Le système compte un « vecteur aérien », l’objet volant qui pèse ici 3 kg pour une envergure de 1,3 m, et une « station sol » qui permet un pilotage précis et collecte les données. La croix blanche dessinée au sol constitue une référence spatiale pour le drone. Chaque point de l’image 3D est géoréférencé et servira de base de travail pour établir les métrés.
© Doc. RedBird
L’ancienne filature de laine de Desurmont, à Tourcoing (Nord), a fait l’objet d’une analyse topographique minutieuse au moyen d’un drone. Une journée de prise de vues pour 20 000 m2.
«Il n’était pas envisageable, pour des raisons de sécurité et d’accessibilité des façades, de faire appel à une prestation traditionnelle de géomètre », explique Carine Lauquier, chargée d’opérations à l’établissement public foncier du Nord-Pas-de-Calais (EPF NPDC). Le drone s’est donc révélé un outil précieux pour l’analyse du bâtiment principal, dit « cathédrale », de l’ancienne filature de laine de Desurmont, situé sur la commune de Tourcoing (Nord). Comptant trois tours, six niveaux, dont cinq avec des plateaux de 3 000 m2, le bâtiment cathédrale est classé en zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) ; son évolution est soumise à l’avis des architectes des bâtiments de France. « Le terrain, de 20 000 m2, est bâti sur 18 000 m2, détaille Carine Lauquier. Le bâtiment est donc enchâssé dans des constructions mitoyennes qui, elles, ne sont pas protégées mais compliquent l’accès aux façades. De plus, la détérioration du bâti pose des problèmes de sécurité. » Dans le cadre de sa mission de mise en sécurité de la friche et de mise hors d’eau et hors d’air du bâtiment principal, l’EPF NPDC a donc choisi de faire appel à l’entreprise RedBird, pour la fourniture d’un modèle numérique 3D (dans un repère x-y-z) colorisé du site et d’une orthophotographie des 750 m linéaires des façades du bâtiment protégé. Façades qui atteignent jusqu’à 25 m de haut. « Ces documents, dont la précision de géoréférencement de chaque point est de l’ordre de 4 cm, devraient nous permettre d’obtenir des estimations de coût très précises lors du futur appel d’offres », justifie Carine Lauquier.
Pour réaliser les 1 937 photos nécessaires à la modélisation du site, RedBird a utilisé un drone (Novadem U130) équipé d’un appareil photo (Sony RX 100 II) doté d’un capteur de 20,2 mégapixels qui prenait une image tout les 1,5 s. « Le drone embarque aussi un GPS à correction différentiel et une centrale inertielle qui permet, pour chaque image, de connaître précisément le géoréférencement et l’angle de prise de vue, indique Benjamin Hugonet, cofondateur et directeur commercial de la société RedBird. La réglementation impose deux personnes au sol, dont une ayant la qualité de pilote.
Durée de la prise de vues : une journée. Un temps très court qui ne doit pas tromper sur la durée réelle de l’opération. Le traitement des données a ainsi pris deux semaines et requis les compétences d’un ingénieur en photogrammétrie. Chaque point du relevé est présent sur au moins deux images prises avec deux angles différents. Une opération d’aérotriangulation en détermine alors les coordonnées. Au final, RedBird a fourni à l’EPF NPDC un modèle en 3D texturé (c’est-à-dire colorisé) de 300 000 facettes. « Nous pouvons aller jusqu’à la vectorisation du modèle afin qu’il puisse être directement utilisable dans les logiciels de CAO », souligne Benjamin Hugonet. Une prestation qui viendrait s’ajouter aux 10 000 euros environ réglés par l’EPF NPDC.