Logiciels d’aménagement : trois niveaux d’utilisation

Un logiciel d’aménagement met en scène de manière réaliste l’équipement et la décoration d’un espace intérieur en logement ou en tertiaire : accueil, comptoir de vente, bureaux, cuisine, salle de bains, pièce à vivre, etc. L’une de ses fonctions principales est la visualisation. Les fonctions d’importation de textures de carrelages, de panneaux, de parquets, de papiers peints ou encore de peintures revêtent ainsi une importance majeure. Viennent ensuite le dimensionnement physique des équipements et meubles dans l’espace et les fonctions associées, telles que plans de calepinage, édition de quantitatifs pour chiffrage. Certaines applications (comme Obvie d’Aléker) produisent des fichiers capables de piloter des machines numériques pour la production des panneaux : découpes et optimisation pour minimiser les pertes de panneaux.

Pour moins de 30 e TTC, les logiciels d’aménagement de ­Micro Application (Architecte 3D 2005, Architecture et construction 3D 2005, Appartement et résidence 3D, Appartement 3D 2006, etc.) ou ceux de l’américain Broderbund (3D Home Architect Home Design Deluxe 6, Instant Architect, Instant Estimator) pour moins de 50 e, sont destinés au grand public. Ils permettent au néophyte de mettre en scène rapidement un agencement de maison individuelle, d’appartement, ou de jardin. Ils possèdent des biblio­thèques standard d’équipements de cuisine et de salles de bains, de meubles, de plantes et arbustes. Leur force est leur facilité d’emploi, leur coût très réduit et le fait qu’ils produisent des résultats honorables en terme de visualisation et vont jusqu’à l’édition d’un quantitatif et d’un devis estimatif.

Uniquement en anglais, les applications de Broderbund (disponibles sur Amazon) sont capables d’éditer des plans très professionnels. Pour tenir compte de l’évolution des styles d’aménagement, d’ameublement et des coûts de chantier, une nouvelle version apparaît chaque année. Cela dit, ce dernier éditeur a la « mauvaise habitude » de modifier profondément son type de fichier à chaque nouvelle livraison, au point de rendre impossible l’importation dans la version 6 de plans développés avec des versions antérieures.

Des logiciels qui facilitent les ventes

Pour les professionnels, ces logiciels présentent de sévères limites : leurs possibilités d’importation de plans DXF ou DWG sont inexistantes et l’exportation se limite souvent au DXF et au JPG. Bien que simples à manipuler, ils ne permettent pas de traiter autre chose que des surfaces planes (pas de murs ­courbes) et ne conviennent pas pour le tertiaire. En même temps, s’il s’agit de séduire un client au moindre coût, en lui montrant à quoi pourrait ressembler l’aménagement de sa maison et du jardin, ils peuvent parfaitement être utiles. Quitte à passer ensuite à une application plus complète lorsque l’affaire est traitée.

Une bonne douzaine d’industriels du panneau et de l’ameublement proposent des services de CAO limités à leurs produits. Par exemple, Malora (industriel de meubles de bureaux) propose un service de CAO à ses clients architectes d’intérieur et aménageurs qui peut permettre à ces derniers de faire l’économie de l’achat et de l’apprentissage d’une application dédiée. Pour fidéliser ses clients, l’éditeur met l’accent sur sa recherche permanente d’ergonomie, de confort, et sur le respect des normes nationales et européennes. Les responsables régionaux et les revendeurs ­Malora collaborent avec des cabinets d’architectes et participent à l’élaboration du cahier des charges. Ils proposent un suivi du projet, pas à pas, grâce à des plans et des illustrations 3D, à partir d’un programme spécifiquement développé. Pour les professionnels, du menuisier à l’architecte d’intérieur, en passant par les bainistes et cuisinistes, l’aide à la vente est la raison principale qui les pousse à investir dans un logiciel d’aménagement. De plus, ces logiciels fournissent des fonctions nécessaires à la préparation et à la réalisation du chantier : calepinage, estimation des temps de pose, devis, etc. On les trouve soit en showroom, soit dans les ateliers. InSitu de TransTechnology domine le marché français de ces logiciels, suivi par ceux du québecois 20-20 Technologies et par KitchenDraw. Le prix de ces applications les place nettement dans l’univers professionnel : 3 800 e HT pour 20-20 Design avec chiffrage en monoposte, 3 490 e HT pour ­InSitu plus environ 400 e HT par catalogue de marque. ­KitchenDraw se situe autrement dans la mesure où l’application est louée plutôt que vendue. Son téléchargement et les ­30 premières heures d’utilisation sont gratuits. Ensuite, l’utilisation est facturée 3 e de l’heure avec tout un système de bonus et de prix dégressifs, comme par exemple 50 heures gratuites contre l’envoi d’images réalisées avec l’application, etc. Les utilisateurs KitchenDraw consomment en moyenne 30 heures par mois et par poste, soit environ 350 heures par an. Compte tenu des heures gratuites que l’on obtient après les 200 premières achetées (1 heure gratuite pour 2 achetées), le coût annuel s’établit à 900 e, soit l’équivalent d’un contrat de maintenance pour un logiciel classique, sans investissement initial. Les gros utilisateurs ou les points de vente avec plusieurs vendeurs se voient attribuer un grand nombre d’heures gratuites qui réduisent le prix de l’heure à 1 e ­environ. Avec un peu de pratique, il faut environ une heure pour réaliser un dossier de cuisine complet, soit un coût compris entre 1 et 3 e par dossier. Lorsque le compteur d’heures arrive à 0, ­KitchenDraw ne donne plus accès aux fonctions graphiques. De son côté, le logiciel de Leroy-­Merlin est dérivé de KitchenDraw, mais il est bridé aux produits, ­meubles et équipements vendus par ce dernier. Le logiciel est capable de traiter des pièces mansardées, des salles de bains et des cuisines et fonctionne en 2D comme en 3D. KitchenDraw est livré avec un catalogue de cuisines génériques, comprenant une grande variété d’éléments de cuisines et de modèles de façades.

Deux éditeurs francophones

Si le logiciel InSitu du français Transtechnology domine le marché national de l’aide à la vente, le québecois 20-20 Technologies possède la plus forte implantation mondiale. Dans les deux cas, le mode d’échange principal est le DXF. Les deux acceptent la ressaisie de plans à partir d’une table à digitaliser.

InSitu a été conçu pour les professionnels de l’aménagement d’espaces et de showrooms. Il couvre toutes les étapes depuis le tracé de plan, jusqu’à l’édition du quantitatif et du devis, en passant par la visualisation réaliste en 3D. Il est orienté vers la vente et prend en charge la ­confection de tous les documents nécessaires pour emporter l’adhésion d’un client. 47 catalogues de fabricants d’appareils, carrelages et robinetteries de salles de bains, de cuisine et de rangement, ainsi que 36 autres catalogues d’ameublement de bureaux ont été modélisés.

Même fonctions pour le produit 20-20 Techno­logies qui propose des outils d’aménagement, d’aide à la vente et de gestion.

Le client peut dessiner son plan en ligne, choisir des meubles, des styles, des couleurs, les modifier et voir le tout en rendu réaliste. Le plus connu de ses produits est 20-20 Design, aujourd’hui en version V6.4. Ce logiciel contient une fonction « vues multiples » qui permet de visualiser simultanément plusieurs modes de présentation (filaire, en plan, en rendu photoréaliste, etc.). Toute modification apportée dans l’un des modes est aussitôt prise en compte dans les autres. Contrairement à InSitu, 20-20 Design ne propose pas de bibliothèques construites à partir de catalogues d’industriels. Il se contente d’une bibliothèque générique et pléthorique, que les utilisateurs peuvent compléter par leurs propres créations. C’est un outil d’aide à la vente, et de conception qui fournit des plans de pose. Le travail s’effectue avec une grande précision, en renseignant les valeurs exactes de dimensions et de positionnement des éléments. Il comporte une fonction de « détection de collision », afin de garantir une précision au millimètre. Le devis et le quantitatif sont actualisés en temps, au fur et à mesure des modifications de la composition.

De l’aménagement à l’architecture

20-20 Technologies propose aussi des logiciels plus simples et plus spécialisés dans la ­famille 20-20 Expert Manager. Ce sont des applications d’aide à la vente et de conception, dont l’objet a été concentré afin de les rendre plus rapides et moins chers. Il existe un Expert ­Manager dédié à la confection d’escaliers en bois, un autre spécialisé dans les rangements, placards et dressings, etc. Ils offrent également une liaison simple avec des machines à commandes numériques, pour la fabrication.

Les plus achevés des logiciels d’aménagement sont souvent les logiciels d’architecture. ­AutoCad et ArchiCad contiennent les fonctionnalités nécessaires et au-delà : travail en 2D et en 3D, bibliothèques de symboles et de textures, outils de vérification des collisions, etc. Ils offrent surtout une impressionnante ouverture, tant en importation qu’en exportation de fichiers, à l’exception des fichiers destinés aux machines à commande numérique bien que toutes ces applications sachent exporter de l’IGES, le format haut de gamme de la commande numérique. VectorWorks occupe une place particulière sur ce créneau. Dans sa version standard (1 500 e), c’est notamment l’application favorite de bon nombre de « standistes ». La version Architecture possède des bibliothèques de mobilier Knoll Studio dessinées par Mies, Breuer, Saarinen ou Gehry, des bibliothèques de symboles que les utilisateurs peuvent modifier et étendre.

Il gère l’importation et l’exportation en .3DS, le format ­natif de 3DS Max d’Autocad, ce qui lui ouvre un large vivier de bibliothèques de diverses marques de produits industriels. La version 12, commercialisée depuis février 2006, est compatible avec AutoCad 2006.

Il existe également une version Landmark pour l’aménagement de jardins et espaces verts, ainsi que Spotlight pour la conception et la gestion des éclairages.

VectorWorks standard, architecture et Landmark sont disponibles en français, grâce à Cesyam, leur traducteur-­adaptateur-­éditeur français. Spotlight n’est disponible qu’en anglais, ­directement dans la version de ­Nemetschek.

VectorWorks 12 crée automatiquement des coupes à partir d’un modèle 3D. Ces sections sont dynamiques et suivent les modifications apportées au ­modèle. Les sections sont définies par leur plan de coupe, qui peut être en baïonnette et redéfini à tout moment.