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La performance de l’enveloppe des bâtiments en construction neuve a atteint son asymptote. La réhabilitation devient la cible principale du mouvement Passivhaus.
Les 4 et 5 mai derniers, le mouvement Passivhaus a tenu à Hanovre son seizième congrès.
Pilotée par le Passivhaus Institut (PHI) de Darmstadt qui développe son standard depuis dix-huit ans, cette manifestation a mis en exergue deux tendances induites qui sont : la stagnation des performances thermique de l’enveloppe et l’accent mis sur la réhabilitation. En effet, les progrès de la performance de l’enveloppe des bâtiments en construction neuve ralentissent considérablement. D’où l’accent porté sur la recherche de performances en réhabilitation du parc existant. Il faut mettre au crédit du professeur Wolfgang Feist, le fait que le mouvement Passivhaus est très soucieux de rationalité économique. Selon lui, il est techniquement possible de pousser plus loin les performances de l’enveloppe des bâtiments. Mais, à partir des performances atteintes aujourd’hui et étant donné les prix actuels de l’énergie, grappiller 1 ou 2 % de performance énergétique au-delà des exigences du standard Passivhaus (12 kWhEP/m².an pour le chauffage, notamment) s’accompagne d’un surcoût injustifiable.
Isolation thermique : peu de nouveautés
Dans l’exposition qui accompagnait le congrès, les fabricants d’isolation thermique, de fenêtres et de portes ont dévoilé leurs solutions de pointe. Cette année, Saint-Gobain Isover montrait avec timidité des dalles isolantes destinées soit à l’isolation extérieure, soit à l’isolation intérieure. C’est un complexe de polystyrène expansé, enfermant deux rangées de plaques d’isolation sous vide, décalées de manière à éviter la création de ponts thermiques.
Il n’était pas possible de connaître les performances de ce produit, mais il devrait être proposé au compte-gouttes dans toute l’Europe fin 2012 ou début 2013. Ce genre de produit ne peut être recoupé sur chantier, il faut donc réaliser un calcul précis de calepinage, de manière à minimiser le nombre de dalles de dimensions non-standard, donc plus coûteuses. Selon Isover, à épaisseur égale, cette dalle est deux fois plus efficace que du polyuréthanne. Elle permet, notamment, d’économiser de la surface au sol en réhabilitation avec ITE.
Porextherm, de son côté, montrait une solution d’isolation sous vide par l’extérieur pour les toitures-terrasses accessibles, au-dessus de locaux chauffés. C’est, pour l’instant, le principal marché de l’isolation sous vide en Allemagne, en Autriche et en Suisse.
Jakon a modifié la formulation du polystyrène extrudé qui lui sert a fabriquer ses coffrages perdus pour fondations, de manière à accroître sa résistance mécanique. Pour l’instant, son produit Jakodur convenait pour l’isolation des fondations de bâtiments R 2 au maximum, avec sa nouvelle formulation, Jakon vise le R 3 au minimum et peut-être jusqu’au R 4.
Côté fenêtres, Scandia-Windows a obtenu une certification du PHI pour sa gamme de fenêtres de toit Illumino, ouvrant vers l’extérieur. Ces fenêtres sont fournies avec leur propre support d’incorporation en toiture. Composé de polyuréthanne recyclé fourni par Puren, ce support est fabriqué à partir de PU haché, puis aggloméré. Il affiche un ? = 0,9, tandis que les fenêtres atteignent un Uw = 0,39 W/(m².K).
Enersign, quant à lui, conçoit et fabrique des fenêtres dotées de menuiseries mixtes bois et fibres de carbone avec un Uw = 0,77 W/(m².K) certifié par le PHI. En août, la marque commercialisera une gamme à base de menuiseries aluminium fibres de verre et de carbone. Le but est toujours de minimiser l’épaisseur des profilés, tout en offrant une meilleure résistance thermique.
L’immense gisement de la réhabilitation
La nouveauté la plus drôle et celle dont on parlait le plus dans les allées du congrès était PetWalk, une chatière à ouverture télécommandée, étanche à l’air, performante du point de vue thermique. L’ouverture et la fermeture sont commandées par une puce RFID, implantée sous la peau du chat ou du chien. Cette chatière existe en trois dimensions, la plus petite coûte tout de même 1 500 € HT, mais elle offre une étanchéité à l’air parfaite : exactement ce qu’il faut dans une maison passive.
Le gouvernement allemand a fixé comme but de parvenir à une « neutralité climatique » (sans émission de CO2) pour l’ensemble du parc existant d’ici à 2050. Le docteur Burkhard Schulze-Darup a présenté au congrès une simulation portant sur la réhabilitation de l’ensemble des bâtiments existants de la ville de Nuremberg, montrant comment ce but pouvait être atteint. Selon lui, la seule solution possible est de viser le standard Passivhaus pour chaque rénovation. Cela signifie notamment réduire les consommations d’énergie primaire pour la production d’ECS de 33 à 16 kWh/(m².an) en appartements, de 24 à 12,1 kWh/(m².an) en maisons individuelles. C’est un minimum. Selon lui, il est possible de descendre à 8,5 et 7,5 kWh/(m².an) en systématisant la production d’ECS solaire, si possible avec stockage saisonnier. Il prévoit également de réduire la consommation d’électricité de 36/33 kWh/(m².an) (appartements/MI) à 12/11 kWh/(m².an), voire à 10,5/10 kWh/(m².an).
Pour y parvenir, il propose de systématiser l’emploi de composants de gros œuvre et d’équipements certifiés, dont les caractéristiques liées à la consommation ou à l’économie d’énergie seraient clairement indiquées et les plus efficaces possible. Il estime possible une réduction de la consommation d’énergie de 80 % d’ici à 2050. Ce qui correspond au but fixé.