© (Doc. Demathieu-Bard.)
Un chantier peut en cacher un autre. La rénovation énergétique de huit gymnases de la ville de Metz a été l’occasion de mutualiser un réseau sans fil de comptage. Déployé pour la télérelève des compteurs d’eau de la commune, il a été mis à profit pour le suivi énergétique des gymnases.
État des lieux : huit gymnases à rénover
La ville de Metz (57) mise sur la télérelève ! Après avoir mis en place un réseau de comptage pour la distribution d’eau potable, elle a mutualisé l’équipement. Elle s’en sert désormais pour piloter ses consommations énergétiques. En 2002, début de l’histoire, un nouveau contrat de Délégation de service public (DSP) en eau potable avait été confié à la société Veolia Eau. Au fil des années, ce dernier a installé du comptage par télérelève sur l’ensemble du Grand-Metz. Les 32 000 compteurs de l’agglomération sont maintenant communicants.
La transition énergétique
Le système installé de télérelève a été développé par m2ocity, filiale de Veolia, en exploitant une technologie radio Homerider sur fréquence 868 MHz. Le réseau de récepteurs, nécessaire au relais de l’information, est déployé sur les lampadaires de l’éclairage public et les concentrateurs passerelles positionnés à des points hauts de l’agglomération. Dans un second temps, la Ville de Metz a investi dans le même dispositif de télérelève pour optimiser la gestion des fluides de ses bâtiments. « Ce dispositif va nous aider à mesurer précisément ce qui est consommé », met en avant René Darbois, adjoint au maire de la Ville de Metz. Le fonctionnement de la télérelève sur l’énergie a d’abord été validé par un test sur le groupe scolaire des Hauts de Vallières. « Le test ayant été concluant, nous avons lancé l’instrumentation pour la télérelève énergétique de huit Cosec (Complexes sportif évolutif couvert) dans le cadre de leur rénovation, résume Didier Duc, directeur du pôle Transition énergétique et développement durable de la Ville de Metz. L’objectif après travaux est une diminution de la moitié de la consommation en énergie thermique. Les gymnases rénovés ont été livrés fin 2012. » Parmi les 400 bâtiments gérés par la Ville, ces gymnases, très fréquentés, construits dans les années 70, souffraient d’une mauvaise isolation. La rénovation de leurs enveloppes aux formes cubiques, assez simples, va permettre, en outre, de prolonger leur durée de vie.
Mise en œuvre : isolation et ventilation
L’entreprise générale Demathieu-Bard s’est vu confier la rénovation des huit gymnases (soit 10 703 m2 Shon), en agissant sur trois grands axes : l’amélioration du bâti avec la pose d’une ITE et la réduction des parois translucides ; le remplacement de certains équipements de production de chauffage et d’ECS ; et enfin de la GTB. Les travaux ont été préparés en avril 2012, et ont démarré en juin avec une livraison en début d’année scolaire.
Une meilleure isolation des enveloppes
Les enveloppes des gymnases ont été isolées par l’extérieur. De la laine de roche de 12 cm a été posée sur les voiles de façades en aggloméré, dont l’épaisseur est de 20 cm. Le bardage additionnel joue un rôle essentiellement esthétique. Des plaques en tôle métallique ont été posées sur les zones opaques des structures des aires de jeux, et du polycarbonate haute performance isolant laisse entrer la lumière avec une moindre perte de chaleur. « Sur les toitures-terrasses, 8 cm d’isolant ont été posés y compris sur l’acrotère avec parfois la nécessité de supprimer l’isolation préexistante, explique Julien Spiazzi, chef de travaux chez Demathieu-Bard. L’isolation des murs de soubassement des gymnases a posé quelques soucis du fait des aménagements extérieurs. Nous trouvions parfois un béton ancien qui n’avait pas été coffré. Il a donc fallu lui redonner de la planéité pour garantir une bonne performance de l’isolation qu’on a surimposée. »
Quant aux vestiaires, le bardage est en composite et la surface de vitrage a été quasiment réduite de moitié, avec pose d’un double vitrage avec menuiserie PVC (Ferplast).
Une efficacité accrue des équipements
Le chauffage de la moitié des gymnases est assuré par le réseau urbain UEM et a été laissé en l’état. Pour l’autre moitié, les chaudières ont été remplacées par des modèles au gaz (De Dietrich), avec pompes à débit variable (Sirius). Sur les aires de jeux, de la ventilation double flux a été installée, avec quatre aérothermes neufs (Ciat) à eau chaude par gymnases, deux sur l’air extrait et deux sur l’air neuf. Les vestiaires sont ventilés avec du simple flux (ventilateurs Systemair EC) avec modulation de débit en fonction de l’hygrométrie.
Bilan : Un gain de 50 % de consommation attendu sur les huit gymnases
La Ville de Metz a passé un marché de contrat de performance énergétique avec Demathieu-Bard sur les huit gymnases, avec un objectif après rénovation d’une diminution de moitié de la consommation cumulée en énergie finale. Des mesures thermographiques établies avant les travaux de rénovation en avril 2012 et après en janvier 2013 sur le gymnase Paul-Valéry ont montré que les ponts thermiques des planchers bas (et des liaisons mur/mur) ont été correctement traités. Côté vestiaires, les nouvelles menuiseries PVC sont peu déperditives et les retours d’isolants ont été correctement traités. Enfin, les menuiseries des zones sportives sont relativement performantes, au vu de leurs déperditions.
Assurer un suivi transparent
Côté régulation, les services techniques de la Ville pilotent à distance les équipements, au moyen d’une unique GTB. Ils suivent en temps réel les événements et certains indicateurs de consommation et de fonctionnement (comme le relevé de la température) avec alarmes techniques. « Ce volet exploitation est géré par la Ville et non par l’entreprise à qui les travaux de rénovation ont été confiés, souligne Didier Duc. Il est difficile d’imposer un objectif de performance à une entreprise qui n’a pas la maîtrise de l’exploitation. Nous allons donc partager l’information et travailler en toute transparence avec l’entreprise. Cela justifie l’instrumentation de l’eau, du gaz et du chauffage urbain, afin de recueillir des éléments précis permettant de comparer les consommations. » Une campagne de collecte effectuée en 2011 avant travaux sert de référence pour suivre la performance. À partir de 2012, le nouveau système de télérelève a permis à l’entreprise de suivre le pilotage en temps réel. Pour pouvoir consulter ces informations, la Ville s’est équipée du progiciel Noé (Alerto) de gestion énergétique de bâtiments. Les services techniques de la Ville, ainsi que l’entreprise générale peuvent suivre via une interface graphique sur un site Web dédié, les différentes consommations d’énergie, heure par heure, avec historique et paramétrage d’alertes.