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Une rénovation impliquant confort et économies d’énergie

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Une rénovation impliquant confort et économies d’énergie

Une mise en scène lumineuse accompagne l’aménagement des centres aquatiques, à l’instardu centre aquatique, l’Odyssée, situé à Chartres (28). (Arnaud Lombard.)

Jean Chabanne, directeur de l’agence Chabanne & Partenaires, spécialisée dans les équipements sportifs,notamment, les complexes aquatiques privés et publics

Depuis les années 70 et 80, les piscines publiques sont passées d’un lieu dédié à la natation, à un lieu polyvalent où se mêlent la relaxation, les soins, ainsi que des jeux aquatiques bruyants, tels que les toboggans, fosses à plon-­gée, pentaglisse... Pour les collectivités, cette évolution s’est avérée intéres­sante financièrement, car elles ont pu différencier leurs tarifs. Aussi, si l’apprentissage de la natation et l’entraînement sportif demeurent peu coûteux, d’autres activités ont des tarifs plus élevés.

Réglementation

À quelles exigences sont-elles soumises ?

Étonnement, les piscines collectives font l’objet d’une législation peu contraignante et ne sont pas encore concernées par la nouvelle RT. En raisonnant par l’absurde, on pourrait décider de ne pas isoler un complexe aquatique sans déroger aux textes en vigueur ! Plus que la réglementation, c’est donc le coût de fonctionnement des équipements anciens et le déficit de certaines piscines publiques qui ont incité les uns et les autres à optimiser les nouveaux ouvrages par la recherche de performances et les économies d’énergie. La conception-construction des piscines par des délégations de services publics, voire des partenariats publics-privés, s’accompagne par ailleurs de plus en plus d’une analyse globale qui implique à parité les coûts d’investissement et d’exploitation.

Environnement

Quelles sont les axes à privilégier ?

La piscine doit être un lieu de confort. Il faut avant tout mener une réflexion de bon sens, afin d’économiser à la fois de l’investissement et des dépenses de fonctionnement. Les piscines étant susceptibles de consommer beaucoup d’énergie et de vieillir prématurément en raison de leur ambiance chaude et humide. En terme de conception, il est ainsi important de privilégier des bâtiments compacts et épais, ayant le minimum de surface en contact avec l’extérieur. Il s’agit, en outre, d’inscrire les ouvrages dans leur environnement, de privilégier la qualité des matériaux, l’équilibre entre techniques nouvelles et anciennes, d’adapter les comportements... À partir du moment où l’on a une philosophie environnementale, elle touche aussi bien aux consommations d’eau, d’énergie, au bien-être, au paysage, à l’architecture… Il n’y pas de point plus fort que d’autre. C’est une chaîne de comportements à avoir sans que l’un ne prime sur l’autre. C’est l’une des raisons pour lesquelles toutes les spécialités du bâtiment sont représentées au niveau de notre agence. C’est le métissage des savoirs, avec des liens entre les savoirs plus importants que les savoirs eux-mêmes.

Conception

Faut-il prévoir des équipements spécifiques ?

Bien concevoir une piscine impose de prendre en compte une somme de détails simples, mais d’une extrême importance. Dans les douches, par exemple, il faut éviter les caniveaux avec un point bas et réaliser une sorte de noue avec plusieurs bouches d’évacuation, de sorte que lorsque l’une d’elles est bouchée, une autre prend le relais. Par ailleurs, les siphons ayant tendance à s’assécher sous l’effet de la chaleur et de la ventilation, il est important de prévoir des bondes au sol qui ne se désiphonnent pas et de les remplir avec de l’huile, plutôt que de l’eau. Les plinthes doivent avoir une hauteur minimale de 50 cm (nettoyage au jet et utilisation de machines), les portes sont à éviter ou à choisir en plastique, lorsqu’une huisserie est indispensable. Il faut, en outre, penser en permanence à l’accès des handicapés. La piscine étant un équipement collectif très utilisé par les handicapés physiques.

Gestion de l’eau

Comment gagner en qualité et faire des économies d’eau ?

La qualité de l’eau est tout d’abord une question de comportement. Les piscines qui ont aujourd’hui un règlement assez strict (bonnets de bain obligatoires et interdiction des shorts) l’ont compris. Comme les gens ne prennent pas toujours leur douche avant de rentrer dans la piscine... il suffit de créer un « tunnel douche » à l’entrée, avec un passe pour ne pas mouiller sa serviette.

En terme de traitement, des solutions performantes existent. Elles consistent à augmenter la taille des filtres, à faire circuler l’eau plus lentement et à bien dimensionner le process. Il est également possible d’utiliser d’autres médias filtrants ou de recourir à des systèmes complémentaires, comme le traitement à l’ozone. À noter que si le traitement au chlore est aujourd’hui le plus utilisé, des recherches sont en cours, notamment en Angleterre pour mettre en œuvre des solutions plus douces, inspirées de l’aquariophilie.

Améliorer le traitement de l’eau revient à réduire son renouvellement, donc la quantité rejetée aux égouts. Les eaux grises peuvent, en outre, être traitées par des procédés de lagunage permettant l’évaporation des chloramines et être recyclées à l’échelle d’une collectivité pour l’arrosage des parcs ou le nettoyage des rues.

Des économies d’eau peuvent, enfin, être réalisées en automatisant certaines fonctions, comme le contre-lavage.

Gestion de l’énergie

Comment concilier confort des usagers et économies ?

Le chauffage de l’eau est une dépense extrêmement lourde. Passer de la température d’un réseau urbain traditionnel à une température de piscine, nécessite parfois deux à trois jours de chauffage. Il est donc important de préchauffer l’eau en amont. Dans un complexe aquatique, les consommations étant constantes presque toute l’année, une production solaire ou par chaufferie bois (trois piscines sur quatre en sont équipées) est vite amortie. Il existe aussi des solutions de récupération d’énergie très efficaces qui consistent à prélever la chaleur des eaux grises, issues des douches et des renouvellements d’eau des bassins. Ayant besoin de cycles de chauffage et de rafraîchissement pour s’équilibrer, les systèmes géothermiques superficiels semblent, en revanche, peuadaptés. Enfin, le recours à ladéshumidification thermodynamique est très intéressant et devient presque systématique. Associer une piscine avec une patinoire, c’est le régal de tout thermicien,car cela revient à créer une pompe à chaleur gigantesque.

Traitement de l’air

Les solutions les plus pertinentes ?

Du fait des températures élevées requises, l’évaporation des bassins est inévitable. D’où l’importance d’une ventilation de qualité. Un chauffage rayonnant évitera la sensation de froid, tout en veillant à éliminer les sources de rayonnement froid, tels les vitrages ou les ponts thermiques.

La qualité de l’air renvoie, en outre, au traitement de l’eau, qui doit être le plus efficace possible, afin de limiter la pollution due au dégagement de chloramines.

Matériaux

Y a-t-il des solutions à privilégier ?

Les matériaux utilisés doivent avant tout résister à l’humidité. Mais cette condition conduit parfois à concilier des exigences contradictoires. Ainsi, pour réduire le bruit, qui est un réel problème dans les piscines, faut-il choisir des revêtements de murs et de plafonds à la fois très absorbants et ne craignant pas l’humidité de l’air ? Pour ce qui concerne l’isolation thermique, les produits à base de bulles de verre sont actuellement les plus performants. Malgré leur coût élevé, ils sont devenus quasiment inévitables en toitures.

Les charpentes métalliques doivent au minimum être réalisées en acier galvanisé pour résister à la corrosion. Les équipements en inox seront d’une qualité parfaite, si ce n’est qu’ils rouilleront rapidement. Quant au bois lamellé-collé, il vieillit bien dans une atmosphère humide, à condition de ne pas le soumettre à des chocs thermiques. On évitera donc de le placer sous des verrières.

Bassins

Quelles sont les innovations ?

Les bassins en inox ouvrent une voie très intéressante. Leur technique consiste, en effet,à industrialiser des éléments de grandes dimensions qui requièrent une pose très précise et permet de pallier ainsi d’éventuelles malfaçons... Qui ne connaît pas des bassins en béton qui n’ont pas les qualités requises, ouqui présentent des pertes d’eau... Il y a même eu des expériences douloureuses qui ont interdit à certaines collectivités de pratiquer des compétitions dans la mesure où les bassins n’avaient pas les dimensions demandées.

Mise aux normes

Peut-on envisager la rénovation du parc existant ?

Souvent, les piscines des années 70 nécessitent de telles transformations, qu’une rénovation coûte aussi chère qu’une construction neuve ! L’absence d’isolation, l’obsolescence du réseau hydraulique conduisent dans neuf cas sur dix à la démolition.En revanche, dans le cas de piscines plus récentes, il est courant de pratiquer des rénovations, de changer les matériaux qui ont vieilli ou d’apporter des compléments dans le traitement de l’eau ou de l’air.

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