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Construire un Ehpad nécessite une organisation sans faille, une parfaite connaissance des normes de sécurité et des besoins des résidents. Un chantier complexe et coûteux.
Pour les Ehpad, la maîtrise des coûts relève d’une délicate équation. « Il faut réussir à appliquer la réglementation, sans oublier le bien-être des usagers », note Damien Tourneur, directeur du bureau d’études de maîtrise d’œuvre d’exécution de logements neufs chez Plurial l’effort rémois. Or ce bien-être coûte cher, car qu’il faut intégrer la dimension médicale et administrative des locaux. De fait, un Ehpad coûte environ 20 à 30 % plus cher qu’un logement collectif pour seniors et se révèle bien moins rentable au mètre carré.
La superficie des zones de circulation est en effet augmentée de façon sensible, afin de permettre le passage de lits et de brancards. Alors qu’en logement collectif, elle se limite à 10 % en moyenne, il faut compter 30 % en Ehpad. Il est également nécessaire de prévoir des bureaux, des salles de soins, de détente, etc. À Reims (Ehpad des Parentèles) par exemple, 80 % de la surface est réservée aux résidents et 20 % à l’administration.
Un tel contexte impose une approche pragmatique. Aussi les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre optent-ils pour des solutions techniques éprouvées, fiables à long terme, intégrables de façon esthétique et nécessitant le moins d’entretien possible, afin de réduire le coût de fonctionnement et de maintenance. À Reims, Toulouse, Courcouronnes (Essonne) ou Miribel-les-Échelles (Isère), les quatre maîtres d’œuvre ont ainsi installé une ventilation à simple flux dans les chambres, une solution moins chère, moins énergivore et exigeant moins d’entretien qu’une VMC double flux, selon eux.
Contrôle d’accès
Autre contrainte coûteuse : la sécurité. Dans ces chantiers, le traitement spécifique des unités Alzheimer s’imposait, à l’exception de l’Ehpad de Miribel-les-Échelles, chargé de n’accueillir que des personnes mentalement déficientes et où la question se posait donc dans tout l’établissement. L’ensemble des lots techniques (électricité, traitement de l’air et des fumées, menuiseries, etc.) pèse lourd dans le budget. Les équipements doivent être fiables, robustes, ne pas être accessibles ou visibles des pensionnaires. Il faut en effet non seulement respecter les normes de sécurité incendie en vigueur dans les ERP, mais également éviter les risques de fugue par des portes ou des fenêtres facilement manipulables. La seule façon de traiter le problème est d’installer un contrôle d’accès pour les zones concernées, d’asservir le système de sécurité incendie des accès à un local de surveillance infirmier actif 24 heures sur 24 et prévoir des solutions de « cloisonnement » (une évacuation classique étant impossible).
Un Ehpad se doit par ailleurs d’être un lieu convivial et apaisant. Il nécessite de larges apports de lumière naturelle, des patios ou jardins, ainsi que des matériaux, des meubles et des couleurs adaptés, source de repères et de stimulations pour les résidents. Un travail esthétique s’impose donc, sans nécessairement se traduire par une facture plus lourde. L’exemple du chantier de Toulouse est tout à fait significatif : « Nous nous sommes chargés du choix du mobilier de l’établissement, explique Vincent Visomblin, architecte chez TLR Architecture & associés. Cela a permis à la maîtrise d’ouvrage de réduire la facture de 30 % par rapport à un fournisseur de meubles classique. Nous avons dessiné les meubles, sélectionné les couleurs avec un architecte coloriste et confié la fabrication sur mesure aux menuisiers déjà présents sur le chantier ». L’initiative a ainsi permis de fédérer plusieurs savoir-faire de façon efficace, à coût réduit, sans nuire à la qualité du projet.