Les façades des deux ailes de l’immeuble de logements « M9D4 » sont revêtues de panneaux sophistiqués en aluminium anodisé teinté dans la masse, qui ont pour quadruple rôle de les fédérer, animer, protéger et isoler.
C’est au cœur de la ZAC Masséna-Chevaleret, dans un quartier en pleine renaissance du xiiie arrondissement de Paris, que prend place l’opération de 55 logements en accession dessinée par l’architecte Anne Démians. Ce projet, qui couvre une surface hors œuvre nette totale de 4 885 m2, a représenté un coût d’investissement de 6,9 M€ HT.
Côté configuration, l’immeuble urbain en forme de L, est pourvu d’un porche d’accès traversant et compte deux ailes verticales constituées de six niveaux pour l’une et de neuf pour l’autre. Sur rue, l’édifice ouvre sur un « jardin d’agrément, construit comme un petit cloître estudiantin », comme l’explique l’architecte. Côté organisation spatiale, les appartements sont majoritairement conçus avec une double orientation. Les différentes fonctions s’articulent autour d’une « bande active », soit un noyau dur qui, regroupant la salle d’eau et les diverses pièces de service (sanitaire, buanderie, dressing, etc.) au centre du logement, s’intercale entre les chambres et le séjour. Selon l’architecte, ce principe « doit favoriser l’appropriation individuelle, où chaque famille et chaque individu doit pouvoir faire évoluer le logement suivant les désirs ou aléas de son mode de vie ».
Pièce principale, le séjour bénéficie d’une ample loggia qui vient en prolongement de ce dernier, la cuisine attenante donnant également dessus. L’architecte revendique aussi un système de « triple filtre » successif de configuration des espaces habités. Le premier filtre se matérialise par une membrane en métal cernant la loggia, le second par l’espace semi-privatif de celle-ci allié à celui du séjour, et le troisième par les pièces de vie plus intimes (chambres, salle de bains, etc.).
Un édifice surisolé
Quant au traitement architectural du projet, il repose sur l’idée « d’offrir un paysage vertical, grâce à un tissage, une sculpture », se traduisant par la création d’une double peau de façade en aluminium anodisé teinté dans la masse. Le choix du métal, employé plus fréquemment dans les édifices tertaires, est ici utilisé de façon « domestique », pour assurer la pérennité de l’ouvrage et dessiner « une sorte de voilage » suggérant « une surface tendue ». Cette enveloppe métallique sophistiquée, de deux sortes participe à la volonté de disposer les espaces habitables en fonction des orientations du bâtiment. Ainsi, les façades nord et nord-ouest sont revêtues d’un parement plein en tôle emboutie d’aluminium anodisé fixé sur les murs en béton, suivant une trame régulière de 0,736 m. Alors que celles orientées au sud et sud-est, dotées de creux et de loggias, sont habillées de panneaux perforés fixes et coulissants de même nature servant à la fois d’écrans, de garde-corps et de brise-soleil.
Ce procédé amovible offre aux usagers la possibilité de régler le degré d’ouverture de ces volets, au gré de leurs besoins. Ces moucharabiehs contemporains, qui tamisent la lumière naturelle et ventilent les espaces internes, ont été fabriqués sur mesure, suivant une vingtaine de modénatures différentes de panneaux. Enfin, sur le plan environnemental, cet immeuble est bien isolé, de par ses façades emballées d’une simple peau et d’une double peau performante. Il répond dès lors aux critères d’une construction BBC (1) et à la réglementation RT 2012 en vigueur, sous-tendue par l’exigence de consommation énergétique de 50 kWh/m2/an.