Le ravalement a été fait avec une peinture du norvégien Jotun, fournis-seur de la tour Eiffel à Paris. Elle a redonné des couleurs à la façade. Depuis, aucune humidité, mousse ou dégradation n’a altéré le bardage. (Doc. H.d’E.) Trois ans après la livraison, le bardage en pin autoclave avait pris un aspect râpeux et a changé de couleur. Il a quitté sa teinte beige naturel d’origine (photo) pour prendre une teinte gris sale. (Doc. François Chalverat.)
Ossature bois, chauffe-eau solaire, géothermie de surface, pompe à chaleur gaz/air, VMC double flux, récupération des eaux de pluies… équipent cette maison normande qui, en 2005, était l’une des premières conçues et réalisées selon la RT 2005.
1 PROGRAMME En avance sur les normes thermiques
Réduire la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre : l’objectif de la Réglementation thermique 2005 s’est appliqué du 1
Construite en 2005 à Varengeville-sur-Mer (76), cette maison individuelle devance la réglementation en gestation à l’époque. C’est l’une des premières à avoir été conçue et réalisée selon ce qui allait devenir la RT 2005, un référentiel emblématique de cette époque. Le projet était de construire rapidement une maison à faible coût d’entretien, à consommation énergétique réduite, ayant peu d’inertie thermique. Le principe de l’ossature bois (traditionnelle dans la région sous forme de pans de bois) est immédiatement retenu par le client. Le marché est remporté par une entreprise locale, Isobois Constructions, en concurrence à l’époque avec des spécialistes canadiens. L’implantation, sur un terrain de 4 400 m² en faible pente avec un vide sanitaire adapté pour rattraper le dénivelé, est un atout pour l’architecte. Cela facilite l’implantation des équipements et l’écoulement des eaux par simple ruissellement gravitaire. Le choix de matériaux adaptés et écologiques, avec une structure en pin autoclave doublée de laine de roche et couverte d’un parement à clin, dans laquelle les planches se recouvrent à la manière d’ardoises, assure le confort d’une isolation performante. Une Pac gaz/air à géothermie de surface, alimentant un plancher chauffant coulé dans la dalle du rez-de-chaussée et des convecteurs à l’étage, doit assurer un chauffage hivernal satisfaisant. Des capteurs solaires, montés en toiture et orientés plein sud, produiront l’Eau chaude sanitaire (ECS) à travers un échangeur à plaque.
Pour cette maison, habitée toute l’année, l’objectif est clairement environnemental : une enveloppe isolante et légère, un entretien maîtrisé, une consommation énergétique réduite et peu d’inertie thermique. Les travaux ont été réalisés dans les temps et le cahier des charges respecté.
2 ÉTAT DES LIEUX Manque de maturité des panneaux solaires
Sept ans après, la maison a bien vieilli. Son architecture reprend l’aspect typique des constructions en bois d’Amérique du Nord. Une grande terrasse dessert les pièces à vivre (séjour, salle à manger, cuisine) et fait un lien végétal vers le jardin en contrebas. Plusieurs oriels (bow-windows) et des fenêtres à double ouverture habillent la façade, aujourd’hui noyée dans la vigoureuse végétation normande. Il y a beaucoup de décrochés, des fenêtres et des toits en avancée, le tout a été conçu et réalisé sur mesure. C’est la preuve que la construction en bois se prête à tous les types d’architecture.
Le bardage, réalisé en pin traité autoclave, a très rapidement changé de couleur. Il a viré au gris sale en trois ans. Une réfection complète de façade est alors devenue nécessaire. Elle a été réalisée à raison de deux couches de peinture (Jotun), passées au rouleau après un lissage et une couche d’accrochage sur le support initial.
Côté chauffage, la géothermie et la Pac sont toujours opérationnelles. Leur entretien, peu coûteux, est conduit annuellement par l’installateur qui vérifie la pression du gaz calorifuge, contrôle les pièces d’usure, surveille l’absence de fuite dans le réseau enterré et sur l’échangeur. L’économie en combustible et en entretien est réelle. Le chauffage fonctionnant huit à neuf mois par an, est mis en route dès le mois de septembre et arrêté fin mai courant juin. Les seuls problèmes rencontrés sont quelques fuites d’eau au niveau des répartiteurs et le fonctionnement brutal des électrovannes qui régulent les débits de circulation dans les pièces dotées d’un thermostat. Dans la pratique, elles ne fonctionnent qu’en ouverture/fermeture, sans aucune finesse de réglage.
À l’inverse, les panneaux solaires ne donnent pas satisfaction. Les performances attendues pour la production d’Eau chaude sanitaire (ECS) en région normande, n’ont jamais été au rendez-vous. Opérationnels réellement pendant les quatre mois d’été, les panneaux ont fourni un apport énergétique trop parcellaire, voire nul en hiver. Leur coût, 4 000 euros, n’a même pas été amorti au dixième en six ans. Trop fragiles, avec un rendement nettement faible en hiver, ils ont été débranchés en 2011. Viessmann, le constructeur, n’a pu remplacer certains composants devenus défectueux, car il a rapidement abandonné ce type de modèle. Seule solution : changer tout le système en installant de nouveaux panneaux de taille différente, qui de surcroît, ne s’intégraient plus dans la toiture existante. Un coût onéreux, une durée de vie aléatoire et une installation complexe, ces trois arguments ont signé l’arrêt définitif de l’équipement.
Depuis, la production d’ECS repose uniquement sur le ballon solaire spécial, un équipement bien plus coûteux à l’usage qu’un chauffe-eau classique. Ainsi, le changement de la résistance atteint les 800 E, le prix d’un équipement normal entier !
La Ventilation mécanique contrôlée (VMC), enfin, donne toute satisfaction. Elle fonctionne à double flux : en sortant, l’air chaud de l’intérieur réchauffe l’air froid entrant. Ici, l’effet sur l’économie est simple et se voit immédiatement.
3 BILAN Une maison qui joue sa partition
Le succès de la maison à ossature bois en Normandie est mérité. Construite en seulement huit mois et après sept ans à l’épreuve d’hivers humides et d’étés secs, celle-ci a clairement atteint les objectifs assignés. Pendant les premières années, la consommation énergétique n’a pas dépassé 50 kWh/m²/an pour le chauffage, la ventilation, l’eau chaude sanitaire, les auxiliaires de chauffage et l’éclairage, calculé selon la méthode de la RT 2005. À noter, en revanche que, depuis 2011, la dépense électrique a un peu augmenté en raison de la mise à l’arrêt des panneaux d’eau chaude sanitaire.
Cela témoigne de la faible maturité des capteurs conçus au début des années 2000. Sous cet angle, le bilan est nettement négatif : la fragilité de l’équipement solaire limite sa durée de vie. Son installation est délicate, l’entretien réclame une attention particulière, et les réparations sont onéreuses.
Ce n’est pas le cas du chauffage par géothermie qui reste entièrement assuré par la pompe à chaleur gaz/eau. Cet équipement fonctionne parfaitement, même lors des hivers rigoureux. Le plancher chauffant du rez-de-chaussée, réalisé en tube PER, et les sept radiateurs à l’étage (cinq convecteurs en panneaux acier, deux sèche-serviettes) n’ont pas bougé. Ils assurent une température intérieure constante de 19 à 22 °C selon les saisons.
Au fil du temps, surtout la première année, plusieurs petits désordres dus au séchage du bois se sont produits. De grosses poutres ont joué, certaines se sont profondément fendues. Avec le temps, les industriels français ont amélioré leurs connaissances pour ce type de construction et maîtrisent le séchage du bois. Dans les pays du Nord, leurs homologues y sont habitués et conçoivent leurs bâtiments en permettant à ce matériau vivant de jouer, de se dilater et de se rétracter au rythme des saisons.