Pour Jean-Loup Patriarche, architecte, l'utilisation du bois appelle assez normalement celle de l'acier, d'une part pour « cadrer » esthétiquement le premier avec le second, d'autre part pour lui apporter protection et portance.
Le lycée agricole de Reinach a été édifié dans les années soixante dans le parc d'un ancien château, comme beaucoup d'établissements de ce type. Non seulement le parti n'était plus au goût du jour, mais les performances, thermiques ne correspondaient plus aux besoins actuels. Sa rénovation a été confiée par la Région Rhône-Alpes à l'agence Patriarche, à laquelle s'est imposée la reprise complète des façades de ce bâtiment « passoire». C'est un mariage de bois (pour ses qualités thermiques et esthétiques), et d'acier galvanisé (pour ses qualités de résistance physiques et durabilité) qui a été retenu au vu de l'élégance des lignes qu'il permet de concevoir. «Le bois s'est imposé à nous, en raison de l'activité du site, explique Jean-Loup Patriarche. Mais ce matériau, par ailleurs très plaisant, doit être travaillé comme on le fait en ébénisterie pour assurer sa pérennité. C'est-à-dire qu'il faut être sûr d'obtenir des coupes très franches.» Pour ce faire, le meilleur moyen reste de cadrer ce bois en le finissant sur des pièces d'acier qui en renforcent le «sérieux» et la durabilité.
La galvanisation, logiquement
La reprise complète des façades a été accompagnée de la mise en place de passerelles pour une nouvelle organisation des circulations. « Pour ces ouvrages, l'acier, ici galvanisé, s'imposait en raison de ses capacités de portance, comme le bois venait logiquement en façade», poursuit Jean-Loup Patriarche. Il aurait été maladroit de proposer des passerelles en bois, car il aurait fallu trop de matière pour supporter seulement son poids propre. Par ailleurs, là encore, le mariage bois-acier galvanisé est heureux par son aspect brut ».
Ce type d'ouvrage exige toutefois une conception précise de chaque pièce et Jean-Loup Patriarche de faire le rapprochement avec l'accastillage de bateau : «Par exemple, pour éviter que le bois éclate, les percements doivent être judicieusement positionnés, pour qu'il ne soit pas exposé à l'eau, il faut penser tous les cheminements possibles de celle-ci. De la même façon, le bois doit être éloigné du sol. »
Des bâtiments BBC par la mixité
L'alliance du bois et de l'acier trouve aussi son expression dans un projet de bâtiment dans l'écoquartier de Prevessin-Moens. « En logement, explique l'architecte, le béton a sa place dans les fondations et la structure principale et il faut l'exploiter pour sa résistance aux descentes de charge et son inertie. Mais en raison des épaisseurs d'isolant qui sont désormais nécessaires en façade, les ouvrages de fermetures doivent faire appel à des matériaux innovants et performants pour cet usage. Là encore, le bois a ses mérites, mais, là aussi, nous l'utilisons systématiquement avec l'acier. La performance de l'acier en résistance et sa légèreté servent au soutien, à l'encadrement. »
A Prevessin, le béton est présent dans le socle et les parties servantes, le bois vient en vêture, l'acier en armature. Il est utilisé aussi pour la casquette, sans risque de pont thermique, à l'inverse du béton.
Maîtres d'ouvrage : Lycée agricole de Savoie et ICAD 69 (Reinach), Priams (Prevessin-Moens).
Maître d'œuvre : Patriarche&Co, architecte.