Les hébergements insolites les plus variés se côtoient dans le parc résidentiel de loisirs DéfiPlanet (Vienne).
© Docs. DéfiPlanet
Derrière leur diversité, les habitats de loisirs atypiques doivent respecter des conditions d’implantation précises et répondre à des contraintes techniques spécifiques selon leur environnement. Le tout sans faire l’impasse sur un certain confort, même en plein air !
Même les mots font leur valise ! Prenez glamour, prenez camping, vous obtenez « glamping ». C’est par ce terme que l’on désigne le tourisme pratiqué dans des hébergements alternatifs (et cependant qualitatifs), de plein air. Un marché de niche, mais qui a la faveur du grand public et vient s’inscrire dans la tendance plus générale des hébergements insolites. Au sein du réseau Gîtes de France et tourisme vert par exemple, 635 hébergements sont labellisés comme tels (sur une offre globale de 60 000 locations de vacances). « Mais ils sont répartis en une trentaine de sous-catégories, souligne Fabien Desmaux, responsable ingénierie, développement et qualité aux Gîtes de France. C’est dire la difficulté à les classifier ! À côté des bâtiments vernaculaires classiquement réaffectés à un nouvel usage (pigeonniers, chapelles, habitations troglodytes, etc.), on a vu émerger des structures customisées (container, carlingue d’avion), traditionnelles et caractéristiques du nomadisme (roulottes, tipis, yourtes), mais aussi différentes typologies de cabanes, ou bien encore des bulles… »
Aux marges du cadre législatif
En moins de dix ans, l’expérience touristique s’est invitée au cœur de la nature. Porté par le succès des premières cabanes dans les arbres, l’insolite de plein air semble ne plus connaître de limites. Mais il se situe quelque peu à la marge du cadre législatif et réglementaire. « Le manque de classification de ces hébergements ne signifie pas toutefois que leur implantation en plein air soit libre, avertit le juriste fiscaliste Francis Varennes, spécialiste du tourisme rural. Elle se détermine simplement en vertu d’une transposition des réglementations applicables aux modes d’hébergement déjà définis, tels que les résidences mobiles de loisirs (RML) ou habitations légères de loisirs (HLL) (lire encadré p. 40). » À noter que l’implantation de ces dernières doit faire l’objet d’une déclaration de travaux en mairie si leur surface Shon excède 35 m2. « Cela vaut également pour les cabanes dans les arbres, même si elles sont hors sol », précise Antoine Thibaud, directeur associé de la société Cabanes et Vous.
Des labels propres aux hébergements insolites ont été mis en place ces dernières années - par exemple au sein des réseaux Gîtes de France et CléVacances - pour encadrer l’essor de ce tourisme, à la fois en termes de zone d’implantation, d’équipement, de confort, de sécurité et de respect de l’environnement naturel.
Liberté de conception
Il faut dire que les obligations constructives sont restreintes : les habitations légères de loisirs échappent à la RT 2012 et le plus souvent à la réglementation ERP en raison de leur capacité d’accueil réduite. D’où une relative liberté de conception. Si les habitations perchées ou flottantes présentent des contraintes techniques particulières, puisqu’il faut garantir leur stabilité hors sol (lire encadré p. 41), les habitations de type chalets, cottages, fustes et autres bungalows reposent classiquement sur un revêtement de type dalle béton ou sur un plancher dans le cas les yourtes.
À noter qu’en la matière, l’insolite ne réside que rarement dans le geste architectural. Il faut vraiment une demande expresse de la maîtrise d’ouvrage pour voir émerger des spécimens tels que les maisons « champignon », « poule », « lapin » ou « escargot » du parc DéfiPlanet, à Dienné (Vienne). « Mais, malgré la diversité de leurs aspects, ces habitations découlent toutes de la même méthode constructive, souligne Bertrand Montarou, architecte aux Ateliers Montarou et associés, concepteur de ces “habitats métaphoriques” Ce sont des maisonnettes construites sur radier, avec une ossature en bois pré-assemblée et un parement en béton projeté ou bien en bardeaux de bois. »
Pour le reste, les hébergements sont généralement de plain-pied, d’une surface réduite, et doivent répondre aux stéréotypes du genre : une cabane doit d’abord ressembler à une cabane ! La dimension écologique se traduit par la généralisation du matériau bois et, autant que possible, des solutions à faible empreinte environnementale (conception bioclimatique, ventilation naturelle, etc.). Selon l’usage (chambre d’hôte ou logement saisonnier), les HLL sont raccordées aux réseaux d’eau et d’électricité des terrains sur lesquels elles sont implantées, ou bien des blocs sanitaires indépendants sont mis à la disposition de leurs occupants.
Bulles autonomes
Certains peuvent néanmoins briguer l’autonomie énergétique, à l’instar des cabanes flottantes ou encore des bulles gonflables que propose la société Bubble Tree. Pierre-Stéphane Dumas, leur créateur, a en effet poussé à l’extrême la réflexion sur l’hébergement écotouristique et écoresponsable en mettant au point un concept d’habitat de loisirs ultraléger, capable de fonctionner en autarcie.
Il s’agit d’une bulle souple constituée d’une très fine membrane en polyuréthane ou PVC, dépourvue d’armatures et maintenue en forme grâce à la surpression conférée par une turbine à faible consommation (55 à 97 Watts), « dont l’alimentation peut largement être assurée par 2 m2 de panneaux solaires, à défaut d’un raccordement au réseau d’énergie ». Ce système de ventilation ne va pas seulement « tenir » la structure, mais permettre le renouvellement, le traitement (via des filtres à particules) et la déshumidification de l’air intérieur. Toilettes sèches et dispositif de recyclage des eaux sont également proposés en options.
Enfin, l’accessibilité PMR n’est pas oubliée. C’est ainsi qu’une yourte isba, un chalet et deux « maisons de farfadets » du parc DéfiPlanet sont labellisées « tourisme et handicap », de manière à ce que l’expérience insolite puisse être rendue possible au plus grand nombre.