Une agence bancaire aménagée en salons

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Rompant avec les codes traditionnels de la banque, l'un des leaders mondiaux du secteur a lancé, à Chartres, un nouveau concept d'aménagement intérieur : des salons ouverts qui remplacent les bureaux classiques.

«L'enjeu de ce projet a été d'imaginer un nouveau modèle de relation clientèle, mêlant accueil et proximité, tout en préservant la confidentialité des échanges », explique Sandrine Chopin, coordinatrice projets chez Idoine, cabinet parisien de design global. Ainsi, le Crédit agricole a développé à Chartres, (Eure-et-Loir) un concept inédit qui bénéficie de la certification NF bâtiments tertiaires - démarche HQE, niveau THPE 2005 (très hautes performances énergétiques), une première en France pour une agence bancaire. Au-delà de cette initiative, il s'agit d'un modèle qui vise à « casser les barrières d'entrées », ces classiques guichets inesthétiques, pour créer un espace convivial où « la logique de partenaire, et non plus de filtrage, prédomine ». Ainsi, l'agence Val-de-France (300 m2) comprend cinq salons design et colorés, équipés de cloisons vitrées mobiles transparentes, tandis que le « back-office » et les bureaux disparaissent pour être relégués à l'arrière du bâtiment.

Ouvrant sur la place des Epars, une moitié du volume (une ancienne station-service) a été rénovée. Entièrement neuve, l'autre moitié, constituée d'une structure à ossature bois, a remplacé un vaste entrepôt en fond de cour, scindé en deux parcelles (la partie voisine au Crédit agricole abrite un centre de relaxation). Outre le désamiantage des locaux et l'évacuation des cuves en sous-sol (huiles, essence.), le chantier, d'une durée de neuf mois, a dû répondre aux critères inhérents à la démarche HQE : recyclage et destruction des déchets, réduction des nuisances sonores, visuelles et des poussières, choix de matériaux écologiques. Des contraintes rendues plus difficiles dans la partie rénovée, peu lumineuse et enclavée au rez-de-chaussée d'un immeuble de bureaux. Trois bureaux d'études (climatisation, acoustique, électricité/éclairage) ainsi qu'un assistant à maître d'ouvrage HQE ont collaboré avec l'agence Idoine.

Des cloisonnements transparents

Souhaitée par le maître d'œuvre, cette « autre manière de vivre la banque » s'affiche dès la vitrine, où un vaste canapé vert acidulé s'expose derrière une large baie vitrée. Passé le sas d'entrée à double porte coulissante, exit donc les guichets et comptoirs d'accueil. Une zone avec machine à café se prolonge par un espace « cafétéria » : tables hautes et tabourets de bar design et colorés - dessinés par Idoine - invitent les clients à patienter face à six écrans plasma publicitaires. Borne internet et écrans d'ordinateurs fixes sont à leur disposition. « Quelle que soit la fonction occupée, le personnel est censé aller au-devant du client, précise Sandrine Chopin. On désacralise le traditionnel rapport hiérarchique et on casse non seulement les codes architecturaux mais également comportementaux, l'un et l'autre étant liés. » Cette zone d'attente est délimitée par un parquet tout en rondeur et un plafond en Placo en forme de haricot qui intègre des leds multicolores.

Réalisés et pré-assemblés en atelier, les murs aux formes courbes sont en partie constitués d'un habillage en médium laqué blanc (ép. environ 10 cm), fixé sur une structure en tasseaux. Ils créent une circulation fluide qui mène à un grand espace « ouvert » où cinq salons modulables (environ 10 m2 chacun) sont distribués en face en face.

Remplaçant les habituels bureaux des conseillers, ils jouent la transparence grâce à des cloisons vitrées mobiles. Ces dernières coulissent sur des rails fixés dans le plénum, certains étant soutenus par des poteaux porteurs en lamellé-collé, notamment dans les angles, ce qui évite la pose de guide au sol. Ces vitrages de séparation des salons viennent se rabattre le long des murs périphériques, ou de part et d'autre des poteaux de structure dans l'allée centrale. Le long de cette allée, les vitres coulissantes sont dissimulés derrière trois parois en médium stratifié imitation bois exotique (ép. 10 cm, de 1,30 à 1,70 m de large), fixées au sol et au plafond. Sur toute la périphérie des salons, des corniches sont éclairées par des leds aux couleurs changeantes. « Contrairement aux idées reçues et à l'appréhension des responsables du Crédit agricole quant à la confidentialité des échanges, les cloisonnements mis en place pour rassurer et ne pas trop brusquer les clients restent le plus souvent ouverts, ce qui ne gêne personne et dénote une évolution et une désinhibition par rapport aux à l'argent », souligne Sandrine Chopin. Mobilier aux formes arrondies, canapés et luminaires design, système de visio­conférence et ordinateurs portables pour les agents. le décor veut favoriser « une relation d'échange et de compréhension ». Pour garantir la sécurité des données dans cette organisation de l'espace nomade, le Crédit agricole a mis en place un système informatique spécifique.

Verrière et toiture végétalisée

Situé au fond de l'espace d'accueil (190 m2), le « back office » (55 m2) est équipé de quatre postes de travail et de classique mobilier métallique de bureau. Il se dissimule en partie derrière une cloison en Placostyle, habillée côté public d'un parement en bois laqué blanc (ép. 10 cm) et intégrant un bandeau vitré (L. 2,30 x H. 60 cm) en partie centrale. « Cette ouverture entre le back-office et les salons nous a été imposée par la démarche HQE afin que les personnes travaillant dans les bureaux aient une vue directe et à l'horizontale sur l'extérieur, en position assise », explique Olivier Campin, architecte chargé du projet. On accède à ces bureaux (ainsi qu'aux sanitaires et au local technique) par une porte vitrée située dans la circulation centrale, à l'aplomb d'une verrière (L. 9,30 x l. 2 m) qui éclaire également une partie de l'espace public. Équipée de vitrages peu émissifs à profilés alu et de stores extérieurs automatisés, elle a été conçue en même temps que la toiture végétalisée (300 m2 environ).

Entre autres éléments, les câbles de la climatisation traversent un plafond acoustique étanche en Placoplatre mis en œuvre dans l'ensemble des locaux sur lequel est rapporté un faux plafond classique, l'ensemble constituant un double plénum. Positionnées pour éviter le maximum de ponts phoniques, des poutres froides à induction à bas débit (une par salon) assurent le chauffage et le rafraichissement de l'air. Tous les câblages sont intégrés dans la dalle de sol et les doublages, les parois murales étant isolées avec 20 cm de laine minérale.

Matériaux écologiques

« Au moment du choix des matériaux, les informations données sur Internet nous ont permis d'obtenir une résultat immédiat sur leur compatibilité avec la HQE. Sinon, on changeait tout de suite. On n'a pas attendu l'appel d'offre ni les réponses des entreprises pour décider », explique Olivier Campin. Les peintures murales (Seigneurie) bénéficient de la marque NF Environnement et le carrelage blanc au sol en grès cérame (Refin) de l'écolabel européen. Tous les bois utilisés (mobilier, vaste meuble de rangement mural, parquet délimitant la zone d'attente.) sont labélisés FSC ou PEFC (1). Seul l'isolant acoustique n'est pas écologique. « Pour assurer le confort acoustique, défectueux en raison des espaces complètement ouverts et du carrelage au sol, on a uniquement joué sur les murs, les plafonds étant déjà trop chargés avec la climatisation-ventilation et les éclairages », précise Olivier Campin.

Prévu en bois peint à l'origine, le revêtement mural des salons en partie haute et en fond de niches est ainsi constitué de panneaux de Texaa. Mis en œuvre par un tapissier, ils se composent d'une mousse acoustique épaisse beige et d'un voile microporeux, habillés d'une grille textile. Ces panneaux, de 1 à 2 cm selon les endroits, sont fixés sur une structure en tasseaux et encadrés de profilés métalliques. « Le Texaa n'est pas un produit 100 % HQE. Il a donc fallu passer au crible tous les autres ­matériaux possibles. Mais aucun ne pouvait répondre aux éléments courbes et contrecourbes appliqués sur notre concept.

Après justifications détaillées, notre choix a été accepté », indique Olivier Campin, qui précise : « Sur tout le projet, l'acoustique était limite. Un principe de fond sonore diffusé par six haut-parleurs a donc été mis en place. »

Par chance, pour le cabinet Idoine, ces diverses obligations ont peu modifié le projet architectural initial, élaboré avant que le Crédit agricole décide d'y intégrer la certification NF HQE validé au terme de trois audits.

« Toute la mécanique d'organisation, les phases de coordination de chaque élément, les nombreuses réunions. ont rendu ce projet beaucoup plus complexe qu'une réalisation classique », reconnaît Sandrine Chopin. Mais le résultat est positif : un gain de 30 % d'économies d'énergie par rapport à un projet traditionnel.

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