© (Docs. Sarah Market.)
La conception technique de ce bâtiment situé à Besançon, associe une structure en maçonnerie de béton banché invisible et une enveloppe valorisant les performances et les qualités esthétiques des filières sèches du bois, du verre et du métal.
En 2006, trois collectivités – la Ville de Besançon,la Communauté d’agglomération du Grand-Besançon et le conseil régional de Franche-Comté – se sont constituées en groupement de commandes. Le but : engager une opération de reconquêteurbaine d’une friche portuaire le long du Doubs, au pied de la citadelle de Vauban. Témoin de l’histoire du lieu, un ancien bâtiment de stockage en briques a été conservé et aménagé en galerie d’exposition. Un projet confié à Kengo Kuma & Associés et Archidev Architectes.
Au cœur de ce nouveau quartier, la Cité des arts réunit sous un même toit le Frac (Fond régional d’art contemporain) à l’ouest, et le CCR (Conservatoire à rayonnementrégional) à l’est. Entre les deux, le « Passage des arts », fenêtre ouverte sur la ville et le Doubs, crée une transition urbaine, espace de rencontre, .
Les proportions atypiques du bâtiment : 185 m de longueur et seulement 35 m de largeur s’expliquent par l’étroitesse de la parcelle. La hauteur limitée (15 m pour le neuf) préserve des vues sur le Doubs depuis les collines au sud. En raison de cette localisation en contrebas, la couverture a été traitée comme une « cinquième façade paysagère ».
Son « design » est d’autant plus sophistiqué que le toit symbolise la convivialité dans la culture japonaise. Autre signe des préoccupations de l’architecte Kengo Kuma, le choix du mélèze comme matériau emblématique des façades, qui lui a été inspiré par la présence de forêts de cette essence dans l’environnement proche du projet.
Le principal matériau structurel de ce bâtiment est le béton banché (20 cm d’épaisseur) des façades et refends du rez-de-chaussée et du premier étage. Le second niveau en attique à R 2 est lui en panneaux à ossature bois. Au-dessus, et bien visible, l’immense charpente (185 x 35 m) de la Cité des arts est en lamellé-colléd’épicéa. Elle se compose d’une structure principale de poutres transversales (de 990 mm d’épaisseur) disposées tous les 5 m, et de poutres longitudinales en épicéa (60 x 150 mm).
À l’endroit du Passage des arts et des porte-à-faux périphériques, les poutres principales reposent sur des colonnes en acier d’une hauteur pouvant dépasser 12 m. L’acier et l’aluminium sont également présents dans plusieurs systèmes de fixation de bardage ou de parements intérieurs, ainsi qu’en façade et en couverture.
En accord avec les engagements environnementaux de la Ville et de la Région, la Cité des arts de Besançon est le premier bâtiment culturel de cette envergure inscrit dans une démarche HQE et une certification BBC-Effinergie. Outre une enveloppe bien isolée et quelque 1 300 m² de panneaux photovoltaïques, le bâtiment se distingue, entre autres, par une Pac réversible utilisant la nappe phréatique du Doubs, une ventilation naturelle avec détection de CO2 dans les petits espaces, une épuration et ré-oxygénation des eaux de pluies. Symbole de l’harmonie recherchée entre nature et culture, un microjardin de 250 m², aménagé dans un creux de la façade nord du conservatoire (face au Doubs), est encadré d’une coursive pouvant accueillir une dizaine de musiciens. Jean-Pierre Ménard