Jean-Christophe Visier, responsable projet Énergie au Centre scientifique et technique du bâtiment (Cstb).
© (Doc. J. Gaubert.)
Le 4 janvier 2006, dans moins de 18 mois, les 25 pays de l’Union européenne devront appliquer la directive Performance énergétique des bâtiments (1). Cette directive est un signe politique fort de prise en main de son destin énergétique et environnemental, de la part de l’Europe. C’est aussi un signe clair pour le secteur du bâtiment qui, bien que consommant actuellement 40 % de l’énergie européenne, recèle un énorme potentiel d’économies. Trois points résument l’esprit de la directive :
– Agissons puissamment et dans la durée : en demandant aux États membres de mettre en place des réglementations thermiques et de les renforcer tous les 5 ans, la directive généralise un processus déjà lancé dans certains pays. On constate aujourd’hui que ce sont les pays qui construisent déjà les bâtiments les plus économes qui envisagent les renforcements les plus appuyés de leurs réglementations. Un cercle vertueux se met en place dans ces pays. Il implique tous les acteurs, maîtres d’ouvrage, concepteurs, industriels, pouvoirs publics… Chacun cherche des solutions pertinentes à son niveau et tous progressent collectivement. Nous devons nous inscrire dans ce cercle vertueux et éviter le cercle vicieux, du « j’attends que les autres commencent avant de m’y mettre ? »
– Agissons massivement sur les bâtiments existants : la guerre contre l’effet de serre et l’épuisement des ressources énergétiques se joue à court terme sur le stock de bâtiments existants. Soyons très performants sur les bâtiments neufs, mais gardons en tête que toute réhabilitation qui n’intègre pas le souci énergétique est une bataille perdue. Pour améliorer la performance de ce parc, il va falloir inventer des solutions techniques, des règles de réhabilitation et des solutions de financement.
– Impliquons les acteurs clés que sont les utilisateurs : en rendant obligatoire la fourniture d’un certificat de performance énergétique, à l’image de celui qui existe pour les réfrigérateurs, l’Europe joue la pédagogie. Comprendre simplement la performance de son logement, de l’école de ses enfants … est un incitateur conséquent. Ce certificat est une chance, si le secteur du bâtiment sait se l’approprier et l’utiliser, il peut devenir un important déclencheur de travaux. Nous devons saisir cette opportunité.
L’application de la directive pose des questions politiques, économiques, administratives… Posons-nous ici la question de savoir ce que fait l’Europe pour nous aider à atteindre ces grands objectifs.
La Commission européenne a confié au Comité européen de normalisation la réalisation, d’ici la fin 2004, de 31 projets de normes : forme du certificat de performance énergétique, calcul des consommations d’énergie pour le chauffage, la climatisation, les systèmes solaires…, inspection des chaudières, des systèmes de climatisation… Autant de sujets pour lesquels les États membres disposeront de projets de normes sur lesquels s’appuyer pour mettre en place leurs dispositifs nationaux. Les experts français, notamment du Cstb, s’investissent massivement dans cet effort collectif.
Il pourrait conduire à moyen terme sur une convergence des méthodes de calcul européennes, et à un rôle accru pour les concepteurs.
Ce travail a un impact direct sur les industriels qui travaillent à la mise en place des certifications européennes de produits. C’est le cas, par exemple, des industriels du solaire (2), de la régulation (3), qui envisagent des modes de certification unique de la performance énergétique à travers l’Europe.
La Commission européenne soutient également des projets visant à la convergence des approches nationales. Le projet Enper (4) est ainsi devenu une référence pour comprendre les réglementations thermiques de nos différents pays.