© (Docs. Carol Maillard, Fernando Javier Urquijo/studioMilou architecture.)
La restructuration de cette halle historique a nécessité un certain nombre de techniques complexes adaptées au contexte contraint, que ce soit en reprise de sous-œuvre ou en traitement des façades, de la structure et de l’acoustique.
Halle de marché typique du xixe siècle, le Carreau du Temple fut édifié à Paris (iiie arr.) en 1863 par l’architecte Jules Chambellan Amielh de Mérindol. Sur la quarantaine de marchés métalliques construits à l’époque dans la capitale, il n’en reste plus que cinq, dont le Carreau, qui fut amputé aux deux tiers en 1905. Néanmoins, il fut classé Monument historique en 1982.
Longtemps délaissé, l’édifice fait l’objet d’une réhabilitation intégrale depuis 2009, orchestrée par le studioMilou architecture. D’une capacité d’accueil variant de 1 500 à 3 200 personnes, cette halle, agrandie de 5 500 m², couvre une surface de 9 500 m², pour un coût global de travaux de 30,7 M€ HT. Cet équipement de quartier polyvalent mixe trois types de fonctions à caractère culturel, sportif et événementiel. Le vaste volume (2 000 m2) formé par les trois nefs conservées peut accueillir des manifestations exceptionnelles (défilé de mode, etc.). Il abrite un nouvel auditorium dédié à des spectacles vivants (concerts, théâtre, etc.) et un foyer. Le sous-sol créé de toutes pièces, abrite des studios d’enregistrement, ainsi que trois salles de sports, dont une salle d’EPS (1) destinée aux scolaires, un espace de danse et un dojo, tous deux dévolus au public et aux associations. Une autre particularité du projet est l’insertion d’un entresol, étage de service regroupant l’ensemble des réseaux et locaux techniques qui innervent les diverses activités du bâtiment. Ce principe permet de libérer de toute servitude technique le volume intérieur de la halle à triple nef laissé ouvert. Chaque extrémité de la halle intègre un dispositif automatisé de praticables encastrés sur vérins permettant d’installer des gradins (225 places en plus) ou des écrans d’occultation, afin de moduler et configurer l’espace à volonté.
Performances énergétiques de l’enveloppe
Les travaux, initiés fin 2009, ont consisté à dégager le volume de la halle (12 m au faîtage) de ses éléments inutiles. Les échoppes en fonte qui sont conservées, ont été démontées et stockées durant l’été 2010. S’en est suivi un sablage de la structure en fonte et acier, tandis que commencèrent des fouilles archéologiques qui durèrent un an. Les ossatures métalliques furent ensuite restaurées, les couvertures, verrières et murs de brique déposés. Reprises en sous-œuvre et terrassements sous la halle pouvaient commencer. Selon l’architecte Jean-François Milou, il fallait opérer « une réhabilitation idéale, minimale, révélant une architecture simple et épurée ».
Pour ce faire, des études pointues ont été menées sur les matériaux et l’aspect des façades dans le but d’améliorer l’isolation thermique et acoustique de l’ossature, et des remplissages vitrés et pleins sans dénaturer son aspect originel. La structure métallique préservée a été mise à nu, traitée et rhabillée de parement en bois. À l’intérieur du volume, « le bois est utilisé pour traiter les murs, plafonds et sols, pour mettre en valeur la charpente en acier. Le choix du chêne offre un seul matériau et une couleur unique au lieu », souligne le chef de projet Thomas Rouyrre du Studio Milou, le bois faisant contrepoint au métal.
S’il pare les façades, le chêne revêt également les pans de toiture, les cloisons et le parquet à lamelles du sol. Côté développement durable, les pans sud des trois verrières des nefs de la halle reçoivent des cellules photovoltaïques productrices d’énergie.
Ce projet participe, en effet, du Plan Climat de la Ville de Paris qui prévoit d’installer 40 000 m2 de panneaux de ce type sur les toits parisiens d’ici à 2014.