Mixité des matériaux : ce n’est qu’un début

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Mixité des matériaux : ce n’est qu’un début

Le lycée des métiers Victor- Laloux à Tours, commandé par la région Centre- Val de Loire, illustre l’usage combiné de bois et de béton.

© Doc. Ecliptique Laurent Thion / Chomette-Lupi et Associés Architectes

Aiguillonnées par les questions environnementales, les filières industrielles des matériaux béton, métal, bois, terre cuite et pierre naturelle travaillent à plus de mixité. L’enjeu : profiter du meilleur de chacun d’eux pour répondre à des exigences accrues.

Réunis le 17 mars à l’occasion d’une conférence consacrée à la mixité des matériaux dans les solutions constructives, les centres techniques industriels que sont le Cerib (béton), le CTICM (métal), le CTMNC (terre cuite et pierre naturelle) et l’Institut technologique FCBA (bois) [*] ont montré leur volonté de travailler ensemble. L’objectif ? Mieux répondre aux performances, tant fonctionnelles qu’environnementales, du bâtiment. Certes, le sujet est ancien. Mais jusque-là, chacun jouait sa partition et les registres étaient assez bien définis.

Outre que « le béton peut incorporer des matériaux biosourcés dans sa composition même », note Marc Lebrun, directeur général du Cerib, désormais les produits s’enrichissent d’isolants pour assurer une fonction supplémentaire à la structure (blocs béton, briques), ou à la couverture (panneaux sandwich, kit de sarking) par exemple. Dans la conception des projets, plusieurs matériaux concourent à assurer une même fonction. Comme l’illustre le stade de Nice, aux résilles en bois et extrados en métal présenté par Arbonis, ou le lycée des métiers Victor-Laloux à Tours (agence Chomette-Lupi et Associés Architectes), dont le bois et le béton assurent tant la structure que les parements.

« Effet de membrane » des bacs collaborants

« Les réglementations thermique, sismique et incendie poussent à trouver des solutions plus efficaces, et donc, à tirer parti du meilleur de chaque matériau », analyse Christophe Mathieu, directeur général du CTICM. « Avec l’idée qu’en matière de performances, il faut obtenir 1+1>2 et en matière de coûts, plutôt 1+1<2. » Un bon exemple de cette approche, présenté lors de la conférence par le CTICM : en cas d’incendie, la résistance d’un plancher collaborant en acier et béton s’avère notablement supérieure aux résistances respectives de ses composants, grâce à un comportement nommé « effet de membrane ».
Autre moteur, la diminution de l’empreinte environnementale : le projet Démodulor mené par l’alliance Matériaux et équipements pour la construction durable (MECD), qui réunit l’ensemble des centres techniques industriels de la construction, travaille à la démontabilité des structures. Et cela, en alliant murs en briques à profils et tirants d’acier et planchers secs (bac acier, panneaux de bois et plaques de béton).
L’usage du bois connaît un bel essor depuis une dizaine d’années. Profitant d’une image très positive de produit biosourcé et ayant démontré ses performances, en particulier structurelles, l’enjeu consiste désormais à dépasser l’effet de mode. « Notre filière a le vent en poupe, certes, mais travailler à la mixité, c’est montrer que le bois a sa carte à jouer de façon pérenne, au même titre que les autres matériaux, rétorque Georges-Henri Florentin, directeur général de l’Institut technologique FCBA. Sans oublier que le bois est sûrement le plus ancien matériau de l’habitat. »
Il faudra néanmoins valider la mise en œuvre de ces produits mixtes. « Sur le chantier, les frontières entre les métiers sont aujourd’hui plus floues, constate Bruno Martinet, directeur général du CTMNC. Les fabricants de tuiles proposent désormais des kits de sarking pour que le couvreur garde la main sur la pose de la toiture. »
La montée en puissance de l’industrialisation des systèmes constructifs pourrait bousculer encore cet équilibre. La complexité de mise en œuvre étant mieux maîtrisée, la mixité des matériaux pourrait s’en trouver favorisée. Mais il reste encore du travail, comme celui d’entériner les dimensionnements d’un certain nombre de solutions. Ce à quoi s’attellent justement les centres techniques.

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