L'industriel souhaite recycler 200 000 tonnes de plaques de plâtre d’ici 2025 contre 51 000 aujourd’hui.
Placoplatre, le fabricant français de systèmes à base de plâtre et d’isolation PSE, vise la réduction de déchets de plaque de plâtre via son activité recyclage et le lean manufacturing.
En 2017, 51 000 tonnes de plaques de plâtre sont recyclées par Placoplatre sur les 91 000 tonnes valorisées en France par la profession, soit plus de la moitié. Après dix ans d’existence de Placo Recycling, la filière de recyclage des déchets de chantiers à base de plâtre, le bilan est plutôt bon, même si cela reste bien loin des 400 000 tonnes de déchets de plâtre produits chaque année. Raison pour laquelle Placoplatre souhaite « être précurseur et accompagner le changement de mentalité. Il y a dix ans, l’intégration de déchets de plâtre dans la fabrication était vue d’un mauvais œil. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. À nous de garantir la performance produit, environnementale et visuelle », avance Joaquim Correia, le directeur marketing de Placoplatre. L’objectif de l’entreprise est de recycler 200 000 tonnes par an d’ici à 2025 et d’augmenter le taux de gypse recyclé dans ses produits.
Pour atteindre ses objectifs, l’entreprise vient de mettre en place un nouveau service de reprise des déchets des petits et moyens chantiers (l’offre big bag). Reste à travailler sur des développements industriels et techniques : « Le recyclage repose sur deux piliers : la faisabilité industrielle et la mise en place d’une filière de collecte », rappelle Nicolas Incarnato, responsable du développement durable. Aujourd’hui, Placoplatre compte en moyenne 10 % de gypse recyclé dans ses plaques de plâtre et ne dépasse jamais les 30 % pour des questions d’homogénéisations et de propriétés techniques.
Réduire les déchets par le lean manufacturing
Placoplatre ne néglige pas pour autant la piste numérique puisqu’il a mis en place un configurateur de solutions : le Placolog. Un outil qui permet aux architectes, économistes, acousticiens… de sélectionner la solution de cloisonnement/isolation adaptée en fonction de la typologie de l’ouvrage ou du bâtiment. Plus de 1 500 objets BIM peuvent être téléchargés en format IFC. « Sur 2 000 configurations possibles, 1 500 sont passées à la moulinette de notre configurateur », explique Rami Jabbour, responsable du marketing et du digital chez Placoplatre, qui voit déjà plus loin que le simple configurateur et teste le lean manufacturing sur ses sites de production. « La solution technique sélectionnée pour un projet est découpée sur mesure en fonction des caractéristiques rentrées (hauteur, longueur, largeur). Les pièces sont prédécoupées, numérotées, le plaquiste gagne énormément de temps sur le chantier. Les premiers tests ont été lancés il y a deux ans et aujourd’hui nous sommes en moyenne sur un chantier par mois, dont l’Hôtel Hyatt de la Porte Maillot, l’hôtel Campanile au Havre ou un EHPAD à Nogent-le-Rotrou. »
La numérotation des plaques destinées au chantier offre un réel gain de productivité sur site.
Les résultats sont plutôt satisfaisants : gain de temps de pose et moins de déchets sur les chantiers : « Sur les premiers tests, on a divisé par quatre la quantité de déchets. » Dans une résidence étudiante à Bry-sur-Marne où 20/25 000 m² de plaques ont été utilisés, les différences sont notoires : « Jusqu’à deux fois moins de temps que prévu, avec deux fois moins de personnes et quatre fois moins de déchets de plâtre. » Des investissements sont prévus sur les sites de production de l’entreprise pour pouvoir répondre de manière plus industrielle au lean manufacturing. Réduire les déchets de chantiers par le recyclage ou l’optimisation de la matière première : la boucle est bouclée.