La technique par pulvérisation permet de traiter préventivement les grandes pièces de bois et curativement les charpentes déjà posées.
© (Doc. Ctba.)
Les traitements préventifs insecticides et fongicides sur les charpentes industrialisées respectent de mieux en mieux l’environnement, tout en demeurant aussi efficaces et durables.
Le bois est un matériau esthétique, naturel et renouvelable qui possède de nombreux atouts : il est léger, résistant, durable, bon isolant phonique et thermique, facile d’utilisation, etc. Vivant, il est aussi sensible à diverses pathologies biologiques issues du développement possible d’intrus comme les insectes à larves xylophages, les termites ou les champignons lignivores. Ces divers parasites, dangers potentiels de dégradation, vont prospérer en fonction des conditions climatiques et géographiques propres à chaque zone d’implantation de l’ouvrage à réaliser. Le risque majeur de pourriture du bois repose en fait sur le degré variable d’humidité qu’il est susceptible d’absorber. Un traitement préventif doit donc être appliqué à la plupart des essences afin d’en garantir la pérennité. Chaque type de bois employé doit répondre à deux normes : d’une part, la norme européenne EN 335 relative aux cinq classes de risques biologiques et, d’autre part, la norme EN 350 sur la durabilité naturelle et l’imprégnabilité des différentes essences. Cette dernière ne dépassant pas 10 à 15 mm, à quelques exceptions près. Parmi le classement en cinq catégories d’emploi du bois, la classe 2 concerne les « bois placés en intérieur mais ayant été soumis à un risque d’humidité » inférieur à 20 %, qui s’applique plus particulièrement aux charpentes et aux éléments de toiture. Bien que les risques d’attaques soient moindres, ils doivent néammoins faire l’objet d’un traitement préventif.
Pas de pollution avec les produits hydrodispersables
Dans les zones sans termites, le cœur des essences de bois naturellement durables (de pins, de douglas, de chêne ou de mélèze) peut être employé en l’état à partir du moment où le bois est très sec. Les bois avec aubier, partie tendre et blanchâtre entre bois dur et écorce, doivent être traités, car ils se révèlent fragiles et non durables. Plus généralement, une charpente à l’abri des intempéries n’a besoin que d’un traitement insecticide de surface. En revanche, un bois soumis à l’humidité sera vite sensible au pourrissement provoqué par les champignons lignivores et également par les insectes. D’où la nécessité d’un double traitement fongicide-insecticide en profondeur.
Deux familles de produits sont utilisées, les produits à base de solvants et en phase aqueuse. Les premiers à base de solvants pétroliers, prêts à l’emploi, sont de moins en moins utilisés depuis l’apparition de la directive européenne dite COV (Composés organo-volatils) qui tente de limiter leur application. En revanche, les produits concentrés, dilués dans l’eau et appelés « hydrodispersables », sont propres et sans odeur. Ne présentant pas d’incidence sur la santé, ils sont utilisés très majoritairement en France. D’après Eric Heisel, chargé de la gestion et de la recherche des produits au Ctba (Centre technique du bois et de l’ameublement), il existe environ une quarantaine de ces produits industriels, utilisés couramment pour traiter les charpentes. De formulation spécifique et variable, ils portent la référence MQ-Cert/03-115 et sont répertoriés sur le site Internet du Ctba (1). La liste est mise à jour tous les trois mois.
Des traitements pour tout type de charpente
Les petites pièces de bois, (fermes ou de fermettes des charpentes industrialisées, assemblage de petites pièces) sont traitées par trempage dans de grands bacs contenant ces produits. Cette technique, qui immerge totalement les éléments, permet de bien les imprégner du produit, mais ne peut être pratiquée que par des entreprises spécialisées et agréées, équipées d’un matériel spécifique. Le traitement par pulvérisation de surface, plus rare, n’est mis en œuvre que pour des cas particuliers et sera plutôt employé par de plus petites entreprises, moins bien équipées.
Les charpentes en lamellé-collé, constituées d’éléments en bois de grande dimension, sont assujetties à d’autres prescriptions. Tout d’abord, un produit spécial antitermites est étendu soigneusement par badigeonnage, sur toutes les surfaces de bois. Puis, on applique une lasure contenant un insecticide (notamment, contre les capricornes et les vrillettes) réalisant la protection et la finition décorative. Cette lasure est apposée manuellement par badigeonnage à l’aide de pinceaux, brosses ou rouleaux, ou par aspersion par jet à basse pression, afin d’éviter toute éclaboussure. Le produit mis en œuvre peut être en phase solvant ou hydrodispersable, au choix de l’entreprise. Ce traitement de finition de surface, à la durée de vie limitée, demande un entretien régulier contraignant, alors que la préservation par trempage protège le bois durablement.
En matière de tenue au feu, aucune norme ou traitement spécifique des charpentes n’existent réellement. La démarche d’approche, comme l’expose Bernard Hognon, chargé des études réglementaires du traitement de réaction au feu au Cstb repose sur « deux notions, de résistance et de réaction au feu ». Pour assurer la résistance au feu, il s’agit de déterminer la durée de stabilité au feu des composants en bois afin de les dimensionner correctement.
Dans les ERP, 1/2 h de stabilité au feu
La norme NF P 92-703 des règles bois feu 88 fixe une méthode de calcul pour la résistance au feu des éléments de structure en bois. Les charpentes doivent présenter une stabilité au feu d’au moins 1/2 h, surtout dans les bâtiments recevant du public. Puisque c’est la partie de l’édifice qui résiste le mieux, plus les éléments en bois seront épais et plus la charpente résistera aux assauts des flammes. Une charpente en bois massif va rester en place très longtemps, même lorsque le reste des composants de l’ouvrage est incandescent. En revanche, les fermettes, constituées de fines pièces de bois assemblées, résisteront difficilement au feu et s’écrouleront assez rapidement. La charpente en bois n’est pas directement concernée par le traitement de réaction au feu. Dans un bâtiment, l’ignifugation des éléments qui doit les rendre incombustibles, porte notamment sur les revêtements intérieurs des parois des locaux pour ralentir la progression du feu ou pour en retarder au maximum l’inflammation.