Il y a deux CRS devant l’entrée du Groupe Moniteur, rue d’Uzès à Paris. Avec gilet pare-balles et carabine. Leur présence me paraît encore incongrue. Alors chaque matin, je m’interroge une seconde. Et puis je me souviens.
Il y a un écran sur le palier du deuxième étage. Avec des statistiques de consultation du site internet Lemoniteur.fr. En première place du classement de ce dernier mois, on trouve « Cabu, Charb, Tignous, Honoré… ils croquaient aussi le BTP », article vu 169 638 fois à l’heure où j’écris ces lignes - le deuxième affiche 81 542 vues. Bientôt il disparaîtra, un mois sera passé…
Il y a ces carrés noirs « Je suis Charlie » sur des couvertures récentes. Je commence à sentir le décalage, le contretemps. Comme une perte de substance à mesure que l’émotion s’estompe.
Que reste-t-il alors ? Des crimes abjects. Une émotion sincère. Un élan formidable. À moi, il me reste modestement un sentiment, jamais ressenti avec une telle force. En exprimant son soutien comme jamais à la liberté d’expression, le peuple du 11 janvier m’a rappelé l’essence de notre rôle de journaliste, en presse professionnelle comme ailleurs : délivrer une information digne de confiance, toujours renouvelée, jamais bradée. C’est beau une telle mission. C’est impressionnant aussi. Alors, je me suis dit que j’allais me remettre au travail et que le faire bien, c’était mon hommage le plus sincère à toutes les victimes.
Que reste-t-il alors ?
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