Maçonneries isolantes avec ITI ou ITR

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Maçonneries isolantes avec ITI ou ITR

Tolérances d’exécution d’une baie

Premier document exclusivement consacré aux maçonneries isolantes, les recommandations Rage « Maçonneries isolantes avec isolation thermique par l’intérieur [ITI] ou répartie [ITR] », publiées en août, préfigurent l’évolution du DTU 20.1 « Ouvrages en maçonnerie de petits éléments - Parois et murs ». Elles décrivent les spécifications de performance propres à ces maçonneries et leurs mises en œuvre. Olivier Dupont, manager du département « produits et ouvrages » du Centre technique de matériaux naturels de la construction (CTMNC), en présente le champ d’application, le contenu et l’apport pour les entreprises et les concepteurs.

Quel est le champ d’application de ce document et par quels textes était-il préalablement couvert ?

Cette catégorie des maçonneries isolantes inclut les blocs de terre cuite, les blocs de béton de granulats légers et les blocs de béton cellulaire, à l’exclusion des autres types de bloc de maçonnerie courante présentant une conductivité thermique supérieure à 0,4 W/(m.K), dont les blocs de béton de granulats courants par exemple. Ces produits relèvent de plusieurs textes, et en particulier des normes harmonisées de la série NF EN 771 et leurs compléments nationaux. Ces textes ont été rédigés pour mieux répondre aux prescriptions du DTU 20.1 « Ouvrages en maçonnerie de petits éléments - Parois et murs », dont la dernière version remonte à 2008 et qui fait de nouveau l’objet d’une révision, afin d’introduire le dimensionnement prévu par l’Eurocode 6.
Par ailleurs, la technique de montage à joints minces proposée dans ce cadre relève aujourd’hui des avis techniques (Atec) ou des documents techniques d’application (DTA), lesquels permettent de justifier de la compatibilité entre le bloc de maçonnerie, le mortier utilisé et l’outil de mise en œuvre.

Comment le document Rage s’inscrit-il dans ce corpus ?

Les recommandations Rage « Maçonneries isolantes avec isolation thermique par l’intérieur ou répartie » se concentrent sur ces produits et leur mise en œuvre, qu’elles détaillent sur tous les plans, y compris le lien entre le support et l’enduit, ou la gestion des interfaces avec les menuiseries. Elles sont d’ailleurs conçues pour pouvoir s’insérer dans la prochaine version du DTU 20.1, par une instruction en commission de normalisation.
Le document commence par des définitions spécifiques des éléments concernés et rappelle le distinguo entre les deux types, a et b, définis sur la base des règles Th-U et de la conductivité équivalente. Le type a rassemble les produits dont la conductivité est inférieure à 0,2 W/(m.K), et le type b, ceux dont la conductivité est comprise entre 0,2 et 0,4 W/ (m.K). Les recommandations élargissent également le champ d’intervention au-delà du domaine habituel du DTU, en s’intéressant, par exemple, à un ensemble d’exigences réglementaires : thermique, résistance au feu, comportement en situation d’aléa sismique, acoustique. Le DTU 20.1 ne répond qu’aux exigences de stabilité mécanique, d’étanchéité à l’eau et de durabilité de l’ouvrage.

Comment s’organise le document Rage ?

Le document comporte deux parties, dont la seconde pourrait s’inscrire dans le cahier des clauses techniques (CCT) d’un DTU à venir et définit les exigences de mise en œuvre propres aux maçonneries isolantes. Sont concernés les aspects thermiques et l’étanchéité, y compris aux interfaces (menuiseries, appuis de fenêtres, coffres de volets roulants, etc.). Cette partie s’organise autour d’une riche iconographie présentant des détails d’exécution. L’une des idées sous-jacentes est de généraliser l’emploi des accessoires pour faciliter l’exécution et obtenir de meilleures performances globales.
La première partie pourrait figurer en annexe du DTU ou dans un fascicule de documentation. Elle se justifie par les nombreuses exigences fonctionnelles concernant les ouvrages réalisés avec ces produits. Les rédacteurs ont pensé utile de donner aux prescripteurs des éléments synthétiques concernant les performances des produits, sous forme de grille, en se référant à différents textes réglementaires. Sont indiquées des données acoustiques ou sismiques et surtout thermiques, sous la forme d’abaques. Ces données sont destinées à aider les concepteurs dans le dimensionnement des ouvrages et ne constituent donc pas une instruction normative.

Peut-on signaler d’autres nouveautés ?

Les aspects thermiques conformes à la RT 2012 sont particulièrement développés, qu’il s’agisse du traitement des abouts de plancher sans rupteur thermique à l’aide de planelles traditionnelles ou avec isolant, ou des caractéristiques des deux types de maçonnerie avec isolation thermique par l’intérieur (ITI) ou répartie (ITR). Les premières, dont les éléments mesurent 20 à 25 cm d’épaisseur, n’assurent pas seules la performance requise des parois verticales opaques, au contraire des secondes.
L’étanchéité à l’air est également abordée. Les réponses apportées s’appuient notamment sur une campagne de mesures menée par Ginger-CEBTP et pilotée par l’Union de la maçonnerie et du gros œuvre (UMGO), le Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton (Cerib) et le CTMNC. Les résultats montrent que si la paroi est enduite sur une face au moins, il n’est pas nécessaire de remplir les joints verticaux entre les éléments de maçonnerie pour garantir l’étanchéité à l’air.
À propos de la compatibilité entre la maçonnerie, le mortier et l’outil de mise en œuvre, qui relève des Atec ou des DTA, une troisième voie est envisagée avec la mise en place de certifications. Elle s’appuierait sur les caractéristiques des mortiers (rétention d’eau, niveau de tack, etc.), pour définir la compatibilité avec les matériaux constitutifs, en tenant compte de la géométrie de chaque élément de maçonnerie.

Concernant les enduits, quelles sont les recommandations ?

Dans ce domaine, qui relève du DTU 26.1, les prescriptions reposent sur la résistance à la traction des supports maçonnés, classés en trois catégories de résistance croissante (Rt 1, Rt 2 et Rt 3) et sur lesquels on applique des enduits également classés en trois catégories, de OC1 à OC3, en fonction de leur raideur (la « souplesse » est décroissante en allant de l’OC1 à l’OC3). Sur la base des retours d’expériences, il est recommandé d’utiliser un enduit OC2 avec les briques isolantes et les blocs de béton de granulats légers, et OC1 avec les blocs de béton cellulaire.

Au-delà de ces règles, quels compléments ou évolution peut-on attendre dans le domaine des maçonneries isolantes ?

En annexe des recommandations figurent des éléments plus spécialement destinés aux maîtres d’œuvre pour la conception des ouvrages. L’objectif est notamment de limiter au maximum les découpes sur chantier, qui sont toujours source de risque d’abaissement des performances. En attendant l’essor du BIM, qui permettra sans doute de surmonter cette difficulté grâce à des catalogues intégrés des industriels, il serait intéressant de généraliser l’utilisation des blocs accessoires et d’outils pratiques de calepinage pour les concepteurs ou les entreprises.

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