Le plafond de la nef hexagonale culmine à 18 m, permettant d'exposer des œuvres monumentales.
Premier établissement délocalisé du Musée d'art moderne de Beaubourg, le Centre Pompidou Metz (CPM) s'avère aussi novateur que son aîné en matière d'organisation des espaces. Comptant parmi les plus grands lieux d'expositions climatisés d'Europe, il étrenne le concept de musée sans réserves dans d'immenses volumes pour accueillir l'art contemporain dans toutes ses dimensions.
Dès les premières phases, un trio a tissé le fil conducteur du programme : Laurent Le Bon, alors conservateur du Centre Pompidou, Philippe Hubert, architecte de la Ville de Metz devenu directeur technique du CPM, et le programmateur parisien Jérôme Dourdin ont maintenu durant six ans la cohérence du projet. « D'ordinaire, on construit un musée autour d'une collection existante. Un musée sans collection laisse toute liberté de créer un espace vivant et attractif. Le programme s'est enrichi au fur et à mesure de l'avancée du projet, sans jamais dévier du concept initial », témoigne Jérôme Dourdin, aujourd'hui chargé d'une mission de définition du mobilier muséographique et non muséographique et de la signalétique du CPM.
Metz, un prolongement naturel de Paris
Riche de 60 000 œuvres, dont 2 000 seulement sont exposées, le Musée national d'art moderne du Centre Pompidou trouve au CPM les volumes qui lui faisaient défaut. L'établissement parisien n'a ainsi jamais pu exposer dans ses propres locaux le rideau de parade de Picasso, œuvre majeure de 10 m sur 16,50 m. Les sculptures monumentales ou les œuvres complètes volumineuses trouveront dans les 5 000 m2 de l'espace d'exposition messin un écrin à leur taille. « La richesse des collections donne libre cours à une programmation dynamique, d'autant que les grands plateaux pluridisciplinaires permettent l'expression de toutes les formes d'art contemporain », affirme Laurent Le Bon, directeur du CPM.
Intérieur minimaliste
Conçu pour attirer une clientèle internationale, le CPM doit également fidéliser les touristes de proximité. Imposée par l'absence de réserves, la rotation des expositions doit inciter les visiteurs lorrains, sarrois et luxembourgeois à revenir fréquemment pour y redécouvrir, chaque fois, un musée différent. Les renouvellements par moitié permettent de garder en permanence une partie du musée en activité. Aucune œuvre ne restera à demeure plus de trois ans. « Autant l'architecture extérieure est spectaculaire, autant l'espace intérieur du CPM se veut neutre et minimaliste pour se mettre au service des œuvres », souligne Philippe Hubert, directeur technique du Centre Pompidou Metz. Offrant des volumes uniques en Europe, le musée consacre la moitié de ses 11 000 m2 de surface globale à la présentation des œuvres. Alors que dans certains musées, les réserves, circulations ou bureaux occupent jusqu'à 10 m2 pour 1 m2 d'exposition, l'établissement lorrain réduit ce ratio à 1 pour 1.
Sur le parvis des Droits-de-l'Homme à Metz comme sur celui de Pompidou à Beaubourg, la vie doit naître d'un spectacle permanent. L'espace librairie et la boutique resteront ouverts tard, de même que la cafétéria et le bar dont les terrasses donnent sur un remarquable jardin paysager. Dans l'éclat blanc de la lumière du chapeau de Shigeru Ban, renaît ainsi l'utopie de Beaubourg dont les tuyaux promettaient d'irriguer d'art contemporain l'ensemble du territoire.