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Cinq fédérations professionnelles ont décidé d’alerter le Premier ministre sur les conséquences de la crise du Covid-19 pour le secteur de la construction. Ils estiment entre 30 et 40% le recul de leur activité et entre 10 et 30% les surcoûts.
Cinq fédérations représentant la maîtrise d’œuvre, l’AMO et les artisans (UNGE, la Capeb, l’Unsfa, Synamome et le Cinov*) ont écrit une lettre au Premier ministre afin d’alerter sur les conséquences économiques et sociales de la crise du Covid-19 pour l’ensemble du secteur de la construction. Ils insistent sur la nécessité absolue de prolonger certaines aides ou dispositifs particuliers et d’en créer de nouveaux adaptés au nouveau cycle qui s’ouvre. Sans quoi, « tous les efforts déjà déployés par le gouvernement seraient vains et n’auraient permis que de retarder de quelques semaines la disparition de nombreuses TPE-PME du secteur, et autant de savoir-faire ».
Un avenir incertain
« Nous anticipons que les mois à venir vont être particulièrement difficiles avec des surcoûts, des pertes de productivité, des ruptures de production liées à la disparition de certains acteurs…. soit autant de situations qui vont peser sur les chantiers en cours et en annuler certains. Le même scénario remonte de toutes les régions : l’arrêt brutal et imprévu de tous les chantiers, puis leur reprise aménagée pour répondre aux règles sanitaires provoquent des surcoûts qui ne peuvent être chiffrés qu’au cas par cas ». Selon les premiers retours et les estimations, les surcoûts, qui seraient de l’ordre de 10 à 30 % du montant initialement prévu, ne peuvent être supportés « par aucun des acteurs pris individuellement, mais dans la plupart des cas ne peuvent pas non plus être supportés une fois répartis sur l’ensemble des acteurs ». Pire, il suffit que l’acteur le moins solide soit défaillant pour que l’ensemble du chantier s’effondre économiquement. Les signataires prévoient d’ores et déjà un recul de 30% à 40% de leur activité en 2020, avec les conséquences en matière de baisses de recettes fiscales et sociales et de suppressions d’emplois. Ils redoutent un « effet domino » : « la période de transition qui s’amorce va être extrêmement compliquée pour les TPE-PME que nous représentons, (maîtrise d’oeuvre, AMO, artisans) notamment en termes de trésorerie, mais également d’activité pour l’ensemble du secteur, des donneurs d’ordre aux fournisseurs de matériaux et de matériels ».
Des mesures demandées
Les signataires appellent donc le gouvernement à « convertir l’ensemble des moyens consacrés à la préservation des entreprises (chômage partiel en particulier) en aide active pour financer les nombreuses expertises dont ont besoin les maîtres d’ouvrage et les collectivités locales pour résister à la crise, transformer les contraintes en opportunités, et relancer l’activité (…) mais aussi pour participer activement à la reprise des chantiers et plus largement de l’activité économique, pour laquelle il est impératif de lancer, dès maintenant et en masse, de nouvelles études qui génèreront très vite de nouveaux chantiers ».
* Sont signataires de cette lettre Régis Lambert, président de l’UNGE, Patrick Liebus, président de la Capeb, Jean-Michel Woulkoff, président de l’Unsfa, Dominique Millet, président de Synamome et Frédéric Lafage, président de Cinov