Une maison en bois qui suit la course du soleil

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Une maison en bois qui suit la course du soleil

Huit ans après sa construction, l’habitation en bois rotative prénommée « Domespace harmonique 7,20 » située à La Flèche reste très économe en énergie. Et hormis quelques marques du temps sur le bois, cette dernière vieillit très bien.

PROGRAMME La première rotation en sept mois

Depuis huit ans, cette maison circulaire nichée sur le versant d’une colline au sud de La Flèche (72), tourne au gré des envies de ses occupants en répondant au souhait de son propriétaire. Construite en 2004, réalisée à 97 % en bois, elle a fait face à l’épreuve du temps, aux variations de température, à l’humidité et la sécheresse, aux intempéries ou au vent violent.
Le concepteur est une petite entreprise quimpéroise qui a créé ce modèle éponyme baptisé « Domespace » en 1990. Il a été diffusé en prêt à poser ou en construction classique à plus de 200 exemplaires en France et à l’étranger. La forme en dôme est déposée à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Elle est déclinée en plusieurs modèles de 5,38 m à 12,4 m de rayon.
Le « Domespace harmonique 7,20 » installé à La Flèche est standard. La coque avec parement intérieur est en épicéa massif. Le parement inférieur est en platelage de mélèze. Sur la structure, un bardeau en cèdre rouge du Canada de première qualité est fixé par clouage inox sur liteaux et contre-liteaux. L’isolation est assurée par une couche de liège en granulé de 18 à 28 cm dans les parties supérieure et inférieure. La maison repose sur une couronne métallique fixe de 3,20 m de diamètre qui tourne sur une seconde couronne fixe, via un roulement à bille. L’ensemble est supporté par une dalle béton à base carrée de 4 m de côté et de 50 cm de hauteur coulée sur des pieux porteurs. L’entraînement du dôme est assuré par un engrenage à chaîne et pignons mis en mouvement par un moto-réducteur électrique commandé à distance. Trois personnes poussant avec un bras de levier, en périphérie et tangentiellement à la maison, peuvent la faire tourner. Des raccords souples passent dans l’axe central de la maison et assurent les alimentations et les évacuations lors de la rotation qui n’excède pas 320°. La structure a été édifiée en deux mois. Avec les aménagements intérieurs, cloisons, huisserie, plomberie, électricité, réalisés par des entreprises locales, les travaux ont duré sept mois sous la houlette d’un architecte indépendant.

ÉTAT DES LIEUX Un plan circulaire sans couloirs

« Harmonieuse et très agréable à vivre », ce sont les premiers qualificatifs qui viennent à la bouche du propriétaire de cette habitation. Huit ans après, elle tourne comme au premier jour, d’une simple pression sur la télécommande.
Côté isolation, deux petits climatiseurs réversibles suffisent à assurer un chauffage douillet en hiver et à produire de la fraîcheur l’été. La mise en tem- pérature est quasiment immédiate. Le poêle central à bois, séparé du sol parqueté par un panneau verrier, est utilisé pour « donner un coup de chauffe » et animer le séjour.
Avec le temps, la toiture a pris un aspect gris foncé, un peu triste. Elle n’a pas été lasurée à l’origine et a perdu sa coloration miel orangé des premiers temps. Du reste, le propriétaire l’envisage aujourd’hui. Le bardeau résiste parfaitement aux variations climatiques. Un peu de mousse s’est infiltrée, sans aucun dommage pour la structure. Il suffirait de l’ôter avec un nettoyeur à haute pression.
À l’intérieur, les deux niveaux habitables sont distribués en plan circulaire. Les bordures inclinées ont été astucieusement utilisées pour installer des coffres et des rangements. Au niveau principal, une entrée distribuant un placard et des toilettes, deux chambres indépendantes, une salle de bains et la cuisine rayonnent vers le séjour. Ce qui frappe : il n’y a pas de couloir avec un tel plan en étoile. À l’étage, une chambre avec un cabinet de toilette où trône le chauffe-eau de la maison et un salon en mezzanine avec un canapé-lit d’appoint, donnent sur le séjour en contrebas.
L’inclinaison de la voûte limite l’espace habitable au-dessus du 1,80 m réglementaire. Ici, il n’a pas été possible d’installer une douche parfaitement étanche après la construction, indique le propriétaire qui redoute les projections d’eau. Il regrette de ne pas y avoir pensé à l’origine.
La mise en rotation provoque quelques petits craquements. Des portes ne ferment plus. Le bois a joué, comme dans toutes les maisons en bois. C’est aussi ce qui explique l’apparition d’une gîte, imperceptible, mais suffisante pour être démontrée par le test de la bille sur le plancher. Sans incidence sur le confort des habitants, le constructeur a néanmoins préféré intervenir afin de stabiliser l’ensemble. Il a aussi changé une latte de soubassement qui avait fendu.
Une trappe, située dans l’entrée, donne accès à un sous-sol incliné, avec 90 cm de hauteur à son maximum. Ici sont concentrés tous les réseaux : alimentation en eau, évacuations, électricité, courants faibles, VMC, qui se déroulent dans un enchevêtrement de canalisations et de raccords flexibles qui se rejoignent au centre, afin de laisser la liberté rotative de la maison.
Le soubassement extérieur est facilement accessible. Le moteur et la chaîne d’entraînement sont en bon état. Un lit d’écorce d’épicéa évite la prolifération de végétaux indésirables qui pourraient gripper le système de rotation.

BILAN Une norme pour éviter le cintrage

Le Domespace est une maison comme les autres. En témoigne la prime d’assurance qui n’est pas plus élevée que celle d’une maison traditionnelle. Sa construction et son entretien seraient même moindres.
L’isolation est optimale, la forme en dôme et le plan intérieur favorisant les circulations d’air, le chauffage ou la climatisation sont peu onéreux. La toiture en Red Cedar, garantie 40 ans, ne nécessite aucune attention particulière. Son lasurage peut être opéré à tout moment, après avoir passé un nettoyeur à haute pression sur les bardeaux. Le prix de cette opération peut toutefois être élevé.
Le moteur et la chaîne d’entraînement sont peu sollicités, ils n’ont même pas besoin de graissage. Le terrassement, limité au socle de 4 m de côtés, représente une grosse économie en préparation du terrain et en maçonnerie. Le confort, enfin, est optimal selon le propriétaire.
La charpente joue et vit selon la température, l’humidité. Craquements, fluages, cintrages sont rares, mais existent dans toutes les maisons bois, surtout construites en bois massif. Cette souplesse nécessite parfois d’intervenir pour consolider la charpente. Cela doit rester exceptionnel.
Pour éviter la gîte qui s’est produite, le profil des arches de support a été transformé en éléments remplis, donc plus rigides. Mais surtout, confie Patrick Marsilli, le concepteur : « Pour éviter les déformations, il faut faire en sorte que le bois soit travaillé dans l’humidité où il va vivre. Du reste, la recommandation figure clairement depuis 2005 dans l’Eurocode 5, la norme européenne de conception, de dimensionnement et de justification des structures en bois. La solution est alors notamment de protéger la structure lors du chantier ».
D’ailleurs, depuis 2006, date à laquelle Domespace applique à la lettre cette norme, la société n’a observé aucun trouble sur les structures. H.d’E.

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