommation d’énergie de 350 foyers par an, chauffage compris) devrait voir le jour en 2013. Le projet, initié en 2008, étant actuellement dans la phase de choix du développeur ou de l’assistant à maîtrise d’ouvrage.
Une logique de développement durable
« Nous nous sommes investis, avec la chambre d’agriculture pour rédiger un cahier des charges, monter un plan de financement et recruter un bureau d’études afin d’évaluer la faisabilité », poursuit Alexandre Chevillon. Dans la pratique, cette étude qui a conclu à la validité du projet, a été menée par le bureau Christian Tschöcke (Tarn-et-Garonne) pour un coût de 31 000 3 HT, financé essentiellement par la Région Midi-Pyrénées (22 %) et le Feder (Fonds européen du développement régional), celui-ci intervenant à hauteur de 42 %. Il fallait, notamment, évaluer le pouvoir méthanogène du fumier de brebis, car il s’agit d’une matière organique sur laquelle il n’existe aucune donnée, la majorité des installations fonctionnant à partir de fumiers de porc ou de bovins.
Bonne surprise, puisque le biogaz produit renfermerait jusqu’à 70 % de méthane, alors que dans un mélange classique cette part se situe autour de 50 %. Il a fallu également étudier la localisation de l’unité, sachant que les agriculteurs, qui se situent tous dans un rayon de 5 à 6 kilomètres, ne voulaient pas sortir de ce périmètre, afin de rester dans une logique de développement durable tout en limitant les coûts de transport. Autrement dit, limiter autant que faire se peut les mouvements de camions pour apporter les matières premières, mais également récupérer le digestat produit.
Un fonctionnement en continu
Il fallait également recenser le potentiel de biomasse disponible, sachant que l’installation, une fois en service, doit être alimentée de manière continue et constante. Or, les 9 000 tonnes de fumier ovin provenantdes onze exploitations sont produites essentiellement sur une période de six mois et comme la majorité des éleveurs se positionnent en agriculture biologique, il n’était pas question de mettre n’importe quoi dans le « digesteur » (grosse cuve). Le complément de matières premières proviendra de déchets verts (1 500 t), de la cuisine centrale de Millau (240 t de déchets et 2 t d’huiles alimentaires) et de graisses issues des tanneries (300 t).
Dernier point à résoudre : la valorisation du biogaz. « Trois options étaient possibles, explique Alexandre Chevillon, à savoir la réinjection dans le réseau de gaz de la ville, la cogénération, c’est-à-dire la production combinée d’électricité et de chaleur, ou la production unique de chaleur, via la combustion totale du biogaz. » Étant donné l’absence de visibilité concernant la politique de rachat du gaz et dans la perspectivede l’installation d’une blanchisserie inter-hospitalière sur la zone d’activités des Fialets, le projet pencherait actuellement pour la technique de cogénération, l’unité de méthanisation devant précisément voir le jour sur cette zone d’activités située au barycentre des contraintes logistiques évoquées. Parmi les autres avantages de cette installation, qui représente un investissement 1,5 à 2 M3 : réduction des nuisances olfactives et possibilité d’économiser, pour les éleveurs, les coûts (5 à 10 000 3) de mise aux normes par rapport aux effluents générés.
Le fumier, qui est acheminé directement versle site de méthanisation n’a, en effet, plus à être stocké dans les exploitations..