Nouvelles façades pour un ensemble collectif des années 70

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Nouvelles façades pour un ensemble collectif des années 70

La rénovation thermique de quatre immeubles de logements sociaux à Cholet, dans le Maine-et-Loire, a consisté à remplacer les anciennes façades par des murs-manteaux à panneaux bois. Grâce à la préfabrication très aboutie des nouveaux éléments mis en place, le chantier a pu s’effectuer sans déloger les habitants.

Dans le cadre d’une campagne de réhabilitation thermique de son parc social, Sèvre Loire Habitat, l’Office public de l’habitat du Choletais, s’est penché sur l’un de ses ensembles de logements les plus énergivores. Construit en 1977, le quartier « Les Turbau- dières », au sud-ouest de la ville de Cholet (49), abrite 146 logements répartis dans quatre immeu-bles aux formes complexes, dotés d’emprises au sol, de surfaces et de hauteurs différentes. Affichant jusqu’à présent une consommation énergétique de 183 kWh/m²/an, les bâtiments présentaient des façades très dégradées et des menuiseries extérieures vétustes. Pour des raisons de budget, temps et organisation, le bailleur social a souhaité réhabiliter l’ensemble en site occupé. Les deux principaux objectifs étant d’abaisser la consommation moyenne en dessous de 80 kWh/m²/an et d’améliorer le confort des logements.

Un chantier délicat en site occupé

Sèvre Loire Habitat a choisi pour cette opération de lancer, en 2010, un marché de conception- réalisation avec procédure de dialogue compétitif. Contrairement à l’appel d’offres, cette procédure permet d’éviter l’écriture d’un cahier des charges trop précis et d’adapter à chaque audition le projet en fonction des technicités de chacun. En d’autres termes, de conjuguer au mieux la qualité architecturale, la performance énergétique et la compétence technique des entreprises à chaque étape du projet. La société CMB de Mauléon, dans les Deux-Sèvres (79), spécialisée dans l’étude technique, la fabrication et la pose d’éléments structurels en bois, a remporté le marché. En tant qu’entreprise mandataire du projet, elle a formé un groupement avec le maître d’œuvre (agence d’architecture Triade) et des entreprises sous-traitantes pour les autres lots.
Le chantier s’est déroulé en deux phases. La première tranche, consacrée au bâtiment A, qui compte 60 logements sur huit niveaux, a débuté en avril 2011 et s’est achevée en décembre de la même année. La seconde tranche, en cours, concerne les bâtiments B, C et D, qui abritent un total de 86 logements sur respectivement six, quatre et cinq niveaux. Débutée en avril 2012, elle devrait s’achever en décembre de cette année.
Pour atteindre les objectifs de performance visés par le maître d’ouvrage, il a été conjointement décidé de renforcer l’isolation thermique des façades, de remplacer les menuiseries extérieures, la VMC, les radiateurs situés en façade et d’optimiser les chaudières collectives. Concernant l’amélioration du confort, les choix se sont portés, notamment, sur l’augmentation de la surface habitable des logements, l’agrandissement de certains balcons, la création de loggias fermées ou la pose de volets roulants électriques.

Trois jours d’intervention par logement

Les façades des quatre bâtiments n’avaient jusqu’à aujourd’hui jamais été rénovées et contenaient de l’amiante. Elles présentaient, en outre, de tels défauts d’isolation et d’étanchéité (plaques de bardages détachées, couches d’isolation fortement détériorées, menuiseries anciennes à simples vitrages, courants d’air à travers les façades, etc.), que le groupement de conception-réalisation a décidé leur dépose totale et leur remplacement par un mur-manteau en panneaux préfabriqués à ossature bois. Les bâtiments étant de type structurel poteaux-dalles en béton, les façades non-porteuses se prêtaient à cette solution. La principale préoccupation de CMB a été la mise en adéquation du système constructif avec le niveau de performance énergétique visé.
Afin de limiter les nuisances des travaux auprès des locataires et de réduire le temps de chantier dans chaque appartement, il a fallu opter pour la solution de préfabrication la plus aboutie possible. Le mur-manteau - conçu, fabriqué et mis en œuvre par l’entreprise CMB - est formé de panneaux finis en usine sur les deux faces, avec menuiseries et vitrages intégrés. De hauteur d’étage, ces panneaux coïncident en largeur avec les entraxes des poteaux porteurs en béton armé d’origine. Le mode de production très abouti en amont du chantier permet d’assurer précision de finition, sécurité de pose et maîtrise des délais. Des avantages indéniables pour ce type d’intervention en site occupé.
Afin de protéger les logements et leurs occupants durant la dépose des anciennes façades (notamment durant la phase de désamiantage) et la mise en œuvre des nouveaux modules, une façade provisoire formée d’une structure bois et d’un film d’étanchéité est posée dans chaque appartement à 1 m de la zone de travaux. Cette cloison étanche est démontée après les trois jours d’intervention nécessaires par appartement (une journée de dépose/pose de façade et deux journées de travaux intérieurs et finitions).

Volumes redessinés, loggias créées

Les panneaux préfabriqués, épais de 28 cm, sont constitués d’une ossature bois, contreventée côté intérieur par une plaque de lamibois à plis croisés (39 mm d’épaisseur), et intègrent une double couche croisée d’isolant en laine de verre (voir encadré page précédente).
Selon la localisation du panneau sur le bâtiment, le bardage extérieur est réalisé en lames de fibres-ciment ou en cassettes zinc. Les lames, plus nombreuses sur le projet, sont posées en atelier, sauf sur les parties haute et basse où la mise en œuvre sur chantier permet de soigner le raccordement entre panneaux. Les cassettes zinc, destinées aux volumes sortants des édifices, sont quant à elles toutes posées sur chantier.
Les panneaux sont montés à l’aide d’une grue au niveau de chaque appartement, après dépose de l’ancienne façade. Ils sont ancrés mécaniquement sur les poteaux porteurs BA existants et restent indépendants d’un étage à l’autre. Un jeu vertical est, en effet, ménagé entre les panneaux superposés pour éviter tout report de charges entre niveaux. Un joint compressible y absorbe les éventuelles déformations.
Horizontalement, ces nouvelles façades ne sont pas positionnées comme les anciennes entre les poteaux porteurs, mais fixées sur le côté extérieur de ces mêmes poteaux (donc décalées d’une trentaine de centimètres à l’extérieur des façades d’origine). Ce décalage crée un vide au niveau des dalles d’étages, qui doivent être prolongées par coulage de béton in situ. Ce prolongement périphérique a permis d’augmenter les surfaces habitables des appartements d’environ 5 m².
Afin de faciliter l’opération de réhabilitation thermique et d’homogénéiser les façades, qui d’origine présentaient de nombreux décrochés, les volumes des bâtiments ont été redessinés par le maître d’œuvre, notamment par un jeu de matériaux et de couleurs. Ainsi, le bardage en fibres-ciment de couleur claire est apposé sur le corps simple du bâti, tandis que le bardage zinc, de couleur sombre, sert à décrocher les volumes particuliers. Les anciens balcons, triangulaires et peu fonctionnels, ont tous été doublés d’un second triangle pour former des balcons-loggias carrés.
Superposés sur des « colonnes » à ossature métallique et dotés de larges persiennes coulissantes en bois, ces espaces supplémentaires procurés aux habitants, contribuent également à la nouvelle identité des immeubles.

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