Reprendre une rénovation haussmannienne obsolète

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Reprendre une rénovation haussmannienne obsolète

Afin de gagner en adaptabilité comme en durabilité, cet immeuble a subi une profonde rénovation. Reconstruction du plancher en RDC avec structure métallique, restructuration des sept étages et mise au niveau des labels d’aujourd’hui.

Programme Revenir à la disposition d’origine

Réinventer un important ensemble immobilier de bureaux de type haussmannien. L’adapter aux besoins actuels des occupants. Prévoir son évolution au cours des décennies à venir. C’est la difficile tâche que Gecina a assignée à l’agence ENLPAA. Difficile, puisque le bâti, composé de plusieurs bâtiments entourant une vaste cour intérieure entre les rues d’Amsterdam et de Bucarest, à Paris VIIIe, avait déjà été restructuré en 1995 sans que les architectes d’alors n’aient imaginé qu’il puisse un jour évoluer. Cette rénovation avait consisté à supprimer l’entresol et à décaisser le rez-de-chaussée sur deux mètres afin de créer un vaste hall d’accueil abritant un imposant escalier et protégé, à l’arrière, par une grande verrière assemblée au-dessus de la cour intérieure. Le rez-de-chaussée était donc situé très en contrebas de l’accès principal. Une reprise des charges avait lors été réalisée par un réseau de poteaux béton circulaires qui reposaient sur un plancher poitrail en béton coulé de 65 cm d’épaisseur sur toute la surface du bâtiment sur rue. En dessous, trois niveaux de sous-sol avaient été creusés pour les parkings et les locaux techniques.
Luc Poux devait revenir à la situation d’origine, avec un lobby d’accueil de plain-pied qui surplombe un entresol inférieur donnant accès à la cour, transformée en jardin intérieur ouvert rénové. De meilleurs aménagements des plateaux en étages étaient également prévus.

Passer aux normes et certifications actuelles

Le chantier consiste alors à reconstruire le niveau du plancher d’origine avec une reprise des charges par une structure métallique adaptée supportant l’ensemble des bâtiments. Cela implique de démolir le plancher poitrail, une fois la reprise de charges assurée avec un réseau de nouveaux poteaux porteurs à base carrés sous-jacents. La restructuration complète des sept niveaux supérieurs est conduite avec un gain de mètres carrés et, surtout, une meilleure organisation des espaces. Le tout en respectant les normes actuelles et plusieurs certifications environnementales : Breeam niveau Outstanding, Leed niveau Platinium et NF HQE rénovation niveau Exceptionnel ; complétées par les labels BBC Effinergie, Biodiversity et Well.

État des lieux Des travaux pensés pour plus de vingt ans

L’architecture choisie en 1995 est bien différente de celle d’aujourd’hui. Certes, elle était plus flamboyante, avec un vaste hall adapté aux besoins d’un seul client, une agence de publicité en l’occurrence. Mais elle est obsolète à l’heure où les bureaux doivent être adaptables et polyvalents. « Le monde est différent, analyse Luc Poux. Moins tape à l’œil, plus confortable, pratique et standard. Surtout plus reconfigurable pour s’adapter à différents types de locataires. » Pour Gecina, l’objectif est de réaliser des travaux d’envergure qui devront perdurer bien plus longtemps que la précédente rénovation, qui n’aura pas dépassé vingt ans. Un immeuble de bureaux doit, en effet, être le plus standard possible, pouvoir évoluer, être polyvalent pour faciliter sa commercialisation et sa location. La nouvelle conception y répond, alliant dimensions historiques et contemporaines, innovations architecturales et environnementales.

Un travail d’orfèvre

La reprise des charges est réalisée sur le nouveau rez-de-chaussée par un réseau de poteaux à base carré descendant jusqu’à l’entresol situé en bas. Sous cet entresol, la charge est reprise par un maillage en ossature métallique mis au point par l’équipe de maîtrise d’œuvre et réalisé par Dumez. Cette structure est constituée de 550 tonnes de poutrelles entrelacées et de poteaux en acier (profil HD). L’acier fait 8 cm d’épaisseur et supporte 630 kg/m² linéaire. Cette structure réalisée en trois mois a été soudée et boulonnée à 5 cm sous le plancher poitrail de 65 cm coulé en 1995. Cela afin d’assurer une hauteur minimum de 2,05 m au niveau de parking du premier sous-sol. Il a fallu localiser les descentes de charges et identifier les points porteurs. C’est un travail d’orfèvre : la tolérance est de 1 cm au maximum. La reprise effectuée, le poitrail sera découpé par sciage en dalles de 2 x 2 m pour être retiré et évacué. Chaque dalle pèsera 5 tonnes et l’opération durera cinq mois.

Bilan Animation intérieure et confort des espaces

Clarté, modularité, homogénéisation des espaces et surtout confort des occupants sont mis en avant. Cela passe d’abord par une reconfiguration complète des accès depuis l’intérieur du hall. L’ancien escalier monumental et les trois blocs d’ascenseur devenus vieillots ont été démolis et cèdent la place à un boc ascenseur/escalier en fond du premier bâtiment et, surtout, à un triplex principal de trois ascenseurs près du hall d’accès dans le second bâtiment. Le nouvel escalier allie esthétique et technique. Pensé pour animer l’espace, avec des jeux de lumière et d’évents, il est conçu sur la base d’un mur d’échiffre en forme de boomerang. Vitré côté extérieur, situé en bordure d’une seconde cour intérieur bordée de passerelles et agrémentée d’espaces verts, il est visible depuis de nombreux points de vue. Il est réalisé en dentelle de béton blanc.

Des plateaux soignés

En étages, la reconfiguration des espaces de travail est particulièrement soignée. Les îlots de bureaux sont prévus en décalé par rapport aux axes des fenêtres pour assurer une meilleure luminosité. La pose d’un plafond filant de type SAPP (Smart Acoustic Passive Power) est aussi bien adaptée à la configuration d’espaces de travail modulables et transformables. Il préserve la flexibilité de l’aménagement ainsi que le confort thermique et acoustique des occupants. Il accueille un système de rails clipsés portant les supports d’éclairage avec détecteur de présence pour assurer une visibilité optimum, variable automatiquement selon la luminosité naturelle de la pièce. L’habillage mural est réalisé en résine Krion, une surface solide et similaire à la pierre naturelle développée par Systempool, une société du groupe Porcelanosa. Les fenêtres Wicona à store intégré, posées par Duval Metalu, pivotent selon un axe vertical afin de laisser passer le filet d’air nécessaire à assurer une bonne convexion. Le chauffage et la climatisation sont maintenant alimentés par les réseaux de la ville de Paris : réseaux de chaleur CPCU (auparavant gaz) pour le chauffage et Climespace pour le rafraîchissement (auparavant climatiseurs électriques).

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