© (Doc. D. Chatelain.)
La série de normes européennes NF EN 81 sur les ascenseurs a été enrichie en septembre 2003 par la norme NF EN 81-70, relative à l’accessibilité aux ascenseurs pour tous, y compris les personnes avec un handicap. Explications et commentaires de Roméo Constantin, ingénieur à la direction des techniques et des méthodes de Socotec.
Aujourd’hui, un ascenseur, au moins par batterie, doit être conçu conformément à cette norme. La réglementation en cours de préparation imposera, dans quelques années, que tous les ascenseurs d’un même bâtiment y soient conformes.
Les Cahiers techniques du bâtiment : Les ascenseurs des bâtiments neufs sont le plus souvent accessibles aux personnes handicapées. Pourquoi donc cette nouvelle norme ?
Roméo Constantin : La norme NF EN 81-70, applicable aux ascenseurs neufs, a été élaborée dans le cadre d’un mandat donné au CEN par la commission européenne, à l’appui des exigences essentielles de la directive ascenseurs 95/16/CE, à l’exception de quelques articles du chapitre 5. Sa publication résulte de la prise en compte des difficultés rencontrées par les personnes handicapées. Mais, dès que l’on parle d’accessibilité aux personnes handicapées, on pense au passage du fauteuil roulant. C’est effectivement un aspect important, mais on oublie alors les difficultés rencontrées par les personnes présentant d’autres handicaps que ceux liés à une mobilité réduite. En fait, l’accessibilité au sens large englobe également les conditions d’utilisation des ascenseurs. Le grand mérite de cette norme est de prendre en compte tous les types de handicaps, non seulement du point de vue de l’accessibilité proprement dite de la cabine, mais également en ce qui concerne la manœuvre des appareils. Par ailleurs, la norme a également tenu compte des personnes âgées et des personnes valides, mais momentanément gênées par des bagages ou des poussettes d’enfants, par exemple. Par conséquent, outre les exigences dimensionnelles fixées pour les différents types d’appareils, la norme prévoit tout un ensemble de dispositions pour l’aménagement des cabines, les organes de commande et les indicateurs de destination et de position.
Ctb : En dehors de la mobilité réduite, quels sont les handicaps les plus pénalisants dans l’usage des ascenseurs ?
R. C. : Il s’agit probablement des personnes malvoyantes dont le handicap fait l’objet d’une annexe spécifique (l’annexe E). En effet, dans la plupart des ascenseurs actuellement en service, les boutons de commande ne sont pas facilement repérables surtout dans les bâtiments de grande hauteur : trouver le numéro de l’étage désiré sur une platine qui comporte une ou plusieurs dizaines de boutons, ce n’est pas simple. Par ailleurs, comment ces personnes peuvent-elles savoir que l’appareil est arrivé à l’étage choisi ?
Pour la commande des appareils, l’annexe F de la norme donne les prescriptions relatives aux claviers de commande qui doivent être conçus comme les claviers de téléphone auxquels les personnes malvoyantes sont parfaitement habituées. La touche centrale du pavé numérique (le 5) est munie d’un point de repère en relief, tandis que la touche à gauche du chiffre « 0 », qui est la touche du niveau de sortie, comporte une étoile également en relief. À droite de la touche « 0 », une touche « - » permet de sélectionner les niveaux en sous-sol. L’action sur chaque touche du clavier de commande doit être accompagnée d’un signal sonore confirmant l’enregistrement de la manœuvre. La norme impose également la signalisation par message vocal de l’étage atteint.
Ctb : Existe-t-il d’autres prescriptions spécifiques à cette famille de handicaps ?
R. C. : Le choix des couleurs doit également tenir compte des handicaps de perception des couleurs. L’attention est attirée en particulier par les contrastes de tons, de couleurs et d’états de surface. Par exemple, on peut vérifier les choix chromatiques en faisant une photocopie ou une photographie en noir et blanc. Plus globalement, l’annexe B de la norme indique les catégories d’infirmités et de handicaps pris en compte (voir tableau).
Ctb : Sera-t-il aisé de vérifier que les ascenseurs respectent les prescriptions de la norme ?
R. C. : Oui, bien évidemment. D’ailleurs, la norme elle-même propose une méthode de vérification sous la forme d’un tableau récapitulatif qui liste les obligations et précise pour chacune d’elles le ou les moyens de contrôle à utiliser : examen visuel, mesure ou essai de fonctionnement.
J’ajoute que, dans l’esprit de la norme, le strict respect des conditions d’accessibilité aux personnes handicapées confère aussi aux appareils un niveau de confort accru pour les personnes valides. Tout le monde doit effectivement en retirer des avantages.
Catégorie | Nature | Caractéristiques |
Infirmités physiques | Altération de la mobilité | Déplacement :- en fauteuil roulant ;- avec canne ;- avec béquilles ;- avec déambulatoire. |
Altération de l’endurance et de la station debout. | Déplacement lent, mauvais équilibre | |
Altération de la dextérité | Membres supérieurs (bras, mains, doigts) peu mobiles | |
Infirmités sensorielles | Altération visuelle | Cécité (canne, chien-guide), malvoyance, daltonisme |
Altération auditive | Surdité, déficience auditive | |
Altération de l’expression orale | Difficultés d’élocution | |
Infirmité mentale | Altération intellectuelle | Compréhension réduite des commandes |