Isolation thermique et phonique, revêtements de sols, murs et plafonds, filtration, habillage des façades, étanchéité, allègement des structures en béton. l'emploi du textile dans le bâtiment est multiple et tend à se renforcer, pour preuve le dernier salon Techtextil de Francfort.
L e salon Techtextil - qui se déroule à Francfort tous les deux ans - porte sur l'ensemble des applications des textiles techniques : un mannequin montrant des vêtements capables de produire de l'électricité pour alimenter un iPod côtoie un fabricant de membranes pour la filtration d'odeurs. Cette année, du 16 au 18 juin, les applications bâtiment présentées se divisaient en plusieurs catégories : l'isolation thermique et acoustique, les membranes d'étanchéité à l'air et à l'eau, les revêtements intérieurs dotés de résistances très spécifiques selon leur application, les géo-membranes, les revêtements de façades et de toitures, les membranes dans le retraitement des déchets solides.
Dans la famille des isolants thermiques et acoustiques, Sandler présentait Sawatec, textile non-tissé fabriqué à partir d'un seul polymère - probablement du polyester - et de matériaux recyclés. Le matériau est lui-même parfaitement recyclable. Disponible sous forme d'une « laine » avec un classement au feu B1 selon les Euroclasses, il offre des valeurs ? de 0,032 à 0,038 W/(m.K). Par comparaison, la meilleure laine « G3 » d'Isover atteint pour l'instant un? de 0,030 W/(m.K).
Isoler à partir de recyclage
Selon Sandler, Sawatec est complètement hydrophobe, parfaitement neutre pour la peau, ne peut servir de nourriture à aucun insecte et se prête à la confection de panneaux de doublage pour l'isolation intérieure des parois, à l'isolation par l'extérieur, à l'isolation des toitures sous rampants, à l'isolation des canalisations, etc. Tisun, le spécialiste du solaire thermique, utilise déjà une laine polyester comparable pour l'isolation thermique de ses ballons, en remplacement de la mousse de polyuréthanne que l'on ne sait pas encore recycler.
Côté résistance au feu, Belmix (de Belgian Fibers) est un additif que l'on mélange au béton et au ciment. C'est un polymère blanc d'une densité de 0,910 g/cm3, parfaitement résistant aux alcalins et aux agressions chimiques, conditionné en sacs de 40 à 500 kg. Ajouté au béton, il augmente significativement sa tenue au feu. En effet, au cours d'un incendie, l'élévation de température transforme l'humidité contenue dans le béton en vapeur. La pression exercée par cette dernière à l'intérieur de la paroi fait éclater les couches superficielles de béton, exposant les fers directement à la chaleur. Par l'ajout de Belmix, la chaleur de l'incendie fait fondre les fibres, produisant des milliers de microcanaux jusqu'à la surface de la paroi. La vapeur d'eau produite peut ainsi s'échapper librement sans faire éclater le béton : cela préserve plus longtemps l'intégrité de la paroi. Cette matière peut également être utilisée pour la réparation de fissures apparentes.
Mélangée avec le mortier de réparation, elle augmente son élasticité, ce qui accroît la stabilité du pansement. En protection solaire, Coldblack de Clarian est une finition pour textiles sombres qui inhibe leurs capacités d'absorption des UV. Coldblack permet donc de réaliser des protections solaires textiles de toutes les couleurs, des toitures textiles ou des chapiteaux sombres qui n'absorbent pas les UV, ce qui accroît leur efficacité. De leur côté, les élastomères Alpha HPE de Alpha Associates Europe, peuvent être formulés pour résister à la plupart des agressions chimiques et pour constituer d'efficaces barrières thermiques. Ils sont utilisés pour l'isolation de canalisations haute température (>300 °C). Betsinor Composites, une entreprise lilloise membre du groupe Rabot Dutilleul, a combiné le Ductal de Lafarge et les fibres de verre Cem-Fil AR de OCV Reinforcement (Owens Corning) pour fabriquer des éléments de façades particulièrement légers et résistants. Il s'agit de protections solaires verticales placées perpendiculairement aux façades. Betsinor a réussi à industrialiser la fabrication d'éléments de 4 m de hauteur, 40 cm de profondeur pour seulement 20 mm d'épaisseur.
Le renforcement du béton - et son allègement par l'ajout de fibres de verre - constituent une application de plus en plus fréquente des fibres textiles. L'université technique de Dresde a fait un pas de plus en mettant au point des structures tissées en deux ou trois dimensions, en forme de roues, de « S », de caniveaux, etc. destinées a remplacer le ferraillage dans des éléments de béton préfabriqués en usine. Les structures, dessinées à l'aide de programmes 3 D classiques, sont ensuite traduites en instruction de fabrication pour des machines qui tissent des fils métalliques. Le résultat est une division par 8 du poids du ferraillage.
Deux applications en tissage et électronique
Chez BASF, deux applications originales combinent tissage et électronique. SensFloor, tout d'abord, consiste à répartir des sondes sensibles à la pression dans un tissu. Il est placé sous le revêtement de sol, parquet, moquette, linoleum, pierre, carrelage, etc. Le sol devient sensible à la pression, tout en maintenant les sondes hors d'atteinte. Ce système de détection de présence, qui peut être interfacé avec divers protocoles de bus de terrain, sert à l'ouverture automatique de portes ou même au déclenchement programmé quand une personne se trouve dans une zone sensible.
BASF mentionnait des applications dans l'aménagement des musées, dans les grands magasins ou les grandes surfaces alimentaires.
La seconde application est le Texapret E. Il s'agit d'un tissage à mailles larges de fibres métalliques ou polymères, incorporant des leds. Utilisé en revêtement de façade, Texapret E peut recevoir une programmation des diodes à partir des protocoles utilisés classiquement pour le pilotage des éclairages de spectacles. Toute une façade peut diffuser des messages lumineux pour une consommation d'électricité relativement faible de l'ordre de 100 W pour 100 m². L'incorporation d'électronique dans les textiles techniques du bâtiment est annoncée comme une tendance de fond pour les années à venir. Il s'agira de disséminer des sondes d'acquisition de données (température, humidité, pression, etc.) pour piloter plus efficacement les bâtiments, de diffuser des messages lumineux en réaction à des événements ou à une programmation, voire même de modifier certaines propriétés surfaciques des textiles, l'hydrophobie, par exemple, en fonction des circonstances.