Sonorisation d’une salle de spectacle

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Sonorisation d’une salle de spectacle

L’Abduaziz International Conference Center de Riyadh est une salle à usage multiple, dîners et spectacles, qui doit fonctionner dans les deux sens, avec des haut-parleurs dissimulés dans les décorations arabisantes. (Acoustique : Tisseyre & Associés et sonorisation : Audio Sud) (Doc. Tisseyre & Associés.) Théâtre Barnabé à Servion (Suisse) équipé avec deux lignes sources L-Acoustics. (Doc. L-Acoustics.)

Révolutionnée par la technique des lignes sources, la sonorisation est conçue à partir d’une définition précise des besoins et d’une étude préalable de l’acoustique de la salle.

La sonorisation d’une salle de spectacle doit garantir une distribution homogène des niveaux sonores et l’acoustique doit être la plus neutre possible.

La durée de la réverbération doit être maîtrisée, de l’ordre de 0,4 à 0,6 seconde en concert amplifié. Elle est plus longue pour les salles de concerts non- amplifiés, allant jusqu’à 1,6 ou 1,8 s, mais demeure entre 1 et 1,5 s pour l’opéra, afin de conserver une relative intelligibilité de la parole. Le niveau sonore est réglementé, avec un maximum de 105 dB(A) autorisé en niveau moyen, et 120 dB(A) en crête, avec 3 dB(A) d’émergence maximale. Le plus complexe est de répondre au cas des salles polyvalentes, dont les besoins acoustiques sont en partie contradictoires.
Dans ces différents cas de figure, c’est la technologie des lignes sources qui s’est imposée ces dernières années. « La technologie de sonorisation s’avère relativement simple pour des opéras ou des salles de concerts. En revanche, dans les lieux extérieurs, comme le Zénith ou des lieux à grande réverbération, la sonorisation doit être conçue sur mesure. Les sonorisations les plus importantes en termes de volume et de prix sont installées dans les stades », assure l’acousticien Alain Tisseyre. Dans ce panorama, les salles de cinéma tiennent une place à part, avec leurs propres formats de codage audiophonique multipoint (DTS, THX, Dolby...) et une acoustique très absorbante.

Des grappes d’enceintes directives

Dans les salles de cinéma, l’immersion sonore est obtenue en spatialisant les sources sonores avec des enceintes latérales et parfois un retour arrière.
Pour les salles de spectacle vivant avec son amplifié, générer une directivité donne la sensation aux spectateurs que le son vient de la scène. La technologie phare en matière d’enceintes depuis dix ans est celle de la ligne source (line array), avec des lignes d’enceintes assemblées en grappes et suspendues. « La ligne source permet une grande portée avec peu d’atténuation et un équilibre global, évitant de faire des rappels avec des enceintes en salle. Et la perte est seulement de 3 dB lorsqu’on double la distance, contre 6 dB en classique », met en avant François Chaumeil, ingénieur d’application chez L-Acoustics. Un mécanisme d’accastillage donne une inclinaison variable entre les enceintes, donnant à la grappe son profil curviligne, qui assure une couverture angulaire sonore de l’ensemble des sièges de la salle.

Simulation électroacoustique

Le nombre et la position des enceintes, ainsi que leurs types et leur puissance, sont définis dans un logiciel de simulation électroacoustique, à partir d’un modèle simplifié de la salle réalisé sur AutoCAD ou SketchUp. Les acousticiens emploient des logiciels généralistes comme Ease (Enhanced Acoustic Simulator for Engineers) ou CATT-Acoustic distribué par Euphonia. « Ces logiciels, de type calcul 2D étendu en 3D, répondent partiellement à la réponse acoustique de la salle. Ils s’appuient sur une modélisation grossière de la salle et une riche bibliothèque de haut-parleurs. En revanche, nous fournissons si nécessaire avec le cahier des charges pour la sonorisation un modèle 3D de la salle, qui permet une simulation plus exacte physiquement », précise Alain Tisseyre.
L’intégrateur peut préférer le logiciel fourni par le fabricant d’enceintes qu’il a choisi, tels GeoSoft2 de Nexo ou Soundvision de L-Acoustics, qui d’après François Chaumeil, « offrent la simulation de l’égalisation à faire dans les amplis. Une simulation pouvant, à terme, être directement copiée- collée dans les amplis depuis Soundvision, au lieu de l’actuel paramétrage manuel ».

Une infrastructure invisible

Les signaux analogiques captés par les micros sont transportés dans une ou plusieurs baies pouvant être placées sous la scène. Ces signaux sont numérisés, préamplifiés et envoyés vers la console de mixage de la régie. Ils sont parfois brassés pour la diffusion radio ou télévisuelle. Les réseaux peuvent être organisés en boucle, avec des équipements en série, en étoile ou en semi-étoile avec un routeur qui brasse les flux numériques. Il n’est pas inhabituel d’installer plusieurs points de régie soit dans la salle, soit dans des locaux fermés. Sur Ethernet, les générations de formats se succèdent. En Layer 2, sont connus CobraNet et EtherSound (du français Digigram), qui est apprécié pour les réseaux en boucle. En Layer 3, un des nouveaux protocoles est Dante de l’australien Audinate, plus robuste pour un réseau en étoile, avec une faible latence et un nombre de canaux plus élevé, et permettant de la redondance. Le signal mixé est envoyé en retour aux enceintes, après traitement du signal et amplification. Le processeur numérique égalise et gère les délais entre les enceintes, extrait les voix et filtres, mais aussi colore en fonction du spectacle.
Asservis informatiquement, les amplificateurs de puissance sont positionnés au plus proche des enceintes, par exemple dans des baies sur les côtés de la scène, afin de limiter le câblage. La perte en ligne demande, en effet, d’augmenter le diamètre des câbles. Pour l’Opéra de Lausanne, détaille l’ingénieur conseil Vincent Taurisson de VTIC : « Nous avons choisi des enceintes Adamson Metrix et des amplificateurs Lab.Gruppen PLM du même fabricant. Les baies d’amplification intègrent un processeur Lake de traitement du signal directement compatible avec le protocole numérique de réseau Dante ». Certains fabricants ont choisi de placer les amplificateurs à l’intérieur des enceintes.

Les contraintes de l’existant

Rénové par l’agence d’architecture Devanthéry-Lamunière, l’Opéra de Lausanne est un théâtre à l’italienne et un lieu usuellement non-amplifié. Il faut parfois renforcer la voix, pour aider le jeu théâtral ou dans le cas de chanteurs qui manquent de puissance, ou souhaitent préserver leur voix. « Dans ces différentes circonstances, il faut renforcer la voix sans que cela soit perçu par les spectateurs. C’est la transmission de l’onde acoustique donnée par la voix, qui donne la direction et qui doit être la plus forte. La sonorisation apporte un complément de puissance légèrement en retard, afin de ne pas perturber la spatialisation et en évitant de colorer la voix », confie l’ingénieur-conseil Vincent Taurisson du cabinet VTIC qui est venu assister le cabinet scénographique Architecture et technique de Jacques Moyal, pour y ajouter un nouveau système de sonorisation. La nouvelle sonorisation est constituée de cinq grappes d’enceintes, quatre suspendues latéralement en sous-faces des balcons proches de la scène, et une centrale. Une contrainte est que l’acoustique de la salle d’origine n’a pas été modifiée lors de la rénovation et « n’a pas été conçue pour la pression sonore que peuvent fournir les sonorisations modernes », souligne Vincent Taurisson.

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