Les désordres sur les arêtes proviennent d’une absence de goutte d’eau en pied de panneau et d’un joint d’étanchéité trop en retrait.
© (Doc. Seigneurie.)
Les façades en béton de la tour Espace 2000, sur le front de Seine à Paris, prennent un coup de jeune : trente ans après leur réalisation, elles ont été entièrement ravalées et imperméabilisées, sans décapage systématique du film de revêtement d’origine.
Construite à Paris sur le front de Seine, la tour Espace 2000 est un immeuble de grande hauteur (IGH de 32 niveaux) à usage d’habitation (227 logements). Depuis sa construction en 1970, les campagnes de réparation menées sur les façades n’ont pas empêché, voilà deux ans, des éclats de béton de s’en détacher, risquant à tous moments de blesser des passants. Des fuites sont également apparues aux droit des joints entre panneaux. Participant à l’architecture particulière du bâtiment, ces façades se composent :
– du rez-de-chaussée au 5e étage, d’un parement en béton architectonique protégé par un revêtement plastique semi-épais (Rpse) de ton blanc cassé ou brun ;
– du 6e au 31e étage, de panneaux préfabriqués en béton, en pointes de diamant, protégés par un Rpse ignifuge de couleur brune. Ces derniers forment des modules encadrant des baies vitrées constituées de fenêtres et d’allèges.
Un diagnostic établi en octobre 2001 concluait à la nécessité de ravaler et d’imperméabiliser complètement les façades. Des éclats et des épaufrures de 10 cm à 1 m de longueur (30 cm en moyenne) apparaissaient sur les arêtes hautes et latérales des panneaux, sans doute liés à l’action combinée des agents atmosphériques et du gel. À certains endroits, les armatures métalliques sont apparentes. De plus, la partie basse des panneaux, ne comportant pas de goutte d’eau, a favorisé la stagnation de l’eau dans les joints horizontaux et accentué les désordres dus à la présence de cette eau. Des essais réalisés in situ ont permis d’apprécier l’adhérence résiduelle des revêtements souples existants. Le revêtement des niveaux 6 à 32 a obtenu la classification 0-1 (voir encadré), sauf pour la partie haute des panneaux en terrasse, non protégée par une couvertine. De ce fait, il n’était pas obligatoire de décaper le support actuel. En revanche, en obtenant la classification 3-5, le revêtement des six premiers niveaux manquait d’adhérence et devait impérativement être éliminé. Un examen chimique sommaire en laboratoire précisait que les produits utilisés sur l’ensemble de la façade étaient des dérivés acryliques et que l’épaisseur des films que l’on pouvait conserver allait de 300 à 400 m.
Le programme des travaux de préparation s’avérait donc différent entre la partie haute et la partie basse. Et dans les deux cas, la finition devait être assurée par un revêtement d’imperméabilité – dans des teintes proches de celles existantes – pour empêcher les pénétrations d’eau dans le subjectile et freiner ainsi le processus de carbonatation du béton. En outre, le revêtement devait être conforme à la réglementation incendie pour les immeubles de grande hauteur (IGH). Le maître d’ouvrage a profité de cette importante intervention pour refaire tous les joints de calfeutrement des baies vitrées. Les travaux d’un montant de 566 000 euros HT se sont déroulés de mai à décembre 2002, en utilisant les systèmes d’imperméabilisation proposés par la Seigneurie.
Des systèmes d’imperméabilisation déterminés par diagnostic
La première opération a consisté à purger les parties non adhérentes en béton, à passiver les fers à béton puis à ragréer complètement les parties abîmées et les arêtes épaufrées. Une fois le support reconstitué, tous les joints verticaux et horizontaux de la partie haute du bâtiment ont été refaits en intégrant des busettes de décompression aux intersections des panneaux (voir encadré). Ensuite, l’ancien revêtement a reçu une impression acrylique mate en dispersion aqueuse Pantiprim opaque et pigmentée pour égaliser les fonds et jouant le rôle de sous-couche régulatrice d’absorption. Pour obtenir une imperméabilité I1 et un classement de réaction au feu M1, la finition a été réalisée par une couche de 200 m d’épaisseur en Pantifilm mat, un Rpse acrylique d’aspect mat profond restant très élastique même aux basses températures. Ce revêtement, contenant des agents fongicides et algicides, laisse respirer le support. Après un décapage complet de la partie basse du bâtiment et une remise à neuf de la surface, le système d’imperméabilisation I3 a été mis en œuvre. Il a consisté en une couche d’impression pigmentée Pantiprim recouverte par deux couches intermédiaires pâteuses d’aspect satiné en Pantiflex Sous-Couche acrylique. Cette sous-couche s’accommode bien des petites fissures (jusqu’à 2 mm) pouvant éventuellement apparaître sur le support. La finition est assurée par deux couches d’une peinture mate Pancryl à base de résine pliolite en phase solvant. Fongicide et algicide, cette peinture laisse le support respirer en le protégeant des intempéries et résiste à l’alcalinité du ciment. La protection du haut des panneaux de la terrasse a été complétée d’une couvertine qui supprime la stagnation de l’eau.