Une structure d'acier constituée de deux poutres de 3,60 m de hauteur, qui associe poutres Warren et poutres Vierendeel, suspendues sur un plot de béton, sont les âmes des locaux de la communauté de communes du Sidobre Val d'Agout.
Îlot de granit de 15 km de long et 7 km de large au milieu d'un océan de schistes, le Sidobre est connu pour ses monuments naturels de roches entassées parfois en équilibre les unes sur les autres. C'est un haut lieu touristique après avoir été surtout un lieu d'extraction, ce qu'il demeure.
En 1996, l'architecte Jean-Marie Pettès avait livré un centre d'accueil à la conception remarquée. Aussi la communauté de communes s'est-elle adressée à lui pour la réalisation de son siège. « Autant le premier immeuble devait être ouvert puisqu'il s'adressait au public, autant le second m'a paru devoir suggérer une mise à distance, signifiant son rôle de bâtiment de décision », explique l'architecte. Ce qui se traduit par la conception d'une boîte compacte en acier, largement vitrée, l'étage noble, posée sur une autre boîte de béton en rez-de-chaussée, plus fermée, qui abrite les services et dépendances : gestion, repas, etc.
L'ensemble est habillé de plaques de granit (« d'écorce » selon les termes de l'architecte), qui portent encore les traces des barres à mines qui ont servi à creuser les trous destinés aux explosifs. Sous une apparence très simple, ce bâtiment cache une conception technique subtile.
Fondé sur micropieux (le sol est truffé de cavités), le bâtiment s'appuie donc sur un simple pavé de béton qui supporte l'étage en porte-à-faux. « Afin de libérer totalement la façade vitrée, nous avons conçu deux grandes poutres qui sont un mixte de poutres Warren et de poutres Vierendeel, explique Guillaume Niel, du bureau d'études Terrell. L'une est en nez de façade arrière, l'autre en retrait pour dégager au maximum la façade avant. Elles reprennent le solivage des planchers et l'empannage de la toiture. » Ces poutres, d'une hauteur de 3,60 m, comportent en effet des diagonales chaque fois qu'il était possible d'en mettre, mais, à l'emplacement des portes qui devaient les traverser, en particulier la porte de la grande salle, des cadres remplacent les diagonales. Parmi les contraintes importantes, une raideur suffisante pour éviter que le plancher ne vibre à certaines fréquences, cause d'inconfort pour les occupants. « Il fallait enfin que ces éléments, livrés d'un seul tenant sur le chantier, encaissent plus de 250 tonnes sur les nœuds d'accrochage et supportent des vitrages de grandes dimensions », ajoute Jean-Marie Pettès.
Plancher collaborant : minceur et résistance
Le concepteur souhaitait également que tant l'acrotère que le nez du plancher de l'étage n'excèdent pas 40 cm d'épaisseur. « Pour le plancher, nous avons retenu un plancher collaborant - béton coulé sur plaques d'acier - qui assure une excellente portance pour une faible épaisseur. En toiture, des chéneaux encaissés permettent de rester dans le gabarit fixé », détaille Guillaume Niel. ?
Maître d'ouvrage Communauté de commune du Sidobre
Architecte Jean-Marie Pettès (If Architecture)
Bureau d'études Terrell group