Pilote de maquette numérique :un métier à haute valeur ajoutée

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Pilote de maquette numérique :un métier à haute valeur ajoutée

Si l’objet maquette numérique est une voisine bien connue dans les industries cousines que sont l’aviation, l’automobile ou la construction navale, elle reste encore une nébuleuse dans le métier du bâtiment. Peu connue, voire ignorée, crainte et parfois sciemment écartée.Il est pourtant des moments d’architecture où elle s’impose. Tout d’abord dans un courant contemporain de recherche architecturale qui tend à générer des formes libres, les outils informatiques basés sur des géométries Nurbs et paramétriques se déploient à grande vitesse chez les jeunes architectes et donc dans les grandes agences. Par ailleurs, la complexité croissante des exigences environnementales et réglementaires, la baisse des coûts sont des mouvements de fond qui appellent des solutions numériques matures autour de la maquette virtuelle. La notion de performance énergétique associée logiquement à celle d’exploitation-maintenance d’un bâtiment redimensionne radicalement notre acceptation de la réalité technique d’un ouvrage. Les dérapages financiers, coutumiers sur l’ensemble du processus constructif, deviendront rapidement intolérables. Parmi eux, le défaut d’inter­-opérabilité entre acteurs fait l’objet depuis quelques années d’études qui révèlent et sanctionnent d’énormes gaspillages.

La maquette numérique, version française du BIM (Building Information Modeling), apporte indéniablement une partie de la réponse à ces nouvelles exigences. Son potentiel intrinsèque de synthèse, de simulation et d’information en fait un véritable “ lieu ” d’anticipation stratégique incontournable.

Cette matière virtuelle partagée se constitue de géométries et d’informations associées qui, tout au long d’un projet, représentent une somme massive, changeante et polymorphe d’entités qu’il faut administrer (formes architecturales, structure, lots techniques, second œuvre…). La solution du “ tout intégré ” proposée par les grands éditeurs de logiciels n’est pas suffisante, tant la pluriculturalité des métiers de la conception est une réalité importante et précieuse à prendre en compte. La notion de BIM, précipitamment récupérée par certains, n’a de sens que si elle permet l’échange réel et transparent entre acteurs, indépendamment de l’écurie qui signe leurs outils. C’est ainsi que le métier de “ pilote de maquette numérique ” prend tout son sens et devient un pivot nécessaire du travail commun autour de la maquette. Ce pilote est déjà présent sur toutes les expériences notables récentes et passées qui ont utilisé une maquette numérique. Rich Smith, ingénieur IBM, en est l’illustre pionnier qui, en 1991, l’introduisit avec succès chez Frank Gehry. Aujourd’hui, le projet de la Fondation Louis-Vuitton de Gehry Partners, celui de la Canopée des Halles de Berger & Anziutti vont permettre des retoursd’expérience très intéressants.

Mais pourquoi un pilote ? Parce que la vocation d’une maquette est d’être transversale, pluridisciplinaire. Son champ d’utilité sort du cercle des responsabilités des acteurs pris un à un. Pour être efficiente, la maquette doit accompagner le projet de l’amont à l’aval, depuis les phases d’avant-projet jusqu’au Dossier des ouvrages éxécutés pour servir in fine la maintenance et l’exploitation des bâtiments modernes. Tout l’intérêt réside dans le fait que la somme d’informations considérables recueillies, peut être délivrée avec pertinence à tout moment. Une équipe formée et pluridisciplinaire, constituée de spécialistes de la 3D architectes ou ingénieurs, peut administrer une maquette numérique et scander l’avancement du projet par des statistiques, anticiper et simuler des solutions, mettre en place les définitions paramétriques pour ouvrir la piste à des recherches de solutions non-standard, mettre à jour selon les évolutions, et veiller à la cohérence des échanges entre acteurs...

Si de nombreux avantages militent pour la maquette numérique, il faut néanmoins prendre en considération tout l’environnement qui accueille et conditionne son adoption à large échelle qui n’est, à l’heure actuelle, peu ou pas préparé : les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, l’État, les écoles. Car la mise en œuvre d’une maquette numérique pose de nombreuses questions en termes de pratiques, de missions, de limites de responsabilité, de coûts et les bénéfices asynchrones (celui qui investit n’est pas celui qui en tire les bénéfices immédiats), de rôles des acteurs. Un chantier en soi qui va obliger le monde du bâtiment à évoluer rapidement en même temps que les outils numériques mis à sa disposition.

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