L’organisation spatiale en trois strates d’un centre pénitentiaire affirme la fonction de chacun des bâtiments et des espaces en se développant sur un axe représenté par la diagonale de l’enceinte.
Tous les projets de prisons d’une capacité d’environ 600 places, conçus par l’équipe d’Architecture Studio dans le cadre du « programme 4 000 », s’appuient sur un concept de renouvellement qualitatif de ce type d’établissement. Trois projets sont en cours de réalisation, à Chauconin-Neufmontiers (Seine-et Marne), à Liancourt (Oise) et à La Farlède (Var). Les trois propositions architecturales reposent sur un fonctionnement identique qui s’adapte aux contraintes de chaque site. L’organisation générale des divers corps de bâtiments se base sur un axe de composition, représenté par la diagonale de l’enceinte. Le plan se structure par une succession de trois « bandes thématiques ». Depuis l’entrée, les zones hors détention et en détention sont marquées. Les services communs sont regroupés en partie centrale. Au niveau des flux, lorsque le détenu a passé le PCI (Poste de centralisation et d’information), il pénètre dans la « nef ». Cette dernière est symbolisée par un volume à façades courbes et à verrières et représente l’espace central de l’établissement. Elle dessert les services collectifs, tels les parloirs, les locaux socio-éducatifs, l’Ucsa (Unité de consultation et de soins ambulatoires) et les UVF (Unités de vie familiale). Ces espaces sont baignés de lumière naturelle provenant des vagues de la toiture. Pour le réseau des circulations, la nef et la promenade extérieure distribuent et hiérarchisent l’ensemble des fonctions. De la promenade, sont accessibles les ateliers, le gymnase, les terrains de sport et les hébergements. Un PCC (Poste de contrôle des circulations) a été positionné à l’intersection de la nef et de la promenade, pour un contrôle de vue directe. Les trois quartiers d’hébergement, à faible densité bâtie, se déploient en « ailes d’avion » sur une seconde diagonale, autour de grandes cours de promenade protégées. Les trois bâtiments indépendants ne recèlent pas de vis-à-vis. Les espaces communs d’accès à ces quartiers sont traités en atriums. Dans ces mêmes quartiers, les postes de surveillance offrent une vision totale sur les deux unités de détention, pour les contrôler. Le quartier spécifique des mineurs se trouve rejeté en extrémité du bâtiment principal afin de l’isoler et de le protéger. En effet, son organisation diffère des autres quartiers. Les cellules occupent les deux niveaux qui surplombent les locaux communs et sont desservies par des coursives. La cour de promenade, volontairement surdimensionnée, abrite un terrain de basket. Ce quartier se situe à proximité du gymnase, de l’accès aux terrains de sport, des locaux socio-éducatifs, de l’Ucsa et des parloirs, afin de limiter les déplacements d’une population sensible. Deux miradors contrôlent les cours de promenade, les terrains de sport, les façades et les toitures. Celui de l’entrée surveille aussi le QID (Quartier d’isolement et disciplinaire), les UVF, le quartier des mineurs et les cours d’honneur et de manœuvre. Ces principes d’organisation, repensés afin d’offrir de meilleures conditions carcérales, doivent permettre la création de 13 200 places de prison, dans un futur proche.
Des cellules ergonomiques à mobilier intégré
Il existe trois types de cellules. Les simples de 10,50 m2, les doubles de 13,50 m2 et celles pour handicapés physiques, de 21 m2. Par souci d’humanisation des conditions de détention, les programmes prévoient une généralisation des cellules individuelles. De 2,50 m de largeur et 4,50 m de profondeur, elles sont traitées avec beaucoup de soin et abritent un mobilier spécifique. Rectangulaires, ou en forme d’« écailles », elles sont équipées de sanitaires avec des douches indépendantes. Une véritable innovation, puisque toutes les douches collectives se trouvaient auparavant sur les paliers, générant une réelle insécurité pour les usagers. Ces cabines de douches doivent être résistantes aux détergents et aux chocs, ne pas subir de dégradations et être parfaitement étanches. D’où le choix, pour les parois et le sol de ces modules, d’un matériau inaltérable, le Ductal FO, un béton à haute compression renforcé par des fibres organiques. Moulé, il permet de multiples créations de formes. Côté éclairage, le travail a porté sur les variations d’ambiances lumineuses propres à chaque espace. Outre la prise en compte essentielle de la lumière naturelle, trois sources lumineuses équipent chaque cellule et délimitent certaines zones de vie. Un plafonnier encastré omnidirectionnel diffuse une lumière d’ambiance au centre de la pièce, avec une veilleuse pour les rondes de nuit. Des appliques, implantées dans la salle d’eau et sur le plan de travail (ou en tête de lit), soulignent un éclairage secondaire. Ce dispositif est complété par une lumière blanche qui se décline en trois teintes. La commande des éclairages peut être gérée de l’intérieur par les détenus, et de l’extérieur par les surveillants. Le traitement du mobilier et de l’éclairage intégrés semble être un facteur primordial de confort et d’intimité, pour tenter d’adoucir le quotidien des détenus.