
Le long de la nef centrale, une aile de bureaux se déploie autour d’un patio planté. Les murs de ce bâtiment sont isolés par l’extérieur et revêtus d’un parement de brique de teinte foncée. (Doc. L. Desmoulins.)
La rénovation lourde d’un complexe industriel de cette ampleur, voué à reprendre vie, requiert la mise en œuvre d’études approfondies, de méthodologies de chantier adaptées et de techniques innovantes, dans le respect du passé industriel inhérent au site.
Implantée à Saint-Denis (93), entre le carrefour Pleyel et la Seine, l’ancienne centrale thermique EDF a été édifiée entre 1931 et 1933 par l’architecte Gustave Umbdenstock. Elle devait soulager la première centrale construite au début du siècle au nord du site et alimenter le métro parisien.
D’une surface totale de 61 700 m
Dédié au septième art, le programme réunit toutes les compétences de la chaîne de production cinématographique pour permettre de réaliser un film de A à Z, sur le site même. Ce complexe cinématographique a pour ambition d’équiper l’Hexagone - premier producteur de films en Europe - d’un équipement d’envergure qui puisse attirer les productions françaises et étrangères, et ainsi rivaliser avec les studios de Cinecittà en Italie, Pinewood en Grande-Bretagne ou d’Hollywood aux États-Unis. D’une emprise de 220 m par 120 m environ, l’ensemble regroupe neuf plateaux de tournage (10 000 m
Une nef spectaculaire, au cœur du projet
De plus, les anciens stocks (10 000 m
Des méthodologies de chantier pointues
Il s’agit de la réhabilitation de certains bâtiments, tels que la salle des machines (nef), la salle des pompes et leurs annexes, ainsi que de la démolition et la reconstruction d’édifices. Cette démarche est complétée par des méthodologies de déroulement des travaux. Le chantier a commencé fin mars 2010, par un curage général des bâtiments gardés et la démolition de certains, comme l’ancienne chaufferie bordant la halle. Dans ce bâtiment, EDF avait ôté toutes les chaudières et réalisé un énorme sarcophage qui, encapsulant l’amiante de ces équipements, demeure dans le sol. Afin de ne jamais y toucher, l’entreprise a dû casser l’ossature en béton et remonter des poteaux sur les fondations existantes. Le niveau du plancher bas a été relevé d’un mètre pour édifier les cages d’ascenseurs sans créer de décaissé. Cette phase ardue de démolition a duré cinq mois. Parallèlement, ont eu lieu le traitement de la nef et la construction des bâtiments sud (école et bureaux), puis nord (bureaux, studios et réhabilitation lourde de la partie de structure gardée de l’ancienne chaufferie), situés de part et d’autre de cette dernière. La coordination complexe des travaux était assujettie aux méthodologies appliquées et à la rotation de six grues au maximum.
Pour ce qui est du déshabillage de la nef, opéré après son désamiantage, la structure en acier en place a été nettoyée et traitée. La cité étant classée en ERP (Établissement recevant du public) de première catégorie, la structure de la nef n’est pas assujettie à la contrainte de stabilité au feu et ne nécessite pas de flocage. Cette structure tenant uniquement la toiture, celle-ci peut rester apparente, à condition qu’elle soit désolidarisée des autres bâtiments accolés possédant leurs propres ossatures et charpentes. En cas d’incendie, la ruine de l’un n’entraîne pas celle de l’autre. Le sol emblématique de la halle, est revêtu de petits carreaux (5 x 5 cm) en grès cérame formant des dessins géométriques de style Art déco.
Des témoins du passé industriel conservés
N’ayant pu être conservés, pour des raisons techniques et d’assurance, les 4 000 m
Résultat, ce chantier, performant, orchestré par l’entreprise générale Bateg du Groupe Vinci, s’est déroulé en un temps record de vingt-quatre mois (y compris démolitions), dont douze mois dédiés au gros œuvre.
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