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Une concertation avec les riverains au cœur du projet

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Éclairage piétonnier fonctionnel, ambiances, sécurité, mise en valeur du végétal… Autant de thèmes auxquels l’éclairage doit répondre. Les choix résultent de plus en plus d’un travail de concertation entre bailleurs sociaux, associations de riverains, services techniques de la ville et concepteurs lumière.

Après les schémas directeurs d’aménagement lumière et les Plans lumière qui, depuis une vingtaine d’années ont redonné vie à de nombreux quartiers en améliorant l’éclairage urbain, les services techniques des villes et les bailleurs sociaux s’attachent de plus en plus aujourd’hui à requalifier les aménagements paysagers, voire à les créer, avec un accompagnement lumineux approprié.

Dans son ouvrage « Les éclairages des villes, vers un urbanisme nocturne » (Éditions inFolio, Collection Archigraphy Poche) Roger Narboni, concepteur lumière, Agence Concepto, explique qu’« il n’est pas nécessaire de continuer à éclairer des lieux non-utilisés, ni de maintenir de forts niveaux d’éclairement toute la nuit, lorsque les espaces sont peu fréquentés. Nous devons passer (…) à une stratégie d’éclairage ciblée et interactive, proche des usagers et de leurs besoins ». En effet, nous nous éloignons de la surenchère d’éclairages urbains qui illuminaient les moindres façades ou petits coins de verdure. Lorsque Roger Narboni a élaboré la mise en lumière du Parc Gramont à Rouen (76), situé à l’extrémité d’un quartier d’habitat social longtemps défavorisé, sa volonté était de créer des repères nocturnes visibles dans le quartier et des ambiances lumineuses agréables ou surprenantes, et non d’éclairer la totalité du parc.

Une lumière évolutive

Ainsi, certaines zones sont éclairées, tandis que d’autres demeurent dans la pénombre. De plus, dans le souci de favoriser un développement durable du site, la consommation énergétique totale a été maîtrisée avec l’utilisation de lampes à haut rendement énergétique (lampes à décharge aux iodures métalliques) ou à faible consommation électrique (lampes fluorescentes, diodes électroluminescentes).
Certaines allées du parc sont éclairées par un système de mâts piétonniers équipés d’un couple de projecteurs orientables dotés de lampes aux iodures métalliques 70 W, 3 000 K, IRC80, implantés de manière discrète dans l’axe d’alignement des arbres. Selon la zone d’implantation, la hauteur de ces mâts diffère. Le vélum lumineux créé suit ainsi la topographie globale du parc : il s’élève progressivement depuis l’édifice de la médiathèque vers les buttes et la promenade en belvédère où sont situés les deux grands mâts lumineux qui dominent le paysage.
Un système de portiques équipés de luminaires linéaires diffusants, à lampes fluorescentes 58 W et gaines colorées, s’inscrit graphiquement dans le paysage nocturne en deux endroits du parc. De loin, cet ensemble de traits colorés horizontaux joue, par contraste, avec la verticalité des grands mâts. De près, au niveau des espaces de lecture et de pique-nique situés sur le côté de l’allée du mail, ce système compose de véritables saynètes, de petits salons nocturnes à ciel ouvert. De l’autre côté de la plaine, au-dessus des aires de jeux, les luminaires sur portiques apportent une dimension festive et signalent l’espace dédié aux jeux d’enfants.
Le projet d’éclairage a fait l’objet en amont d’un travail pédagogique et de concertation auprès des enfants des écoles maternelles et primaires du quartier. Après un cycle de conférences sur le paysage nocturne et l’univers des parcs à la nuit tombée, les enfants, accompagnés par leurs instituteurs, ont pu exprimer par le dessin leur imaginaire lumineux et nocturne sur ce thème.

Des éclairages durables

La concertation est un des points clés de la réussite et de la durabilité de la mise en lumière des espaces publics dans les quartiers à habitat social. L’exemple de la Résidence des Groux à Fresnes (94) en est une parfaite illustration.
En 2003, la Semidep, société d’économie mixte, soucieuse de développer un habitat social de qualité et respectueux de l’environnement, confie à l’architecte Jean-François Parent, la maîtrise d’œuvre de la rénovation des aménagements extérieurs d’un quartier regroupant 200 logements sociaux. Celui-ci insiste alors auprès du maître d’ouvrage pour qu’une « requalification lumière » d’ensemble soit menée, qu’elle s’appuie particulièrement sur le végétal très présent, et enfin, que le budget alloué à la première année des travaux soit consacré majoritairement à l’éclairage, afin que son impact soit effectif, plutôt que de pratiquer un saupoudrage d’investissements diffus. Il fait appel au concepteur lumière Marc Dumas qui, en préalable à toute étude, propose une séance d’essais d’éclairage avec les résidents : « Une expérience sensorielle qui donne à voir la lumière, précise-t-il. Aujourd’hui, les habitudes sont prises et il est presque systématique de travailler en concertation avec les habitants, les associations de quartier, les gardiens d’immeubles, mais il y a dix ans, on pensait surtout produits antivandalisme, lumière sécurisante avant tout. Pourtant, peu nombreuses étaient les installations qui remportaient l’adhésion de tous et qui résistaient au temps ». À ce jour, à Fresnes, tant les matériels que la scénographie lumineuse sont toujours en place. Question de technique, de choix des effets, sans doute, mais aussi et surtout de concertation globale.
Les premiers essais, pourtant réalisés après consultations, ne furent pas concluants, en particulier une lanterne équipée de sodium haute pression fut rejetée par certains résidents pour son « effet prison ». Une seconde période de tests fut mise en place pendant deux mois, offrant aux riverains le temps de s’approprier cette nouvelle lumière.
Les espaces ont été restructurés par le jeu des couleurs, les cheminements éclairés dans des teintes chaudes (3 000 K) et la végétation révélée par des accents de lumière. Ainsi, les allées sont bordées de mâts de 4,50 m de haut, équipés de luminaires aux iodures métalliques de 70 W diffusant une lumière blanche vers le sol, tandis que les arbres de part et d’autre du cheminement sont révélés par un halo orangé obtenu par des filtres disposés dans de petits projecteurs, également de 70 W. Pour les grands arbres des courées, les habitants eux-mêmes avaient opté pour un filtre bleu placé dans des projecteurs aux iodures métalliques de 250 W.
Résultat, une réalisation qui combine développements durable, économique, social, préservation des ressources et milieux naturels, et qui va dans le sens d’une « écologie de la lumière ».

Priorité donnée aux piétons

Située au sud de Bagneux (92), la ZAC de la Fontaine Gueffier bénéficie d’un vaste programme de rénovation urbaine, sur un site contraint par un fort dénivelé en bordure de plateau et compte 4 000 habitants.
Sont programmées démolitions et reconstructions de logements, commerces et équipements (centre culturel et social, école, gymnase). Dans ce contexte, la requalification des espaces publics comprend la création d’un mail central et d’un parvis commercial, agrémentés d’arbres variés, l’élargissement d’un carrefour pour insérer en son centre une placette belvédère, et le percement de rues nouvelles qui dessinent une trame viaire plus fluide.
La pente du site a imposé un travail de terrassement de grande ampleur et la création de placettes de liaison, articulées autour des nombreux emmarchements.
Une première tranche de travaux est en cours d’achèvement et porte principalement sur la terrasse, la place et le jardin de la Fontaine Gueffier. Nicolas Plassat, paysagiste DPLG, chef de projet, (Agence SLG paysage, Isabelle Schmit & Associés), a fait appel à Roger Narboni (Agence Concepto) pour la conception lumière. La priorité, tant en termes d’aménagements urbains que d’éclairage, a été donnée aux cheminements piétons.
Une fois encore, le concepteur lumière a privilégié la création d’ambiances lumineuses chaleureuses (3 000 K), élaborées en concertation avec les habitants, les bailleurs et les services techniques de la Ville.

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