Primé par le Mécénat Besnard de Quelen, Letgo est un concept de prémur nouvelle génération susceptible de concurrencer le mur banché traditionnel. Ses alvéoles lui assurent en effet une grande rigidité, ainsi qu’une production plus rapide et moins chère.
Ce n’est rien moins que sur le territoire du mur en béton banché traditionnel que Letgo entend faire sa place. « Le prémur classique est trop cher et manque de simplicité de mise en œuvre », explique Guy Sarremejeanne, inventeur du concept et lauréat d’un premier prix ex æquo du Mécénat Besnard de Quelen consacré à l’innovation technique dans la construction.
Voiles de grandes dimensions
Les prototypes de ce prémur - nommé « panneau destiné à constituer une banche perdue pour la fabrication de mur » sur le brevet déposé le 30 décembre 2011 - sortent ce mois-ci. Le prémur est constitué d’une unique pièce de béton. Les armatures nues qui relient traditionnellement les deux prédalles sont invisibles, puisqu’elles sont incluses dans le béton. La pièce obtenue est ainsi d’un seul tenant, ce qui lui confère une plus grande rigidité, mais un poids un peu plus élevé (330 kg/m2). « Pour assurer une manutention avec de petits engins et faciliter un transport routier, les pièces ne dépasseront pas 2,4 x 2,7 m, soit 1,8 t, précise Guy Sarremejeanne. En créant des voiles de grandes dimensions par assemblage à plat sur chantier, on évite leur production en usine et leur transport sur des remorques spécialement surbaissées. »
Du fait de leur rigidité, les banches perdues seraient gerbables une fois, pouvant atteindre 3,5 m de haut. Il serait alors possible de couler le béton en une fois sur toute la hauteur, en continue et à la vitesse souhaitée. La structure de la pièce assure en effet une résistance en traction de 210 t/m2 en pied de mur, largement suffisante pour accepter la pression du béton liquide. L’assemblage des éléments est facilité par la présence de guides mâle-femelle dans les alvéoles de part et d’autre du panneau. Le maintien avant coulage doit pouvoir être réalisé avec de simples contrevents, toujours du fait de la rigidité de la pièce. « Si l’on veut qu’un procédé fasse sa place sur le marché, il faut qu’il puisse être mis en œuvre par une main-d’œuvre non spécialisée car on en manque », souligne Guy Sarremejeanne.
Autre argument de ce dernier : il serait possible de couler en une seule fois plancher d’étage et mur, en veillant simplement à supporter le plancher avant la prise du béton. De quoi gagner encore un peu de temps.
Enfin, l’insertion des réseaux s’effectue en pied de voile, où les alvéoles communiquent toutes entre elles et où des fourreaux sont insérés lors de la pose.
La pièce du Letgo peut être produite sur un banc de prédalles avec un seul cycle de thermoactivation. Le béton utilisé est de classe C25/30, un béton courant. Des boudins gonflables en toile (Satujo) permettent de réserver les creux au sein de la pièce. L’inventeur estime le coût global pour un mur plein brut fini, par mètre carré, entre 55 et 57 euros, contre 57 euros pour du béton armé classique et 90 euros pour un prémur. C’est donc effectivement du côté des murs en béton banchés classiques que ses ambitions se portent.
La société Letgo, qui commercialise l’invention, entend toucher les fabricants de prédalles qui produiraient, eux, les banches perdues. Dans cette optique, elle ouvrira ce printemps un showroom à Montpellier pour présenter les prototypes. Par ailleurs, elle attend la validation, dans le courant de l’année, d’une demande d’appréciation technique d’expérimentation (Atex) du Centre scientifique et technique du bâtiment.