Syntec-Ingénierie présente son premier baromètre de l'ingénierie en France et appelle tous les acteurs de la filière à promouvoir les métiers de l’ingénierie pour ne pas entraver la croissance d’un secteur qui prévoit d’embaucher 60 000 collaborateurs cette année.
« Il n’y a pas assez d’ingénieurs et de techniciens formés en France ! Cela occasionne pour les entreprises un manque à gagner allant jusqu’à 1 milliard d’euros par an. […] Pour répondre efficacement aux besoins des grands projets (Grand Paris, réseau ferré, plan France haut débit ou carénage nucléaire), elles auront besoin de recruter cette année 60 000 collaborateurs." Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie, tire le signal d'alarme à l'occasion de la présentation par la fédération de la première édition du baromètre économique de l’ingénierie.
Toujours plus de projets
En forte croissance, les entreprises (tous secteurs confondus) prévoient de recruter 50 000 à 60 000 collaborateurs par an entre 2018 et 2021, dont 9 000 créations nettes d’emplois par an, soit une croissance annuelle de 4% des effectifs salariés. Et le secteur de la construction apparaît, selon l'étude, comme un acteur majeur de la filière, en regroupant 46% des emplois (panel adhérents Syntec-Ingénierie), avec 106 700 postes en 2017. Pour une projection, en 2021, de 122 400 salariés.
Cette prévision est liée, entre autres facteurs, à la hausse des indicateurs du bâtiment sur la période 2018/2021, avec une augmentation des mises en chantier de logements (déjà +19% en 2019), et à la croissance des travaux publics, qui, avec le Grand Paris Express par exemple, connaîtront une augmentation de 8 à 10% de projets immobiliers en Île-de-France jusqu'en 2024 (tertiaire, industriel et résidentiel).
Le BIM à la hausse
En outre, le baromètre fait ressortir d'autres enseignements. En termes de marché, il faut noter une montée en puissance de l'ingénierie publique et parapublique internalisée dans la construction, qui pousse les prix à la baisse et les marchés à disparaître ou à être ajournées (notamment dans les petites ou moyennes agglomérations). Autre point: l'arrivée de nouveaux acteurs du numérique et du conseil sur le marché, notamment grâce à des datas qui permettent un meilleur positionnement usagers du bâtiment et une efficience des coûts de construction. Enfin, la demande de compétences BIM continue d'être orientée à la hausse.
Néanmoins, cette demande vient rencontrer un déficit de formation et des freins au recrutement tels que la pression sur les prix, la hausse des salaires des collaborateurs (en parallèle à une baisse des marges) ou un déficit de formation/qualification. Cette conjonction vient ainsi mettre en tension huit principaux métiers, dont, pour ce qui concerne la construction, ceux de projeteur BIM, de conducteur de travaux, de directeur de travaux et de BIM manager (les autres métiers étant: ingénieur procédés, expert cybersécurité, data scientist et architecte IoT).
Le baromètre alerte ainsi sur le besoin prioritaire de techniciens, et principalement de conducteurs de travaux et de projeteurs BIM. Pour ce faire, l'étude préconise plusieurs pistes: pour la filière (restauration des marges en limitant les intermédiaires prescripteurs, management de projet, etc.); pour la formation (accroître le dimensionnement des formations ciblées, développer l'alternance notamment bac +2/+3, etc.), ou, d'une manière plus globale, revoir l'attractivité des rémunérations, renforcer la perception des BTS/DUT par les employeurs ou améliorer l'information dès publics dès le lycée.
Pour en savoir plus: l'intégralité de l'étude