© Doc. Manuelle Gautrand Architecture
Attirer le public vers les salles obscures est un enjeu à l’heure du « tout-téléchargement ». Gaumont Pathé a ainsi décidé de restructurer entièrement l’un de ses plus anciens cinémas parisiens de la rive gauche : le Gaumont Alésia, qui se distinguait par la magistrale voûte de béton ornée d’étoiles de sa salle principale. Il laissera place à un complexe de huit salles imbriquées l’une dans l’autre à la manière d’un puzzle, imaginé par l’architecte Manuelle Gautrand. Avec cette élévation sur cinq niveaux (dont deux de sous-sol), elle a optimisé chaque mètre carré pour conserver la même jauge (1 380 places sont prévues) tout en gagnant une salle supplémentaire.
« La distribution des étages s’effectuera depuis un grand atrium traversant - le bâtiment, situé en cœur d’îlot, possède deux accès - à partir duquel se déploieront des volées d’escaliers qui prolongeront les sous-faces apparentes des gradins des salles supérieures (photo) », explique-t-elle. Cette composition se dessine avec netteté depuis l’érection de la structure métallique, succédant à d’importantes opérations de comblement de carrières et à la démolition de l’existant. D’autant qu’il aura fallu conserver dans un premier temps les raidisseurs de la voûte existante pour soutenir les mitoyens.
Le montage du squelette - 300 tonnes d’acier insérées dans la parcelle de 23 m de large par 48 de long, sur 20 m hors sol - a nécessité treize semaines de travaux, souvent de nuit, tandis que les arches étaient déposées à l’avancée du chantier. Celui-ci, compliqué par l’absence de zone de stockage et de livraison, a subi de nombreux retards, « au point que le lot gros œuvre et le lot structure ont dû travailler simultanément », explique Gilbert Schmitt, DG de l’entreprise de charpente BCM (Baumert Constructions Métalliques). À suivre : la réalisation de la façade de 500 m2 de plissés vitrés parés de barrettes de Leds, formant écran lumineux sur le carrefour urbain.