L’amélioration des propriétés des matériaux et le développement d’outils de fabrication permettent au carrelage de s’ouvrir au vaste champ du relief. En céramique, en pierre ou en ciment, le carrelage en relief s’invite dans toutes les pièces de la maison.
Le carrelage en relief mural n’est plus réservé aux salles de bains. Auparavant utilisé pour former des frises, il revêt désormais tous les supports muraux de la maison, de la cuisine au séjour.
Le carrelage en relief pour le sol comprend deux typologies : la première remplace la pierre ou le bois et s’est massivement développée, car le carrelage est plus facile à entretenir et plus solide, son motif légèrement en relief reprend les nervures du matériau qu’il imite. La seconde typologie s’est développée avec la nouvelle réglementation sur l’accessibilité et concerne le carrelage de guidage pour les malvoyants. Le motif tactile peut prendre la forme de pastilles ou de plots, et de rainures gravées dans la masse. Cette famille très particulière de produits sort du champ de cette étude.
L'évolution des techniques favorise la créativité
Le carrelage en relief est principalement destiné à un usage mural. S’il existe sur le marché des produits en pierre et en ciment, la part la plus importante est fabriquée en céramique et plus particulièrement en grès cérame. Les principaux fabricants sont italiens et espagnols, quelques-uns sont français.
Grès cérame. Dense et non-poreux, le grès cérame offre de nombreuses possibilités dans la recherche de textures. Extrêmement résistant, tant à l’abrasion qu’à l’usure, aux taches et à l’eau, il ne nécessite aucun traitement. Le façonnage du carreau en relief est principalement réalisé par pressage. Il consiste à presser la barbotine réduite en poudre à cuire le carreau à des températures pouvant aller jusqu’à 1 300 °C. Quant au relief, il est effectué en imprimant le relief sur le carreau au moyen de moules en résine par estampage, ou en coulant la barbotine dans un moule en plâtre avant la cuisson.
Faïence. D’autres types de céramiques sont également utilisés telle la faïence, où le biscuit est recouvert d’une glaçure qui va lui donner un aspect brillant et assurer son étanchéité. En fonction du type de matériau utilisé, la pâte va être colorée ou presque blanche. « Lorsque les fabricants italiens et espagnols parlent de pâte blanche ou de pâte rouge, il s’agit en général de faïence, explique Jean-Claude Kergoat, président de la Chambre syndicale du carreau céramique de France (CSCCF). Du point de vue technique, ce n’est pas vraiment significatif. La pâte rouge est souvent très poreuse et la pâte blanche l’est un peu moins. »
Pierre. La pierre a aussi fait son entrée dans la gamme des carrelages en relief. Ses fabricants sont tous basés en Italie. Les avancées technologiques et électroniques permettent la réalisation de motifs de plus en plus sophistiqués, tout en minimisant les déchets. Pour la fabrication de ces carrelages aux motifs de drapés, l’entreprise Lithos Design utilise des machines qui lisent et traduisent le drapé, chaque coupe produisant le négatif d’une pièce et le positif de la suivante.
Carreau ciment. Il s’est lui aussi mis au relief. Le fabricant espagnol Mosaic del Sur propose une gamme de carreaux en relief applicable au sol et au mur. Pour la réalisation du relief, une plaque en relief est insérée dans le fond du moule. Les motifs et les teintes sont exécutés en plaçant un répartiteur métallique dans le moule à l’intérieur duquel sont disposées les pâtes de ciment avec les pigments (oxydes de fer, cobalt, chrome, titane). Le répartiteur est alors enlevé. Un mortier semi-sec est ensuite versé dans le moule, afin de former la partie inférieure du carreau, puis mis sous presse hydraulique, pour évacuer l’humidité de la couche d’usure vers les autres couches. Les carreaux sont, enfin, démoulés et séchés pendant une dizaine de jours.
Du losange au carreau rétroéclairé
La palette de motifs est extrêmement vaste. Le carrelage n’est plus carré, il est aussi rectangulaire ou en losange. De l’imitation de matériaux, à des motifs plus géométriques : losanges, petits carreaux formant une mosaïque, ondulations aux chevrons, stries... certains fabricants ont fait appel à des designers pour concevoir des motifs contemporains. Le carrelage n’est plus seulement un revêtement, mais devient un décor. Les carrelages Normandy Ceramics de la société Fauvel ont, ainsi, été dessinés par des designers tels qu’Adrien De Melo et Nicolas Le Nocher. Ce sont aussi des agences de design qui se mettent au carrelage, tel le Studio allemand JSPR qui a conçu un carrelage de douche formé de 8 modules différents qui met en relief l’intérieur d’un mur avec les tuyaux, les robinets et le pommeau de douche intégrés.
Pour le carrelage en pierre, le développement des outils automatisés permet de proposer des reliefs et des finitions multiples : polissage, adoucissage, bouchardage, layage, flammage... Il est proposé lisse, brillant, mat, granuleux, bouchardé ou encore strié. Lithos Design a développé une gamme de revêtements de mur en pierre à relief (Pietre Luminose) qui intègre un système de rétroéclairage pour animer la paroi. L’épaisseur et l’incision du motif diffusent une lumière douce qui met en valeur les reliefs par transparence et les couleurs de la pierre. Chaque module est doté d’un éclairage fluorescent indépendant pour faciliter l’entretien.
Avec ou sans traitement
Chaque famille de carrelage possède des propriétés physico-chimiques différentes. Celles du grès cérame permettent la fabrication de grands formats allant jusqu’à 150 cm de long (Oxyde Light Strutturato de Refin Ceramiche en 75 x 150 mm, Streets de Lea Ceramiche en 50 x 100 mm) et de carreaux de faible épaisseur (entre 9 et 10 mm), facilitant sa mise en œuvre. Le fabricant Refin Ceramiche propose certains de ses carreaux de sol en deux épaisseurs : une moins épaisse pour une mise en œuvre en intérieur, et une plus épaisse pour l’extérieur.
Contrairement au grès cérame, la faïence est fragile et possède une faible résistance mécanique, les émaux le plus souvent très brillants se rayent facilement. Elle est donc réservée au revêtement mural.
Quant à la pierre, appréciée pour sa durabilité, elle requiert un traitement hydrofuge en fonction du type de pierre.
Si le granit très dur est non-poreux, il n’en va pas de même avec l’ardoise qui, malgré une forte résistance à l’abrasion est de faible porosité. Quant au marbre, sa grande porosité nécessite un traitement hydrofuge et antitache. Enfin, le carreau ciment demande une attention particulière du fait de sa grande porosité. En effet, une fois posés, les carreaux doivent respirer pour évacuer l’humidité de la dalle avant l’application d’un traitement bouche-pores. La pose collée est la plus largement conseillée et les règles de l’art son définies dans les DTU 52.1 et 52.2 (Pose collée des revêtements céramiques et assimilés – Pierres naturelles).