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Réglementation au feu : l’exemple de l’hôtel de Sers

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Réglementation au feu : l’exemple de l’hôtel de Sers

Classique, la façade principale sur rue en pierre de taille s’élève sur huit niveaux, dont quatre ont été rajoutés, au début du xxe siècle. (Doc. DR.)

Récemment transformé en hôtel de luxe, cet ancien hôtel particulier parisien a dû être réaménagé et restructuré en suivant, point par point, la réglementation incendie concernant des locaux recevant du public, de type O.

Situé à proximité des Champs-Elysées, dans le 8e arrondissement de Paris, l’hôtel de Sers a été construit en 1880 par par Henri-Léopold Charles (marquis de Sers) selon les plans de l’architecte Jules Pellechet. Au début du xxe siècle, cet ancien hôtel particulier de quatre étages, en pierre de taille, s’est transformé en établissement de soins et a été surélevé de quatre niveaux et complété, sur la cour, d’un second édifice de six étages. Devenu ensuite hôtel de 64 chambres, le Queen Elizabeth a fait l’objet d’une rénovation globale, menée par l’architecte Thomas Vidalenc, de janvier 2003 à septembre 2004, date de sa réouverture. Il accueille désormais 52 chambres (dont sept suites et appartements), un hall d’accueil, un restaurant, une cuisine, un bar, un salon de détente, des salles de réunion et de fitness, ainsi qu’un sauna et un hammam. La rénovation a notamment porté sur le réaménagement intérieur des différents espaces publics et privés et sur leur mise en conformité avec la réglementation et les normes en vigueur. Pour cet établissement recevant du public (ERP), les dispositions réglementaires en matière de protection incendie sont regroupées dans l’arrêté du 25 juin 1980 et, plus précisément, dans le chapitre IV des dispositions particulières. L’hôtel de Sers est classé en 4e catégorie et son effectif cumulé – chambres, restaurant et locaux divers – se résume à 254 personnes. L’hôtel étant répertorié comme établissement de type O, les dispositions applicables sont celles où le nombre de personnes présentes dans les bâtiments est supérieur à 100. En terme d’aménagement intérieur des espaces publics, la catégorie de l’hôtel n’a pas eu d’influence sur le choix des matériaux employés qui doivent obligatoirement répondre aux classements de réaction au feu en vigueur.

Matériaux et mobilier : en fonction de la réaction au feu

Ainsi, les plafonds, classés M1 en réaction au feu, ont été réalisés en staff ou en plaques de plâtre. Dans le hall d’entrée et le restaurant, sous les verrières non assujetties à la réglementation, est suspendue une bande de faux plafond en plâtre axée et continue qui se superpose et fait un pendant au tapis rouge du sol. Cet élément permet d’intégrer discrètement l’éclairage par spots en sous-face et les gaines de climatisation, au-dessus. Le revêtement de sol, classé au feu M4, concerne les dégagements, les espaces publics et les chambres. Le restaurant et les couloirs sont couverts de pierre et de chemins en lès de moquette, les chambres de moquette et de parquet en chêne blanc (entrées intérieures), et la cuisine de dalles de grès cérame. Quant aux revêtements muraux, classés M2, la peinture est majoritairement présente, complétée ponctuellement de panneaux de bois plaqués, classés M3. Ces derniers sont tolérés car collés directement sur des murs ou des poteaux : s’ils avaient été posés sur une ossature engendrant un vide, ils n’auraient pas été réglementaires, car sujets au feu. Les murs dotés d’une isolation sont classés M1 et sont alors doublés de plaques de plâtre BA 13. Pour les tentures et les rideaux, classés M2, les rideaux sont en satin dans les locaux publics (restaurant, notamment) et en taffetas (soie artificielle) dans les chambres. Les éléments décoratifs (objets, luminaires, cadres, etc.) installés dans les chambres sont classés M2 ou M1, selon les cas. Pour ce qui est de l’agencement principal, dont le mobilier fait partie, les matériaux le composant doivent être classés M3. Sachant que les sièges ne doivent pas gêner les circulations, pour ne pas obstruer les issues de secours et que l’architecte a dessiné la majorité du mobilier non fixe, tels que les sièges, les canapés et les tables. Pour chaque siège équipant les chambres, le hall d’accueil ou les divers espaces publics, les matériaux utilisés sont tous classés. La structure, classée M3, est en bois et son piétement en métal, alors que le rembourrage, classé M4, est constitué de mousse de polyuréthanne. L’enveloppe, classée M2, se compose de skaï beige (cuir artificiel), de tissu velours ou de laine, en fonction des modèles choisis. Les banquettes étant recouvertes de tissu velours.

La cuisine, impérativement isolée, devait être rendue coupe-feu 1 h. Elle comporte des parois montées en carreaux de plâtre et elle est équipée d’un bloc-porte pare-feu 1/2 h, pourvu d’un ferme-porte. Côté équipement électrique, la réglementation ne s’applique pas aux luminaires, mais à l’éclairage de secours. Les blocs de secours ont dû être implantés à une hauteur minimale de 2,25 m ou se trouver hors de l’emprise de la circulation. Le matériel d’éclairage de sécurité doit pouvoir résister à une température de 850°C. Toutes ces contraintes bien assimilées n’ont aucunement entravé l’agencement diversifié des espaces intérieurs de l’édifice. Notons enfin que les chambres, assimilées à une habitation, n’ont pas été soumises à toutes les règles de sécurité incendie des ERP.

Le classement M utilisé en France est remplacé progressivement par les Euroclasses. Ce terme détaille 7 catégories de classification de réaction au feu de A1 à F. Seules les 6 premières correspondent à un classement, dont la concordance avec les classements M est approximativement la suivante : les produits euroclassés A1 et A2 sont utilisables pour des exigences de non-combustibilité M0, les classes B à E s’appliquent aux produits combustibles anciennement classés M1 à M4. Plus précisément pour les sols et murs : •A1 correspond à ce qui serait un super M0, •A2, B et C correspondent à l’actuel M3, •D et E correspondent à l’actuel M4, •F couvre les cas où aucune performance n’est déterminée.
M0Incombustible avec aucune inflammation au brûleur électrique.Son pouvoir calorifique supérieur doit être inférieur ou égal à 600 Kcal/kg.
M1Pas d’inflammation supérieure à 5 secondes après retrait de la flamme pilote, ni de points en ignition avec effet de propagation, ni chute de gouttes.
M2Les inflammations persistantes, spontanées ou provoquées, conduisent à des destructions telles que la moyenne des longueurs détruites mesurées à partir du bord inférieur des éprouvettes est inférieur à 350 mm, sans chute de gouttes.
M3Les inflammations provoquent des destructions telles que la moyenne des longueurs détruites est inférieure à 600 mm et que la moyenne des largeurs détruites mesurées à partir du bord inférieur de l’éprouvette est inférieure à 90 mm sur la partie de l’éprouvette comprise entre 450 et 600 mm, sans chute de gouttes. Les produits M2 avec chute de gouttes enflammées ou non mais qui ne provoquent pas d’inflammation de la ouate de cellulose.
M4Vitesse de propagation de flamme inférieure à 2 mm par seconde.Les produits M1, M2, M3 qui provoquent l’inflammation de la ouate de cellulose par des gouttes enflammées.

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