Lors de ses vœux, Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie, a insisté sur les besoins en recrutement. Aider les décideurs à prendre les bonnes décisions en lien avec le climat et attirer davantage de femmes sont deux moyens pour rendre les métiers de l'ingénierie plus attractifs. Un article de notre consœur du Moniteur, Julie Nicolas.
« Le recrutement constitue un réel problème. Il nous arrive même de ne pas pouvoir répondre à des appels d’offres faute de ressource disponible », confiait l’un des adhérents de Syntec-Ingénierie en marge des vœux de l’organisation professionnelle le 16 janvier 2020.
Le discours de son président, Pierre Verzat ne peut que faire écho à cet enjeu de taille pour la profession avec deux points saillants : le climat et l’égalité homme/femme.
Sur le premier point, la charte d'engagement de l'ingénierie pour le climat constitue en réalité une réponse au « Manifeste pour un réveil écologique » lancé en 2019.
Avec ce texte, les jeunes diplômés "challengent" les entreprises lors des entretiens d’embauche et déclinent les propositions d’emploi si les engagements pris sont jugés insuffisants. « Nous avons pris cette menace très au sérieux et mobilisé notre « Conseil des jeunes pros » afin de savoir ce qui leur donnerait envie de venir travailler dans l’ingénierie », rappelait Pierre Verzat.
Le résultat de ces réflexions a été la « Charte d’engagement de l’ingénierie pour le climat ».
« Plutôt que des choses simples à base d’interdit et de renoncement, nous proposons aux jeunes un chemin plus difficile, qui consiste à être dans l’action et à être force de proposition, poursuit-il. L’essence de l’ingénierie est de faire partie de la société et de concentrer l’énergie intellectuelle sur les nouveaux enjeux comme la transition écologique, l’environnement, le développement durable… Le corps social comme les décideurs politiques ont besoin d’aides à la décision pour réaliser les bons arbitrages. Que vaut il mieux faire ? ou agir ? Sur l’énergie, le recyclage, les avions… ? Il n’y a pas qu’une seule solution et elle n’est pas à base d’interdits. Nous travaillons sur la transition énergétique avec plusieurs étapes. »
La première sera d’aller recruter au-delà des 51 premiers signataires de la charte afin d’embarquer même les plus petites entreprises dans la démarche. L’objectif est ensuite d’établir des indicateurs afin de mesurer l’empreinte carbone des entreprises et de leurs activités. Il s’agira de se présenter devant les jeunes lors du prochain événement de Meet’Ingé en 2020 avec des résultats concrets à leur présenter.
Rendre l’ingénierie attractive
Dans le même ordre d’idée, Syntec-Ingénierie veut recruter davantage de femmes. Elles représentent 30 % dans « ces métiers considérés comme d’avenir » actuellement. Alors qu’elles ne sont que 20 % en sortie d’écoles. « Nous ne pouvons pas laisser de côté la moitié des cerveaux, il y a donc tout un travail à mener auprès des élèves avant le bac pour rendre nos professions plus attractives. Elles doivent pouvoir choisir leur carrière sans a priori sur un métier masculin, dur ou inhumain, ce qui n’est pas le cas » a souligné Pierre Verzat.
« Nous sommes de plus en plus engagés dans la transition écologique avec des contraintes environnementales fortes, des problématiques qui attirent davantage de femmes dans les formations », a-t-il indiqué.
A une autre échelle, l’organisation professionnelle veut aussi être force de proposition au niveau du gouvernement lors du vote de la loi égalité homme/femme qui doit être présentée au parlement à la fin du premier trimestre pour donner accès aux femmes à ces métiers.