catherine gouhier, directeur Techniques et mesures du Criirem (centre de recherche et d’informations indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques).
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Tout appareil électrique, tout fil électrique génère dans son environnement un champ électromagnétique 50 Hertz, soit un champ électrique 50 Hertz et un champ magnétique 50 Hertz. Le champ électrique se mesure en Volt par mètre (V/m) et le champ magnétique en micro Tesla (µT). Ainsi, une ligne THT (très haute tension) 400 000 V produit un champ électrique de 1 000 à 10 000 V/m et un champ magnétique de 1 à 160 µT. Une cafetière électrique produit un champ électrique de 15 à 250 V/ m et un champ magnétique de 0,1 à 0,4 µT, à 30 cm de distance suivant la qualité de mise à la terre de l’habitation. Pour une maison bien conçue sur le plan électrique, on peut mesurer un champ électrique de 1,5 à 10 V/m et un champ magnétique de 0,02 à 0,1 µT. À l’inverse, ces valeurs peuvent fluctuer de 10 à 200 V/m et de 0,05 à 2,7 µT. Des valeurs qu’il faut comparer aux valeurs maximales d’exposition reconnues par l’ensemble de la communauté scientifique qui sont de 0,25 µT pour le champ magnétique induit par les courants électriques et de 0,6 V/m pour les champs électriques générés par la téléphonie mobile ou les hyperfréquences. Les normes appliquées actuellement sont les normes européennes, soit 100 µT pour le champ magnétique 50 Hertz et 41 Volt/ m pour la téléphonie mobile.
Les ordinateurs ont été les premiers équipements mis en cause après l’apparition de nombreux troubles chez leurs utilisateurs. Dès mai 1991, une première loi limitant leur utilisation dans le domaine du travail a donc été votée. Fours à micro-ondes, lampes basse consommation et téléphones portables sont des appareils fonctionnant avec des fréquences beaucoup plus importantes (Mégahertz), susceptibles de provoquer des perturbations à d‘autres appareils. Les téléphones mobiles interfèrent avec les pacemakers et parasitent les systèmes informatiques de surveillance (avions, centres de soins). Mais nous venons de découvrir que les lampes basse tension ont des effets similaires. Cela provient de l’absence de blindage de leur ballast électronique. Notre étude montre que tous les fabricants sont concernés. Il en ressort que les ampoules à économie d’énergie, en fonction de leur puissance et de la distance des mesures, élèvent considérablement les rayonnements radioélectriques lorsqu’elles sont allumées. Les valeurs détectées varient de 180 V/ m à 4 V/ m dans les 20 premiers centimètres pour des puissances allant de 20 à 11 Watts. Pour des puissances de 7 à 5 Watts ces valeurs sont moindres, mais varient de 34 à 2 V/ m dans les 20 premiers centimètres, et il faut 1 m de distance pour retrouver une valeur de bruit de fond électromagnétique naturel qui est de 0,2 V/m. En raison des valeurs détectées il y a lieu d’alerter : les personnes qui les utilisent comme lampe de chevet, très proche de leur tête de lit, sur leur table de travail ou sur leur bureau, car elles peuvent être exposées, à des champs électriques qui vont de 2 à 100 V/ m, voire davantage ; les personnes qui sont appareillées avec des dispositifs d’assistance médicale, actifs ou inactifs (pacemakers, pompes à médicaments, prothèses, clips veineux, appareils auditifs…) car elles peuvent être exposées de façon instantanée, lors de la mise en service des ampoules, à des pics de champs électriques de l’ordre de 100 à 300 V/m, voire davantage et par la suite, en fonction des distances et des puissances impliquées, à des champs électriques de 2 à 100 V/m. Il en résulte que des effets de compatibilité électromagnétique (CEM) sont à craindre et que des dysfonctionnements et des incidents sur les implants médicaux électroniques restent possibles, avec des conséquences sanitaires importantes pour les personnes exposées.