La reconversion du patrimoine hospitalier sera le grand thème des 60e journées d’études et de formation des Ingénieurs hospitaliers de France. L’occasion de s’interroger sur le devenir des hôpitaux.
Les soixantièmes journées d’études et de formation des Ingénieurs hospitaliers de France se tiendront à Marseille du 10 au 12 juin. Même si le président des IHF, Bruno Cazabat est un peu inquiet quant aux mesures prises suite au Covid19 et aux annulations d’événements en série, il reste « confiant et engagé ». D’autant que le programme est déjà bien ficelé. Cette année, le fil rouge sera celui de la mutation accélérée du patrimoine hospitalier.
Reconversion
Parmi ces mutations, la reconversion d’anciens sites hospitaliers. « Ces sites, inadaptés à l’activité hospitalière, sont bien souvent classés Monuments historiques ou assimilés et situés au cœur des villes. Il est alors question de leur donner une seconde vie ». Les exemples se multiplient : les cas de l’Hôtel-Dieu à Marseille (13) devenu Hôtel Intercontinental ou bien de l’Hôtel-Dieu de Lyon (69) transformé en complexe mixte avec hôtel, bureaux et commerces de luxe sont révélateurs. D’autres sites hospitaliers devraient suivre comme le CHU de Caen (14) où un arbitrage est actuellement en cours pour un aménagement en promotion de 45 000 m2 comprenant 600 logements, des bureaux… Ou encore l’Hôtel-Dieu de Paris, l’asile Perray-Vaucluse (91), etc. « Ces reconversions se font bien souvent de concert avec la ville, ce sont des aménagements complexes avec une valorisation/cession du foncier patrimonial et de ces impacts financiers. Ces opérations parfois sur concours en conception réalisation ressemblent à des projets hospitaliers, avec beaucoup de concertation que nous maîtrisons. Elles mettent en exergue l'importance d'une gestion à la fois rigoureuse et innovante du patrimoine ».
Mutation
Les hôpitaux de centre-ville sont-ils donc voués à disparaître au profit de grands complexes en périphérie ? Pas forcément, répond Bruno Cazabat. « Certains s’adapteront. Mais à un moment donné, on ne pourra plus rénover. Un plateau technique de 20 à 30 salles dans un bâtiment du Second empire est inenvisageable. Cela a un coût considérable et techniquement, c’est très compliqué. De même, aménager des chambres et augmenter les surfaces vitrées pour un meilleur confort des patients lorsque l’on ne peut pas toucher à une façade classée est complexe. Enfin, les techniques hospitalières ont changé : avec l’ambulatoire, plus besoin de rester dormir à l’hôpital, et avec l’arrivée de l’image hybride pour les opérations, les salles doivent être beaucoup plus grandes (70 à 80 m2). Nous n’avons donc pas intérêt à conserver des bâtiments non conformes. La reconversion de ces sites permet de mettre fin aux dépenses excessives et d’espérer financer par le produit de leur vente des bâtiments neufs plus fonctionnels et modernes ». Sachant que la plupart des hôpitaux sont situés sur des sites anciens et que l’on compte en France plus d’un millier d’établissements au total, cela laisse présager de grands chamboulements et travaux à venir.