Les bandes continues de toiles acoustique blanche (Barrisol), dénuées de joints, ont été fixées et tendues en sous-face de la charpente, à partir d’un platelage métallique provisoire.
© (Doc. Atelier Po & Po.)
À partir d’une ossature et d’une charpente en bois lamellé-collé, les verrières couvrant les cinq sheds se composent de coussins gonflables hélicoïdaux qui captent au maximum la lumière et les rayons solaires selon plusieurs orientations.
«Trois parties différenciées sous une vaste toiture, avec le volume principal des bassins abrité sous de larges palmes bombées scandant l’espace », résume l’un des architectes de ce projet de centre nautique. Dominant la vallée de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), la piscine de la communauté d’agglomération de Marne et Gondoire a été conçue par l’architecte-ingénieur Marc Mimram, associé aux architectes Jean-Luc Calligaro et Bruno Palisson. Cette réalisation s’ouvre largement en façades nord et est sur un coteau boisé, tandis que la façade sud est plus fermée, pour éviter un vis-à-vis trop direct avec le lycée en place. La surface hors œuvre nette de l’édifice est de 3 580 m2, pour un coût d’investissement qui s’élève à 8,4 Me HT. « L’objectif essentiel étant de transformer la toiture en un capteur adapté aux lumières chaudes du sud ».
Mesurant 71 m de longueur par 53 m de largeur, le bâtiment se développe linéairement d’ouest en est, selon trois entités distinctes. La première, située en façade ouest, comporte l’entrée et son sas, protégés par un large auvent. Donnant sur le hall d’accueil, ces espaces sont surmontés de plusieurs bureaux et d’un club house, prenant place à l’étage. Le hall dessert les vestiaires (individuels et collectifs), les douches et les sanitaires publics ainsi que les vestiaires du personnel, les locaux matériel et compresseur, des bureaux et l’infirmerie. L’ensemble de ces espaces à rez-de-chaussée, qui représente une emprise de 17,50 m de largeur par 65 m de longueur, forme la seconde entité. Cette dernière, à vocation fonctionnelle et considérée comme une « aile autonome » orientée au nord, est quant à elle englobée dans une boîte en béton.
Charpente en lamellé-collé, en trapèzes alternés
Cette aile est accolée au vaste volume principal qui abrite les gradins et les divers bassins : le bassin de compétition de 400 m2 (16 x 25 m), le bassin d’apprentissage de 200 m2 (10 x 20 m), la pataugeoire de 30,50 m2 de forme ovoïde et le bassin de loisir de 150,50 m2 qui se prolonge à l’extérieur par une rivière et un autre bassin de 144,50 m2 bordé d’une plage. Quant au sous-sol, il loge les locaux techniques de traitement des eaux (filtres et pompes) et de l’air. La structure porteuse de la halle se compose, du côté de la façade nord, d’une succession de doubles poteaux en bois lamellé-collé de 490 mm de largeur par 140 mm d’épaisseur, espacés de 6,30 m. Chacun moise une poutre en lamellé-collé de 160 mm d’épaisseur par une hauteur variant de 1,80 m à 2,20 m. Ces poutres, implantées à différentes hauteurs, génèrent une différence d’altimétrie permettant de créer des sheds particuliers en toiture. Les hauteurs totales, sous toit, oscillant entre 7,10 m et 9,60 m. En revanche, sur l’autre façade, côté sud, ces mêmes poutres reposent sur des poteaux en béton noyés dans des voiles en béton. Leur portée, qui augmente progressivement vers l’est, soit vers la vue paysagère, varie de 27 à 37 m. En fait, la structure et la charpente ont été entièrement réalisées en bois lamellé-collé, car le bois possède le double avantage d’être stable au feu et très résistant à une atmosphère constamment humide. Leur conception et réalisation ont été compliquées à gérer, à cause de la forme trapézoïdale des travées, de leurs différences de hauteurs et de la modénature particulière de la façade principale nord. Cette dernière se développe en effet suivant une succession de cinq redents de 2,50 m de débord et de largeur presque identique, d’environ 12 m. Le soubassement, totalement vitré, affiche cinq panneaux menuisés semblables : un sixième greffé se rapporte au module entrée.
Traitement acoustique approprié
Concernant les cinq travées successives, chacune comporte deux poteaux et deux grandes poutres sur lesquelles viennent se fixer des pannes, des bracons et des éléments de contreventements. Dessous, leur forme en W provient d’un jeu de quatre pannes, assemblées deux par deux en V, et dont la position s’étire ou se compresse selon son implantation. Ce système sophistiqué, qui crée des plis à différentes hauteurs, offre une vision dynamique de l’ensemble du volume. De plus, ces éléments mouvementés d’aspect laiteux s’harmonisent parfaitement avec les carrelages blancs du sol des plages et des bassins. Et, outre des façades largement vitrées (au nord et à l’est), cet ensemble immaculé offre une luminosité accrue au vaste espace. De fait, ces sortes de vagues sont revêtues d’une toile tendue lisse et blanche (Barrisol) qui leur concède une qualité esthétique et une fonction acoustique de diffraction des sons. Et pour parfaire l’absorption acoustique du grand volume, la façade sud est agrémentée, sur ses parties opaques hautes, de panneaux acoustiques (Fibralith) non réverbérants. Le traitement acoustique de ce type d’équipement est en effet primordial, afin de traiter le mieux possible les multiples sons réverbérés, dont les sources de bruits proviennent surtout des bassins et du sol. Quant aux cinq verrières des sheds de la toiture, elles sont dotées de coussins gonflables, confectionnés d’un seul tenant. Chaque trame est en effet équipée d’un coussin long de 27 à 37 m et de 4 m de largeur, et en forme d’une « hélice ». Il se compose d’une succession de lés à trois membranes d’Etfe (1) superposées et soudées entre elles. Ce matériau performant en plein essor présente de nombreuses qualités, puisqu’il est léger, transparent, autonettoyant, résistant (aux produits chimiques), isolant (thermique et acoustique), durable et recyclable. Par ailleurs, les quatre bassins sont réalisés en béton coulé, selon une technologie pointue en plein développement.
Des bassins en béton surarmé
Aussi, ils ont fait l’objet d’une note de calcul particulière mise au point par les ingénieurs de l’entreprise de gros œuvre Lucas, celle-ci ayant été également chargée de leur pose. Ces calculs ont pour but de garantir une bonne durabilité aux ouvrages, sous-tendue par la suppression de tout risque de fissuration ultérieure des fonds et des parois. La mise en œuvre est sensiblement la même pour tous les bassins. Sauf, que pour le plus vaste d’entre eux, dédié à la compétition, son fond repose sur un gros radier, pour rendre l’ouvrage plus résistant. Alors que les autres possèdent des planchers moins épais. Ceux-ci sont portés sur des fondations, soient des semelles filantes et des murs de soubassement arasés en pente. De plus, ces bassins font l’objet de points techniques spécifiques importants. Le premier concerne l’insertion d’un grand nombre d’armatures dans les murs et les dalles de planchers, afin de les rendre très résistants. Le second se rapporte à la pose systématique de joints mousse, effectuée à tous les raccords d’éléments en béton coulés en place. Ces deux techniques représentent un gage de durabilité et d’étanchéité efficace, ces ouvrages étant fort sollicités. En fait, par rapport à un béton normal, le béton préparé ici est surarmé, puisqu’il recèle environ 60 % d’armatures en plus. Il semble que pour la majorité des bassins de piscines actuellement construits, la technique de recouvrement des parois et des fonds en béton coulés, à l’aide d’un produit d’étanchéité à base de ciment et de résine, de type Sika ou Etandex, est couramment employée. Or, cela présente un risque de fuites plus élevé, dû à une application du produit plus ou moins correcte, entraînant des désordres (fissures, éclatements, etc. D’où l’intérêt de la méthode de pose utilisée ici qui prend en compte la masse des ouvrages, en la rendant plus solide dans le temps.