Les ateliers de carrosserie du Marcel-Sembat de Sotteville-lès-Rouen, structure aérienne d’acier galvanisé en forme de lames, supportent une toiture végétalisée qui vient se fondre dans les bois qui bordent l’établissement.
La rénovation du lycée Marcel-Sembat de Sotteville-lès-Rouen tient autant de la rénovation urbaine que de la restructuration de site ancien ou encore de la création d’un ensemble aux qualités environnementales évidentes. La part urbaine consistait notamment à travailler à la re-création d’un espace public en perspective avec la médiathèque conçue par Henri Gaudin et s’appuyant sur un espace piéton.
S’il a fallu déconstruire l’ancien internat de neuf niveaux qui avait été équipé d’un des premiers murs rideaux en raison des difficultés que posait sa réhabilitation, le programme s’est développé autour d’autres rénovations et surtout de la construction d’un ensemble exceptionnel qui abrite différents programmes dont les ateliers de carrosserie, éléments phares de la pédagogie du site.
Mais le point fort d’appui du projet est le bois de la Garenne qui fait entrer la nature dans la ville et près duquel il s’agissait d’intégrer les 10 000 m2 d’ateliers. « Nous avons voulu donner l’impression que le parc se prolongeait sur le bâtiment, explique Jacques Sebbag, architecte de l’agence Archi 5. C’est l’origine de cette forme de vague végétale qui a été coupée en treize lames afin de restituer la notion d’échelle. Ces ouvrages qui sont orientés sud nord, vers lequel ils s’ouvrent, recouvrent les différents locaux dont l’éclairage est assuré par les parois latérales. Entièrement recouvert de végétation, l’ensemble donne réellement l’impression que le parc entre dans le site ou que les bâtiments entrent dans le parc. ». Et le prolongent puisque le principe, appliqué à une construction plus ancienne qui est aussi recouverte, permet d’ajouter un niveau technique dont la vue ne perturbe pas l’harmonie de l’ensemble.
Des courbes multiples et complexes
L’ensemble de ces lames est en effet recouvert d’une série de couvertures supportant une végétation ancrée dans 15 cm de semis. L’ensemble acquiert une unité d’aspect cohérente dans le cadre de cette réorganisation complète. L’acier semblait d’autant plus s’imposer qu’il s’agissait de réaliser de grandes portées de 16 à 17 m (demandées par l’exploitation du bâtiment) tout en gardant des parois les plus libres possibles pour les ouvertures. La libération de grands espaces sous toiture présentait en outre l’avantage de faire évoluer le programme sans remettre en cause les principes architecturaux et constructifs. « C’est une souplesse très nécessaire dans ce type d’opération, souligne Jacques Sebag et nous en avons profité à Rouen bien après que le concours ait été remporté. Satisfaire les demandes des enseignants était relativement aisé. »
Quatre familles de trois ou quatre lames accolées mais décalées dans les hauteurs, sont séparées par trois patios créés par l’abaissement rapide des lames qui les amorcent. Les façades donnent sur ces patios qui assurent l’éclairage.
Pour réaliser cette série complexe de vagues qui savent faire évoluer le plan de référence du sol du bois au sommet des constructions, il a fallu définir une série de charpentes métalliques aux formes complexes dont les rayons de courbures correspondent à une cinquantaine de centres géométriques. Ce qui a, bien entendu, donné lieu à autant de dessins de façades différents. Et la conception devait aussi obéir à la volonté de l’architecte de rendre visibles ces courbes élégantes d’acier galvanisé.
Chaque lame s’appuie sur deux poutres de 50 m à deux courbures inversées dont l’élégance et la finition dépendent aussi de la qualité de la galvanisation réalisée par bains de 16 m.
Une contre-flèche de 12 cm
Bien entendu, il n’y a pas deux éléments identiques et le travail de conception mené avec l’entreprise a été d’une extrême précision. Les poutres treillis sont constituées de deux PRS de 500 dont les membrures sont constituées de tubes de différentes sections en fonction de l’effort appliqué à chaque fois. L’étude a montré que l’utilisation de ces tubes a permis d’économiser 10 % de matière par rapport à des fers en I. En contrepartie, le travail de soudure était plus délicat. Avantage pour l’architecte, le choix des tubes évite les effets d’ombre. Les poutres reposent sur des poteaux d’une extrême finesse.
Le calcul de la couverture devait prendre en compte la mise en place ultérieure du substrat de la végétalisation et son poids de 220 kg/m2. La pose a donc été faite avec une contre-flèche de 12 cm suffisante pour équilibrer l’abaissement ultérieur. Cette partie de la réalisation a été rapidement menée car elle contraignait la réalisation des façades qui ne pouvaient être montées qu’une fois la toiture stabilisée. Pour contourner l’obligation d’un couronnement d’acrotère, les cheneaux sont reportés entre les lames et non en bordure. La couverture de bacs acier, posée sur les pannes, a suivi l’exécution de la charpente. L’ensemble de ces travaux a été réalisé, avant même intervention sur le sol fini, par le montage des éléments préparés en atelier à l’aide de deux grues mobiles et d’une équipe qui comptait en moyenne cinq compagnons.